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27/01/2016

TEXTES DIFFUSÉS PAR DES MEMBRES DU FOR LORS DE LA FÊTE DE LO EN 1990

[Textes diffusés par des membres du FOR lors de la fête de Lutte Ouvrière en 1990, qui auraient dû être publiés dans « L’arme de la critique » avant que celui-ci ne cesse d'exister publiquement. Il s'agit d'une compilation de textes polémiques bien antérieurs à la date de sa diffusion, ne revêtant d'ailleurs qu’un intérêt tout relatif au vu d’une absence critique de la part du FOR … ]

Texte du N°1 de "MARXIST WORKERS"
Organe du Marxist Workers Comettee.

·         LA FAILLITE DU MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL..

Le plus important, la tâche la plus urgente au regard du Marxisme aujourd'hui est de comprendre la faillite du mouvement communiste mondial et les causes de cette faillite. Comme nous l'affirmions en 1968: "La reconnaissance du fait que la classe ouvrière mondiale a subi une sérieuse défaite sur une vaste échelle représente l'indispensable prémices à partir de laquelle le regroupement révolutionnaire à l'intérieur de la classe peut être poursuivi". (Vanguard, Dec 1968- Janv. 1969).

Aujourd'hui le mensonge opportuniste des révisionnistes modernes de Moscou et de Pékin fait prendre conscience à de plus en plus d'ouvriers que le mouvement communiste s'est effondré, mais beaucoup sont toujours dans l'illusion que c'est un événement récent. Beaucoup de gens honnêtes pensent que la sort de la révolution communiste datait de la dénonciation de Staline par Nikita Khrouchtchev ou de la chute de Lin Piao ou de la mort de Mao-Tse-Toung, etc... Tant que ces illusions persistent, même si on résout la question de quand et par qui la classe ouvrière a été trahie, les véritables causes de la victoire de l'opportunisme resteront des mystères insondables.
C'est pour ces raisons que nous présentons ici une récapitulation de nos positions sur la faillite du mouvement communiste et ses conséquences. Dans les parutions à venir de Marxist Worker, nous examinerons chacune de ces questions essentielles dans des articles séparés.

La victoire de l'opportunisme à l'intérieur du Parti Communiste Soviétique, correspond à la période de maladie et mort de Lénine en Janvier 1924 (sclérose cérébrale). Il est important de noter que le rôle dirigeant de Lénine à l'intérieur du Parti et de l'état Soviétique prît fin à la suite de la première attaque (cérébrale) en Mai 1922. Dans les brèves périodes où Lénine était en mesure de travailler politiquement, son rôle était le plus souvent limité à des commentaires écrits de "quelques lignes". Il subit une deuxième attaque en Décembre 1922 puis une troisième en Mars 1924, laquelle ne laissera aucun espoir de guérison.

La ligne politique et l'action suivies par le Parti Communiste et l'état Soviétique après sa mort constituent un renversement complet des principes Marxistes. De son vivant, Lénine s'est battu sur des questions aussi cruciales que la guerre impérialiste, l'internationalisme prolétarien, la question nationale et coloniale, la composition du parti et de l'appareil d'état Soviétique, etc...Cette période marquera la fin de l'état ouvrier Soviétique et la restauration de ,1a dictature de la bourgeoisie "derrière une façade "socialiste".

Un des plus important (et des plus évident) renversement de la politique de Lénine immédiatement après sa mort concerne l'adhésion au Parti Communiste Soviétique. Dans de nombreux articles et discours, Lénine avait réitéré l'importance de limiter l'adhésion au parti aux seuls ouvriers les plus conscients, de réduire le nombre d'adhérents en expulsant les carriéristes et les éléments petit- bourgeois et en stoppant l'afflux de tels éléments, en imposant des conditions de mise à l'essai rigoureuses ,etc..(Lettre de Lénine à Molotov. Œuvres compl. T33 pages 259-261).

Tous les avertissements de Lénine firent cyniquement repoussés après sa mort l'organisation d'une campagne d'inscription massive ("la promotion Lénine") qui apporta 240000 nouveaux membres au parti dans les trois mois qui suivirent sa mort. Au 1er Avril 1924, le nombre d'adhérents a presque doublé depuis l'année précédente. Comme Lénine l'avait prévu, cet afflux d'éléments carriéristes et petits bourgeois aida à détruire le caractère prolétarien du parti et rendit possible la rapide transformation de l'état ouvrier en état bourgeois.
Lénine était bien conscient qu'une telle transformation était possible à cause des faiblesses de la récente dictature du prolétariat, de son isolement international, et il le savait  parce que la majeure partie de l'appareil d'état Soviétique était en réalité un vieil appareil bourgeois Tsariste. En Dec. 1922 il décrivait l’état Soviétique comme :"le même appareil Russe lequel, comme je le dirais dans  une des précédentes sections de mon journal, prend la relève du Tsarisme"," Cet appareil que nous appelons le nôtre nous est en réalité complètement étranger, c’est un fatras bourgeois et Tsariste et il n'y avait pas de possibilité de s'en débarrasser dans le cours des cinq dernières années".

Dans son rapport politique au 2eme congrès du Parti Soviétique le 27 Mars 1922 (le dernier congrès auquel il participa), Lénine débattait de l'attitude d'un groupe de bourgeois Russes à l'égard de l'état Soviétique :

"C'est ainsi que la question a été posée par les gens de la "Smiéna Viekh", ils représentent, comme vous le savez, un courant qui a pris racine parmi les immigrés Russes à l'étranger,  ...des hommes ayant acquis la conviction que le pouvoir des Soviets bâtit l'état Russe et qu'il faut par conséquent le suivre..."

"Vous recevez un numéro de la Smiéna Viekh qui dit sans détour: "chez vous, il n'est pas du tout ainsi, ce sont des idées que vous vous faites; en réalité vous roulez dans le «tarais bourgeois ordinaire où les petits drapeaux communistes s'agiterons avec toutes sortes de belles paroles"       
"Je suis pour le soutien du pouvoir des Soviets en Russie, dit Ustrialov,-bien qu'il soit un cadet, un bourgeois bien qu'il ait soutenu l'intervention armée, je suis pour le soutien du pouvoir des Soviets, parce qu'il s'est engagé dans une voie où il roule vers le pouvoir bourgeois ordinaire.»...
..."Ces francs ennemis sont utiles, disons-le carrément. Les choses dont parle Oustrialov sont possibles, disons-le sans ambages. L'histoire connait des transformations de tous genres: en politique, compter sur la conviction, le dévouement et autres excellentes qualités morales, n'est guère sérieux"...
"Il y a eu beaucoup d'exemples semblables. Aussi faut-il saluer cette franche déclaration de la Smiéna Viekh. L'ennemi dit une vérité de classe en signalant le danger que nous courions. L'ennemi voudrait que cela devînt inévitable. Les gens de la Smiéna Viekh expriment l'état d'esprit de milliers et de dizaines de milliers de bourgeois de tout acabit ou d'employés soviétiques participant à notre nouvelle politique économique (N.E.P). est le danger essentiel et réel".(Œuvres  Complètes T33 pages 291-292).


LE TROTSKYSME - L'OPPOSITION LOYALE

Le fameux combat entre Staline, Trotsky, Zinoviev, Boukharine, etc...pour le contrôle du Parti Communiste Soviétique-était principalement une dispute pour savoir quelle tendance opportuniste dirigerait la machine d'état soviétique pour la bourgeoisie russe. Loin d'être un opposant révolutionnaire au révisionnisme soviétique, Trotsky et la tendance Trotskyste demeurèrent l'opposition loyale de Staline et Cie, refusant d'admettre le rétablissement du capitalisme en Union Soviétique. Depuis, les principaux groupes Trotskystes entretiennent toujours le mythe que l'Union Soviétique est socialiste ("avec l'état ouvrier dégénéré").

LA 2eme GUERRE IMPERIALISTE MONDIALE

La trahison de La classe ouvrière par la direction Soviétique et l'Internationale Communiste se concrétisa pleinement pendant la période de la 2eme guerre mondiale. Tous les principes Marxistes que Lénine avait défendu* pendant la 1ere guerre mondiale furent rejeté. La 2eme guerre mondiale fut à peu près une exacte répétition historique de la 1ère. Ce n'était rien .d'autre qu'un pillage, un conflit impérialiste; une lutte entre deux groupes de " grandes puissances" pour le repartage du monde. En Europe les impérialistes Allemands et Italiens de l'AXE combattirent les impérialistes Anglais, Français, Américain et Russe de l'ALLIANCE pour déterminer qui dominerait l'Europe et se taillerait la part du lion pour décider lequel des Impérialistes Japonais ou Américain aurait la main libre pour piller les nations coloniales du Bassin Pacifique.
Les germes de la 2eme guerre mondiale impérialistes étaient contenus dans le traité de Versailles qui marqua la fin de la 1ère guerre impérialiste. Prenant conscience de la nécessité d'utiliser les conflits inter-impérialistes pour empêcher une nouvelle attaque de l'état ouvrier, le Parti Soviétique avait, des 1920, défini une ligne précise au sujet de la perspective de nouvelles guerres impérialistes et sur le rôle de l'état Soviétique.

Dans un discours à l'assemblée des militants actifs du Parti en Déc. 1920 Lénine expliquait comment l'Union Soviétique avait l'intention d'utiliser les conflits inter-impérialistes :
 "Il existe une énorme littérature consacrée à la question de la future guerre nippo-américaine. Que cette guerre se prépare, qu’elle soit inévitable on ne peut en douter...Hais pouvons-nous en l'occurrence rester indifférent et nous borner à dire, en notre qualité de communistes, que "nous ferons de la propagande communiste dans ces pays"? C'est juste mais ce n'est pas tout. La tâche pratique de la politique communiste est de mettre i profit ce conflit, en les dressant l'un contre l'autre. Ici intervient une situation nouvelle. Prenez ces deux pays impérialistes, le Japon et l'Amérique, ils veulent se battre et se battront pour s'assurer la primauté dans le monde, pour le droit de piller. Le Japon fera la guerre pour pouvoir continuer à piller la Corée, qu'il met en coupe réglée avec une férocité inouïe, combinant les dernières conquêtes de la technique et les tortures purement Asiatiques...

Ils allient toutes les méthodes du Tsarisme, les derniers perfectionnements de technique, à un système purement Asiatique de tortures, à une férocité sans nom. Mais les Américains veulent leur arracher ce morceau de choix qu'est la Corée. Certes dans une telle guerre, la "défense de la patrie" serait le plus grand crime, la trahison du socialisme. Bien sûr, soutenir l'un des pays contre l'autre serait un crime centre le communisme; mais nous, communistes, nous devons utiliser l'un des pays contre l'autre. Est-ce que nous commettrions là un crime contre le communisme? Non, parce que nous le faisons en tant qu'état socialiste qui fait de la propagande communiste et qui est obligé de mettre à profit chaque heure que lui accordent les circonstances pour se renforcer le plus rapidement possible... (Page 461-462). S'il vous plait (Japonais), battez l'Amérique, nous n'y ferons pas d'objection", (page 461).
"Si les puissances impérialistes s'étaient trouvés en guerre, cette circonstance eût encore davantage contribué i nous sauver. Du moment que nous sommes obligés d'endurer des coquins tels que les valeurs capitalistes dont chacun affûte son couteau contre nous, notre premier devoir est de retourner ces couteaux  l'un contre l'autre. Quand deux larrons se battent les honnêtes gens y gagnent..." (Page 466).

"Je vous ai montré l'un des antagonismes impérialistes que nous devons mettre à profit: celui qui existe entre le Japon et l'Amérique; il y en a un second, entre l'Amérique et le reste du monde capitaliste..." (Page 466). "Et il y en a un troisième: entre l'Entente et l'Allemagne... Tout ce qui augmente l'antagonisme entre l'Amérique et le reste de 1'Entente ou entre l'Entente et l'Allemagne devrait être utilisé par nous...Nous devons aussi monter l'Amérique contre le Japon, l'Entente entière centre l'Amérique et l'Allemagne contre 1'Entente." (T31 pages 467-468).

On peut à peine exiger une déclaration plus nette des responsabilités d'un état socialiste et de l'approche tactique des conflits et guerres impérialistes. Soutenir un de ces pays contre les autres serait un crime haineux, une trahison du socialisme". "Nous, communistes, nous devons utiliser l'un des pays contre l'autre?

Il n'y a pas d’évidence aussi flagrante du rétablissement du pouvoir bourgeois en URSS que son rôle dans la 2cme guerre mondiale. L'état soviétique qui abandonna tous les vestiges d'internationalisme prolétarien longtemps avant que la guerre n'éclata et manœuvra pour une position favorable en vue du futur repartage du tonde. En 1934, l'URSS devint membre de la tristement célèbre Ligue des Nations; en 1935 elle s'unit avec l'impérialisme français dans un traité «d’assistance mutuelle: en cas d'agression". Au mène moment elle conclut un accord avec la Tchécoslovaquie, .s'engageant avec la France à "venir en aide" à la bourgeoisie Tchèque en cas de guerre. Tous ces traités étaient, bien sûr, seulement le début des manœuvres. Quand les combats commencèrent sérieusement, l'impérialisme soviétique devint un partenaire à part entière des bourgeoisies anglaises, françaises et américaines dans l'Alliance des Nations Unies.

A La fin de la guerre, quand les impérialistes vainqueurs se rencontrèrent à Yalta, Potsdam, Téhéran, etc..., pour se répartir le butin, les impérialistes soviétiques prirent une "grande part", comprenant la majeure partie de l'Europe de l'EST et la moitié nord de la Corée.




·         FASCISME ET REVISIONNISME

La théorie du fascisme lancée par les révisionnistes modernes au 7ème Congrès Mondial de l'Internationale Communiste (1935) était élaborée pour servir deux fonctions: elle dissimula la trahison complète des principes marxistes par le Parti Soviétique et simultanément elle fournit un raisonnement pour l'alliance de l'URSS
avec un groupe impérialiste dans la guerre à venir. Dans le but de rejeter comme hors de propos tout ce qu'avait écrit Lénine sur la guerre impérialiste et l'internationalisme prolétarien, les théoriciens révisionnistes avaient besoin de créer l'illusion qu'il y avait quelque chose de fondamentalement différent dans ce conflit impérialiste. Parce que l'URSS était alliée au groupe impérialiste des démocraties occidentales (anglo-franco-américaines) contre l'Axe impérialiste, le fascisme était désigné comme "l'élément unique" qui transformait ce conflit impérialiste en authentique guerre pour la paix et la démocratie.

En 1935 le fascisme n'était pas un phénomène nouveau. Benito Mussolini avait organisé ses premiers groupes fascistes en 1919. Les combats de rue entre les ouvriers communistes et les fascistes eu Italie ont duré plus ou moins continuellement depuis Fré. 1921 jusqu'à la "marche sur Rome" de Mussolini et la prise du pouvoir en Oct. 1922. Dans une lettre aux communistes allemands en Août 1921, Lénine cita une résolution de l'Internationale Communiste appelant le Parti Italien à combattre "sans relâche la politique du Sénatisme et en même temps...de se lier aux masses prolétariennes dans les syndicats, pendant les grèves, les batailles contre les organisations fascistes contre-révolutionnaires...". (T32 page 554-555).
Dans son discours au 4ème Congrès de 1' Internationale en Nov. 1922 (juste après que Mussolini arriva au pouvoir) Lénine notait: "Les fascistes en Italie peuvent, par exemple, nous rentre un grand service en montrant aux Italiens qu'ils ne sont pas encore suffisamment conscients et que leur pays n'est pas encore garanti contre les "Cent Noirs". (Œuvres choisies T3 page 864).

Du point de vue du marxisme, le fascisme était une manifestation particulière de la réaction impérialiste. Quand la bourgeoisie, effrayée par la classe ouvrière révolutionnaire, ne peut plus dominer longtemps à la vieille manière démocratique, la forme étatique de la domination bourgeoise se transforme en dictature terroriste. Sous n'importe quelle forme, dictature fasciste ou démocratique, la classe qui dominait était le capital financier.

Jusqu'aux manœuvres diplomatiques précédant la 2ème guerre mondiale, les révisionnistes soviétiques n'avaient aucune raison de falsifier la définition marxiste du fascisme. Jusqu'à 1928, le programme du 6ème Congrès de l'Internationale Communiste définissait le fascisme comme:
"La dictature terroriste du grand capital. La bourgeoisie recourt soit à la méthode du fascisme soit à la coalition avec la Social Démocratie, suivant les changements de la situation politique...".
En 1933 la nouvelle guerre se préparait. L'année suivante l'URSS voulait rendre officielle son alliance avec les impérialistes anglo-américano-français en rejoignant la Ligue des Nations. C'était la raison pour laquelle le 13ème Plénum de l'Internationale Communiste (Déc. 33) changea la définition du fascisme:
 "Le fascisme au pouvoir est la dictature terroriste ouverte des éléments du capital financier les plus réactionnaires, les plus chauvins et impérialistes".
Avec cette théorie mensongère les états impérialistes pouvaient être divisés entre ceux dirigés par " les éléments démocratiques du capital financier" et ceux dirigés par "les éléments les plus réactionnaires". Le fascisme était maintenant considéré non pas comme une forme d'état, mais comme un système social différent du capitalisme "démocratique". Le livre "fascisme et révolution sociale" écrit par le révisionniste anglais R.Palme Dulte sort  à ce moment. Le fascisme écrivait-il, "est le remplacement du capitalisme libéral par une caste ou système d'esclavage légal" conduisant an "barbarisme et au retour des temps noirs?, (des Cent-Noirs) (pages 245 et 308),

Cette théorie qui était une négation complète du matérialisme historique devint le prétexte pour abandonner tous les principes marxistes sur la guerre impérialiste. Au lieu de "transformer la guerre impérialiste en guerre civile", les partis communistes dans les pays.impérialistes alliés à l'URSS, unis dans les coalitions de front uni avec les partis bourgeois, imposèrent la politique de non-grève dans les syndicats et firent tout leur possible pour embrigader les travailleurs en vue du massacre impérialiste de la 2ème guerre mondiale, comme les opportunistes de la 2ème Internationale l'avait fait lors de la 1ère guerre mondiale.



·         LA REVOLUTION BOURGEOISE EN CHINE.

La République Populaire de Chine est, depuis sa création en 1949, un état de la bourgeoisie chinoise dans lequel le capitalisme d'état est la forme économique principale. Le Parti Communiste Chinois est un instrument du capital chinois-jamais le prolétariat chinois ne s'est emparé du pouvoir d'état en Chine. La révolution qui culmina en 1949-53 représentait l'achèvement de la révolution bourgeoise commencée par le KAOMINTANG sous la direction de Sun Yat-Sen en 1911. Aujourd'hui la Chine est l'une des trois principales puissances impérialistes du monde, juste derrière les USA et l'URSS.
L'analyse de la révolution chinoise doit commencer par la révolution de 1911 qui donna naissance à la république Chinoise. En 1912 Lénine affirmait:
 " Qu’en, Asie il y a encore une bourgeoisie capable de représenter' une démocratie conséquente, sincère et militante, une bourgeoisie qui est la digne compagne des grands prédicateurs et des grands hunes d'action de la fin du XVIIIème siècle français. Le principal représentant étai social de cette bourgeoisie asiatique encore capable d'une tâche historiquement progressiste, c'est le paysan. Près de lui existe déjà une bourgeoisie libérale, dont les dirigeants...trahiront les démocrates". (Lénine. Œuvres complètes. Tl8 page 164).

"Le Parti National (KUOMINTANG) s'appuie essentiellement sur les masses paysannes. Ses chefs sont des intellectuels qui ont fait des études à l'étranger...Las paysans qui ne sont dirigés par le Parti du prolétariat sauront-ils maintenir leur position démocratique contre les libéraux qui n'attendent que le moment propice pour passer à droite? C'est ce que nous saurons dans un proche avenir". (Lénine œuvres compl. Tl8 page 412).
Analysant le programme révolutionnaire de Sun Yat-Sen, Lénine le décrivait comme "populiste chinois":
 "Là est l'essence du populisme de Sun Yat-Sen, de son programme progressiste, militant et révolutionnaire de transformations agraires bourgeoisies démocratiques et de sa théorie prétendument socialiste. "Cette théorie, si on la considère du point de vue de la doctrine, est celle d'un petit bourgeois réactionnaire. Car c'est un rêve parfaitement réactionnaire que de vouloir "prévenir" le capitalisme en Chine, que de croire qu'une "révolution sociale" serait plus facile en Chine du fait de son retard, etc...

"La dialectique des relations sociales de la Chine consiste justement en ceci que les démocrates chinois, sympathisant très sincèrement avec le socialisme d'Europe, l'ont transformé en une théorie réactionnaire, et que sur la base de cette théorie réactionnaire de 'prévenir' le capitalisme, ils appliquent un programme agraire purement capitaliste, on ne peut plus capitaliste!".

Expliquant la signification du programme de Sun Yat-Sen sur la nationalisation de la terre, Lénine poursuit:
"La nationalisation de la terre donne la possibilité d'anéantir la rente absolue et de ne laisser subsister que la rente différentielle. Elimination maxima dos monopoles moyenâgeux et des rapports moyenâgeux dans l'agriculture, liberté maxima dans la circulation marchande de la terre, facilitée d'adaptation maxima de l'agriculture au marché, voilà ce qu'est la nationalisation de la terre d'après la doctrine de Marx. L'ironie de l'histoire veut que le populisme, au non de la “lutte contre le capitalisme" dans l'agriculture, applique un tel programme agraire, dont la complète réalisation marquerait le développement le plus rapide du capitalisme, dans l'agriculture.

Quelle est la nécessité économique qui a provoqué dans un des pays agricoles les plus arriérés de l'Asie, le développement des programmes bourgeois démocratiques les plus progressistes en ce qui concerne la terre? C'est celle de détruire le féodalisme...
Plus la Chine ne prenait du retard sur l'Europe et le Japon, plus le fractionnement et la désagrégation nationale la menaçaient. Seul pouvait la "rénover" l'héroïsme des masses populaires révolutionnaires, un héroïsme capable, dans le domaine politique, de créer une république chinoise, et dans le domaine agraire de garait, tir, au moyen de la nationalisation de la terre, le progrès capitaliste le plus rapide.
Ceci réussira-t-il et dans quelle mesure, c'est là une autre question". (Lénine. Œuvres compl. T18 pages 166-168).
Ces lots prophétiques de Lénine nous donnent la clef pour comprendre l'histoire de la révolution chinoise. Ce que la bourgeoisie chinoise fut incapable d'accomplir en 1911 sous la bannière du "socialisme" populiste du Dr Sun Yat-Sen, elle l'acheva en 49/53 sous la bannière du "socialisme" révisionniste de Mao Tsé Toung.

Alors que le mouvement communiste mondial s'effondrait, les tactiques révolutionnaires concernant le monde colonial avancées par Lénine (au 2èae Congrès de l'I.C en 1920) furent rapidement abandonnées. Le Parti Communiste Chinois nouvellement constitué fusionna avec le Kuomintang de Sun Yat-Sen, violant ouvertement les avertissements de Lénine:" Les communistes doivent s'allier temporairement avec la démocratie bourgeoise dans les pays arriérés et coloniaux, mais ne doivent pas s'unir et doivent en toutes circonstances maintenir l'indépendance du mouvement prolétarien même embryonnaire".

Cette politique opportuniste de la direction ''du P.C.C. “ fut paye du sang des ouvriers chinois en Avril 1927 quand le Kuomintang, sous la direction de Chang-Xai-Shek. déclencha une féroce terreur blanche qui décima des centaines d'ouvriers communistes à Shanghai, Canton et les autres villes contrôlées par le Kuomintang.

·         LE REVISIONNISME POPULISTE DE MAO-TSE-TOUNG

Mao fut l'un des leaders opportunistes du P.C.C. qui avait un poste à la fois dans l'appareil du parti Kuomintang et dans le gouvernement nationaliste. Bien qu'étant un personnage politique secondaire dans les années 20, ce fut Mao qui acheva le processus de fusion du "Marxisme" révisionniste avec les théories populistes de Sun Yat-Sen. Expliquant sa théorie de révolution de démocratie nouvelle en 1934, Hao affirmait: "la révolution de démocratie nouvelle est, pour l'essentiel, conforme à la révolution selon les trois principes du peuple préconisée par Sun Yat-Sen en 1924". (Mao; Œuvres choisies T1 page 349).

Il est important de comprendre qu'après le bain de sang de 1927, le P.C.C. s'est transformé d'un parti ouvrier dirigé par des opportunistes petit-bourgeois en parti de paysans et d'intellectuels avec un nombre insignifiant d'ouvriers. En 1927 les sièges du parti étaient pour plus de la moitié ouvrière; en 1930 ils représentaient seulement 2%.
Mais ce parti de petit bourgeois ruraux s'était seulement parfaitement adapté aux théories révisionnistes populistes de Mao. En réalité, aucun autre parti ne pouvait réellement adopter la  stratégie qu'il dépeint dans son manuel "la révolution chinoise et le Parti Communiste Chinois" écrit  en 1939.
"Elles (les bases révolutionnaires) doivent faire de la campagne arriérée une base solide qui Soit l'avant-garde du progrès, un vaste bastion révolutionnaire, politique, économique et culturel de la révolution, à partir duquel il leur sera possible de combattre leur ennemi mortel qui utilise les villes pour attaquer les régions rurales...la révolution Chinoise peut triompher d'abord dans les campagnes..."
"D'ailleurs, le but final de la révolution est de conquérir les villes, bases principales de l'ennemi!..." (Œuvres choisies T2 pages 337-338).

Ici, les conceptions théoriques de Mao révèlent la contradiction entre le contenu bourgeois révolutionnaire et leur forme et terminologie pseudo-marxiste, D'où il doit s'empresser d'expliquer dans le même paragraphe que "la révolution chinoise peut triompher d'abord dans les campagnes...parce que la lutte de la paysannerie, force principale de la révolution chinoise, est dirigée  par le parti du prolétariat, le parti communiste". (T2 page 338).
Toutefois, Mao néglige de mentionner que ce parti du prolétariat n'a pas d'ouvriers et que la classe ouvrière chinoise existe seulement dans ces villes qui  sont  la "bases principales de l'ennemi".


Plus loin, Mao révèle la véritable nature de la direction des paysans chinois:
"...La plupart des intellectuels ...possèdent un sens politique aigu et souvent ils jouent le rôle d'avant-garde et servent de pont dans l'étape actuelle de la révolution..." (T2 page343).

De cette considération, il s'ensuit que la composition de classe de la révolution chinoise de 1939 est essentiellement la même qu'en 1911-ce n'était pas les Tiers qui dirigeaient la paysannerie, c'était les intellectuels.
La révolution chinoise se développera militairement le long des lignes qu’avait formées en 1939. Les années de paysans révolutionnaires dirigés par le .P.C.C. "encerclèrent les villes" qui ne furent vaincues qu'à la fin (48-49). Elles ont vaincues non pas par les insurrections prolétariennes, nais par l'armée paysanne. Pékin tomba dans les mains de l'armée rouge en 1949. Six mois plus tard décrivait le nouveau pouvoir d'état en Chine dans sa déclaration" sur la dictature démocratique du peuple".

"Qui sont le peuple? Au stade actuel, en Chine, c'est la classe ouvrière, la classe paysanne, la petite bourgeoisie et la bourgeoisie nationale. Sous la direction de la classe ouvrière et des communistes, ces classes s'unissent pour former leur propre état et élisent leur propre gouvernement..."

S'il y avait un doute sur ce que Mao entendait par le terre "bourgeoisie nationale", il fut dissipe par sa résolution au bureau politique du P.C.C en 1951, la 11e affirmait:
"Il est nécessaire d'unir les intellectuels, les industriels et les hommes d'affaires...sur la base de la lutte contre l'impérialisme et le féodalisme..."

Ici, la contradiction entre, le caractère bourgeois de la révolution chinoise le pseudo-vernis marxiste derrière lequel elle fut dissimulé par le P.C.C., saute yeux. Une dictature conjuguée de la classe ouvrière chinoise et des capitalistes Chinois, des exploités et des exploiteurs, est Simplement une impossibilité sociale historique. Cependant Mao ne fut pas le 1er opportuniste à suggérer une telle possibilité. En 1919, les Kautskystes allemands faisaient précisément cette même, gestion à laquelle Lénine répondait:
"Réconcilier, unir la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat! Quelle simplicité! Quelle brillante idée philistine!
"Le seul dommage est que ce fut essayé en Russie sous Kerensky, par l'unité des mencheviks et des socialistes révolutionnaires, ces petits bourgeois démocrates qui s'imaginaient socialistes.
"...A chaque moment crucial, dans tous les conflits de classe sérieux, l'alternative est soit la dictature de la bourgeoisie soit la dictature du prolétariat..." (Lénine .Conférence Ouvrière Internationale et le Mouvement Communiste).
Les communistes chinois, comme les Socialistes Révolutionnaires Russes étaient plein des démocrates petit-bourgeois qui s’imaginaient être socialistes" et 1a République Populaire de Chine, comme tous les états bourgeois, prétend représenter le "peuple tout entier".
Avant la victoire de 1949, Mao avait admis:
"Certains membres du Parti qui manquent de maturité politique pensent...que la révolution actuelle où la révolution agraire est déjà une révolution socialiste. Il faut dénoncer vigoureusement l'erreur de ces conceptions". (Mao. Œuvres Choisies T2 page 352).

De plus, il reconnaît qu' "il faut évidemment s'attendre, et cela n'a rien de surprenant, à un certain développement de l'économie capitaliste dans la société chinoise après la victoire de la révolution, car celle-ci aura supprimé les obstacles qui empêchent le capitalisme de se développer". (T2 page 351).


Toutefois, ces déclarations véridiques furent entrelacées avec les contes de fée nécessaires sur le socialisme: "Il est hautement probable que la révolution démocratique bourgeoise réussira finalement i. écarter la Chine de la voie capitaliste et lui assurera un avenir socialiste". (T2page352).
En 1955 Mao affirmait que l'état :
 " de démocratie nouvelle" devrait, dans une période de 15ans, "construire une société socialiste en Chine". Simultanément, l'état chinois "populaire" devrait se transformer lui-même en dictature du prolétariat.
En réalité, Mao et la bourgeoisie chinoise appliquait le programme de Sun Yat-Sen pour le développement de l'industrie chinoise par la combinaison du capital privé et d'état. Sun Yat-Sen avait son plan de "contrôle du capital" dans le manifeste du 1er Congrès National du Kuomintang dans ces termes.
"Toute entreprise, appartenant aux chinois ou aux étrangers, qui a un caractère monopoliste ou dépasse par son envergure, les possibilités d'un particulier, comme les banques, les chemins de fer et les transports aériens, doit être administrée par l'état,...tel est le sens fondamental du contrôle du capital". (Cité par Mao. T2 page 350).

Utilisant à la fois le capital privé et d'état, mais comptant davantage sur le capital d'état, la bourgeoisie chinoise a suivi le pas historique des bourgeoisies, européennes et américaines. Après avoir consolidé son économie et son pouvoir dans les frontières de la Chine, elle s'est transformée en puissance impérialiste mondiale.
Les récents événements d'Asie font prendre conscience à beaucoup d'ouvriers que la Chine n'est pas "la terre du socialisme" qu'elle prétend être. Ce qui n'est pas encore compris c'est que les récents événements sont l1aboutissemeit logique du plein essor de la Révolution bourgeoise en Chine.


  • NOS TACHES

Nous avons présenté ici, sous forces sommaires, les traits les plus importants dans l'histoire de la faillite du Mouvement Communiste Mondial. Dans les prochains numéros de Marxist Worker, nous reviendrons sur chacune de ces périodes pour montrer comment la victoire de l'opportunisme, une fois qu'elle fut totale dans le Parti Soviétique et la IIIème I.C., a pris différentes formes selon les traditions historiques.
Le mouvement communiste mondial représente l'aile gauche de l'appareil politique de la bourgeoisie mondiale. Ceci est également vrai pour ces mouvements qui trouvent leur mecque a Pékin (ou à Tirana) ct ceux qui prient Moscou (ou les revenants de Trotsky). Nous montrerons comment cela s'est manifesté pendant la période d'après la IIème guerre mondiale, dans des phénomènes aussi divers que la création des •Républiques Populaires" de l'Est Européen (colonies néo-soviétiques) le mouvement pour la "Paix et le Désarmement" des années 50, les soi-disant "Front de Libération Nationale" en Asie, en Afrique et en Amérique Latine, le mouvement pour la "paix au Vietnam" et les "révoltes étudiants" des années 60. C'est seulement sur la base de la compréhension approfondie de comment la contre-révolution se dissimule derrière des slogans et des mouvements "socialistes" et "révolutionnaires" que peut commencer le regroupement et la reconstruction d'un véritable mouvement prolétarien.

Organe du Marxist Workers Comettee.

"ALARM" A PROPOS DE TROTSKY.

"P.O. Box 40" sera une parution régulière de MARXIST WORKERS dans laquelle nous publierons des lettres émanant d'individus et d'organisations avec notre réponse. Les noms ne seront pas imprimés sauf sur demande spéciale.
Un commentaire d'ALARM  à MARXIST WORKER sur TROTSKY.

Une première lecture de "MARXIST WORKER" laisse supposer un large éventail d'accords entre les camarades de "MARXIST WORKER" et la tendance représentée par NO NEWS/AMIGOS DE "ALARMA" (récemment rebaptisé FOCUS) aux U.S.A. et FORENTO - OBRERO REVOLUTIONAKA/ FERMENT OUVRIER REVOLUTIONNAIRE en Europe. Ces deux tendances considèrent l'URSS ,1a Chine, et leurs colonies comme " capitalistes d'état" et impérialistes, et, apparemment, tous deux sont d'accord sur le caractère complètement réactionnaire des syndicats. A notre avis ces deux points d'accords suffisent pour maintenir une certaine forme de contact et si possible, effectuer un travail commun. Nous pensons qu'une lecture d'ALARM et d'autres documents par les camarades de "MARXIST WORKER" les convaincra. Toutefois, même à la première lecture, il est évident que des divergences considérables existent aussi entre les deux groupes et doivent être surmontées le plus tôt possible.

Ces différences sont du domaine de l'analyse et de l'appréciation du régime Bolchévik après Lénine. Dans ce domaine, dans un sens, la question de Trotsky y est subordonnée.

"Marxist Worker" semble adopter la position corne quoi le pouvoir prolétarien n'existait pas après la mort de Lénine, et par conséquent analyse la contre-révolution Stalinienne comme un processus relativement rapide, presqu'un coup, dirigé par Staline, Boukharine, Zinoviev et Trotsky. Ainsi, "Marxist Worker" semble rejeter le parti Bolchevik en entier excepté Lénine comme contre-révolutionnaire.

Sur la question de la composition de l'Etat Soviétique et les origines de la contre-révolution Stalinienne, les deux groupes Européens et U.S de notre tendance analyse l'état Soviétique d'une manière complètement différente de "Marxist Worker". Nous voyons l'état Soviétique après Lénine non pas comme une dictature prolétarienne immédiatement renversée par une restauration bourgeoise, mais comme une dictature prolétarienne transformée en deux décennies par l'effet inexorable de son isolement économique. Pour nous, il est toujours impossible de maintenir un état ouvrier stable, encore moins de construire le socialisme dans un seul pays. Le défaut fatal pour l'Union Soviétique et son parti dirigeant ne fut pas dans la bonté ou la méchanceté de sa direction, mais dans la vaste et continuelle lutte sur le produit excédentaire limité. Nous pensons que c'est une méthode matérialiste dialectique pour aborder la question.

Cette question a bien des choses en commun avec ce que Trotsky énonçait dans la "révolution trahie". Cependant que notre tendance n'est pas "Trotskyste", nous ne sommes pas du tout d'accord avec le rejet total de Trotsky par "Marxist Workers". En premier lieu, quelques vérités sur Trotsky doivent être rétablies.

Bien que la position de Trotsky sur l'URSS dans la seconde guerre mondiale était "défensive" dans ce qu'il appelait la défense militaire contre l'agression Allemande, Trotsky lui même n'a jamais appelé à l'unité des révolutionnaires derrière les Staliniens comme une mesure défensive, et, en réalité, dans la "REVOLUTION TRAHIE", il affirmait qu'une victoire de l'URSS dans la seconde guerre mondiale, sous la direction de Staline, serait une défaite et non une victoire pour la révolution mondiale. C'est exactement ce qui s'est produit!       
De plus, "la REVOLUTION TRAHIE" qui semble ne plus être lue du tout par les Trotskystes d'aujourd'hui, fournit une des théories les plus convaincantes sur l'inévitabilité de la "restauration" du capitalisme d'état sous Staline.

Si l'on juge Trotsky par les politiques de ses épigones, le verdict serait extrêmement sévère. Les groupes Trotskystes sont, comme "Marxist Worker" le formule correctement, la branche gauchiste de la structure politique bourgeoise. Dans certains pays, en particulier en Argentine, le bilan des Trotskystes est aussi criminel que celui des Staliniens. Par contre, nous sommes conscients que le "Trotskysme" a été trahi par les "Trotskystes". Nous savons qu'un personnage comme Natalya Sédova, la compagne de Trotsky, une Bolchevique de plein droit, a rompu avec les Trotskystes en 1951, après une décennie de lutte sur la restauration du capitalisme d'état en URSS. Nous ne pensons pas que Pierre Frank ou Ernest Mendel ont une meilleure compréhension de la pensée de Trotsky que Sédova. Le traitement de Sédova par Frank .Mandel et les camarades du S.W.P représentera toujours l'une des pages les plus noires de la perfidie Trotskyste. Mais pour nous, condamner le Parti bolchévik  en entier excepté Lénine pour les trahisons des prétendus partisans de Lénine, ou condamner Trotsky pour les trahisons de ses prétendus disciples n'est rien de plus qu'accepter "en douce" la revendication de l'héritage de Trotsky ou de Lénine par un Mandel ou un Staline. Pour nous, tout comme Marx et la IIème Internationale, tout comme Lénine et Staline, Trotsky et la débâcle du Trotskysme d'après 40 ne peuvent être identifiés. Dans les trois cas c'est la même trahison par les épigones. C'est pour nous le début de toute sagesse. (S-S)


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FOCUS, LE GROUPE ORGANISE DU FOR AUX USA, QUI PUBLIE ACTUELLEMENT "THE ALARM"
NOUS A DEMANDE DE PUBLIER LA SUITE COMME UNE NOTE DE LA LETTRE CI-DESSUS...

L'objet de cette lettre est simplement de présenter une conclusion finale  sur l'URSS, étant donné qu'il n'est pas dans l'intérêt du FOR de favoriser une  mauvaise impression-de nos positions sur un sujet que nous considérons être, à bien des égards, la question déterminante pour les révolutionnaires. Jusque très récemment, les positions du FOR en Europe et celles de notre groupe aux USA sur cette question avaient tendance à s'opposer, mais la discussion a clarifié la situation et c'est dans un intérêt de précision que nous faisons cette remarque.
Notre tendance ne considère pas la Révolution Bolchévik comme une révolution sociale. Nous basons notre analyse sur une reconnaissance des “faiblesses fatales"  dans la théorie de la révolution permanente impulsée par Parvus et Trotsky et reconnue dans le feu des événements par Lénine. La conception de la révolution  démocratique en Russie contribuant à la révolution sociale en Europe de l'Ouest  était fausse. Cette erreur conduit directement à l'établissement du régime capitaliste d'état. Toutefois, cette erreur n'était pas intentionnelle. Pour nous, Lénine et Trotsky n'étaient pas des contre-révolutionnaires capitalistes d'état. Ils étaient des révolutionnaires communistes sincères, malheureusement imparfaits dans  une situation historique et économique difficile. C'est ainsi que nous identifions la contre révolution avec Staline et non pas avec Lénine et Trotsky...
(Focus l'adresse d'ALARM: P.O. Box 26481, Custom House Stat., San Francisco, Ca.94126)

LA REPONSE DE MARXIST WORKER A ALARM.

Nous considérons comme réactionnaires les actuelles directions des syndicats aux USA et au niveau international, mais pas le syndicalisme. Nous estimons que Marx avait parfaitement raison quand il écrivait en 1866 que la lutte syndicale sur la "question des salaires et des heures de travail...est non seulement légitime mais nécessaire. On ne peut y renoncer tant que le système actuel dure ".Marx-Engels Œuvres choisies T2 page 83- Tandis que la classe ouvrière donne naissance une fois de plus à un parti révolutionnaire, elle doit aussi combattre pour reprendre la tête des syndicats bourgeois actuels et les transformer en "écoles du socialisme" prolétariennes.
Nous ne sommes pas du tout d'accord avec les conceptions de votre courant comme quoi il n'y avait pas de révolution sociale en Russie. La révolution qui débuta en Octobre 1917 était, nous le pensons, le soulèvement du travail contre le capital qui établissait la DDP jusqu'en 1924. La défaite des ouvriers Russes coïncide avec la maladie et mort de Lénine (mais n'en est certainement pas la conséquence).

Nous pensons que les raisons fondamentales de la restauration du pouvoir d'état bourgeois aux environs de 1924 sont: L'arriération économique de la Russie rendait impossible de commencer à construire une économie
réellement socialiste jusqu'à ce que la classe ouvrière prenne le pouvoir dans au moins une majeure partie des nations techniquement avancée en Europe, "Ainsi, à l'étape actuelle", écrivait Lénine en 1923, "nous sommes confrontés à la question sommes nous capables de tenir avec notre petite et très petite' production paysanne, dans notre état de ruine actuelle, jusqu'à ce que les pays capitalistes de l'Ouest Européen consomment leur développement vers le socialisme?"
"Par dessus le marché, nous manquons de suffisamment de civilisation pour nous permettre de passer tout droit au socialisme, bien que nous avons la politique requise pour le faire". Œuvres choisies T3 p. ?
Les ouvriers révolutionnaires de l'Europe de l'Ouest et du centre étaient battus, notamment en Allemagne et en Hongrie.
 La plus grande partie de l'appareil d'état Soviétique était l'ancien appareil Tsariste bourgeois. En décembre 1922 Lénine décrivait l'appareil d'état Soviétique d’alors  " Ce même appareil Russe lequel, comme je le disais dans une précédentes sections de mon journal, il prend la relève du Tsarisme..."."L'appareil que nous appelons le notre nous est en réalité complètement étranger; c'est un fatras bourgeois et Tsariste, et il n'y a pas eu de possibilité de s'en débarrasser dans le cours des cinq dernières années".
Ce dernier facteur explique pourquoi il était relativement facile pour l'état Soviétique de devenir un régime capitaliste d'état.
- Nous ne "rejetons pas le Parti Bolchevik en entier EXCEPTE  LENINE comme contre-révolutionnaire". C'était un parti plein d'ouvriers révolutionnaires et un effort permanent fut fait de 1917 jusqu'en I923 pour empêcher les "apparatchiks  qui essayaient de s'y introduire dès qu'il devint le parti dirigeant. Cependant dès que Lénine mourut, la direction ouvrit les portes du parti à tous les éléments qui auparavant étaient tenus à l'écart. Cette "promotion Lénine" doubla les     effectifs du parti en l'espace de quatre mois et aida à détruire le caractère prolétarien du Parti Communiste d'Union Soviétique.

Cependant que nous ne sommes pas d'accord avec votre appréciation d'Octobre 17 il semble que vous êtes maintenant d'accord avec nous sur le fait qu'il n'y avait pas d'état ouvrier à défendre en URSS dès la fin des années 20 ou 30. Cela conduit à votre défense incongrue de Trotsky. Les socialistes qui appelèrent à la "défense de ', la patrie dans la première guerre mondiale était dénoncée à juste titre comme traitre à la classe ouvrière et comme social-impérialisme. Quand Trotsky appelait à la "défense de l'URSS" dans la 2eme guerre mondiale, une guerre entre l'impérialisme Russe (capitaliste d'état) et l'impérialisme Allemand, il se fourvoyât tout autant qu'un traître au socialisme, comme Kautsky et Staline.


V- Quelques révolutionnaires en dehors de leur désir de trouver en Trotsky un opposant de principe à Staline et compagnie, ont oublié, ou jamais considéré, sa Longue histoire d'opportunisme et ses innombrables oscillations à l'intérieur du mouvement socialiste Russe avant Octobre 1917. Comme Lénine le remarquait avec justesse en 1914: 'Je sais encore Trotsky n'a eu d'opinion arrêtée sur aucune question sérieuse du Marxisme; il a toujours eu coutume de "s'échapper par la tangente " à propos des divergences et passer d'un camp à l'autre". Lénine .Du droit des nations à disposer d'elles-mêmes. Œuvres choisies. T1 page 630. Œuvres complètes T20 page 473.
Lénine se référait à Trotsky comme un exemple de ce que les bolcheviks appellent un "transfuge de Tushino", un indécis qui oscille entre les tendances révolutionnaires et opportunistes à l'intérieur de la social-démocratie Russe. (Œuvres complètes T20 page 563 364)

Et que peut-on dire d'autres à propos d'un homme avec le dossier de Trotsky?
Il était membre de la tendance révolutionnaire de 1901 à 1903 (Vielle Istra), la quitte à la fin de 1903 pour rejoindre les Mencheviks; En 1904-1905, il les quitte pour occuper une position indécise. En 1906-1907 il se rapproche des  Bolcheviks et prend une position "non fractionniste" à partir d'Août 1912 quand il rejoint le ''bloc d'Août" avec les opportunistes (liquidateurs). Puis il s'en écarte à nouveau, mais au fond il reprend leurs misérables petites idées. (Œuvres compl. page 363 -364 T20).

Pendant la première guerre mondiale il occupait une position centriste, combinant une "défense" abstraite de l'internationalisme avec l’exigence que le véritable internationaliste de Russie s'unisse avec les tendances social-chauvines. Trotsky résumait sa propre incapacité de comprendre ou de combattre pour les principes du Marxisme révolutionnaire quand il se déclarait fièrement: "ni Bolchevik, ni  menchevik-seulement social démocrate révolutionnaire".

VI- Ce ne sont pas les épigones de Trotsky, mais lui-même qui, en 1930, ordonnait les partis Trotskystes de s'infiltrer dans les partis sociaux-démocrates de l'infâme internationale jaune.

VII Après la défaite des ouvriers Russes (1924) la question clef pour tous les révolutionnaires était (et est toujours) d'analyser cette défaite et de démasquer au prolétariat mondial la réalité du capitalisme d'état Russe caché derrière une façade socialiste. Trotsky n'a pas du tout abouti à cette analyse. Il consacra le reste de sa vie à nier que la Russie était devenue capitaliste d'état et refusait d'admettre qu'une révolution socialiste était nécessaire là bas. Dans la " REVOLUTION TRAHIE"-1937-(l'ouvrage que vous louez tant) Trotsky affirme sans équivoque "Les tentatives faites pour présenter la bureaucratie Soviétique comme une classe 'capitaliste d'état' ne résistent visiblement pas à la critique". (De la Révolution-édition de Minuit page 603). Tandis que nous rejetons la critique révisionniste Soviétique de Trotsky comme fausse, ses propres mots et actions montrent qu'il a également servi la contre révolution. Personne ne pouvait mieux démontrer la nature réelle de l'URSS et le véritable rôle de Staline et compagnie que leur "opposition loyale"-Trotsky.




LE  F.O.R. en CRISE  in “ The Alarm “ N° 10 -11/12 1980
FOCUS a quitté le FOR en 1981 en solidarité avec les membres espagnols expulsés

Nous, du FOCUS, l'organisation du FOR aux USA, ne pouvons garder plus longtemps le silence sur la crise interne qui ébranle le FOR depuis 1981. Nous publions donc la déclaration de l'Alarma de Barcelone, N°11, 1981, à propos de la scission d'une majorité des membres du FOR en Espagne. A cette déclaration nous devons ajouter quelques remarques à des fins de clarification.
Alors qu' en Espagne, en France et aux USA, une nouvelle expérience politique enseigne à des millions, la justesse du programme du FOR, le FOR lui-même est en désarroi .Le groupe en Espagne, a souffert d'une hémorragie débilitante, due premièrement à son incapacité devant les "Tejerazo" (1)  des 23 et 24 Février et deuxièmement, mais plus profondément, à la contradiction de plus en plus flagrante entre l'héritage révolutionnaire du FOR et l'esprit de coterie, le philistinisme et l'infantilisme nourri en son sein par des éléments du groupe espagnol en France, secondé par certains membres du groupe Français.
(1)    : Ndr : Le coup d'état raté du lieutenant colonel Antonio Tejero en février 1981 communément connu comme "El Tejerazo".

La situation des sections de Paris du FOR, ne pourrait être pire. Typique des groupements d'un certain âge qui rencontrent en période de réaction triomphante les problèmes de l'isolement compliqués par des années d'exil, une sclérose avancée est en train de se combiner avec l'immaturité de jeunes "militants" dont le manque d'expérience et d'éducation est évident, mais qui malheureusement forment la majorité du groupe Français et sont par conséquent libres de faire progresser leurs lubies les plus égarées.

Dans la fin des années 70, le FOR, en tant qu'organisation internationale ne manquait pas par les perspectives, et bien an contraire. Sa base théorique, et particulièrement les leçons tirées de l'expérience vécue lors de la Révolution Espagnole de 1930 à 1939 étaient solides. L'histoire avait déjà pour beaucoup d'individus définitivement discrédité le "gauchisme" des années 60, duquel le FOR et son cofondateur C.MUNIS furent les critiques les plus capables. Avec la mort de Franco et le relâchement, du contrôle de la presse en Espagne, un nouveau vigoureux et sérieux programme pour l'éducation politique était à l'ordre du jour et éminemment réalisable. Mais aucun des groupes FOR de Paris ne fut à même de commencer à diriger cette tâche. Lés espagnols exilés à Paris étaient trop vieux, trop épuisés...et les français bien trop jeunes. Et ainsi à la place de l'éducation politique se développa l'auto-satisfaction mariée à l'improvisation, les prétentions les plus creuses mêlées aux plus basses manœuvres et aux menaces. Il n'y a pas de meilleure preuve à ceci que l'édition française du journal du FOR, Alarme, qui en 12 numéros, a trouvé le moyen de se réduire en une caricature pathétique de Programme Communiste, si ce n'est de la lutte ouvrière.

L'expérience du FOCUS a été sur la plupart des points, positive, et pour le reste simplement déprimant. Nous contribuâmes au FOR "par courrier" jusqu'en 1979, quand la première d'une série de rencontres en Europe, nous conduit à la fondation de the Alarm. Leurs de notre première année de publication, 1980, tout alla relativement bien. Mais après la "conférence internationale" de Janvier 1981 à Paris (voir The Alarm, N°6 1981) le conflit était inévitable. Nous, du FOCUS, pouvions voir où menait la situation interne malsaine du FOR : un désastre pour le groupe en Espagne.

Certaines tentatives limitées pour mettre fin à la crise étaient prévisibles: sans avertissement et sans discussion, les groupes de Paris commencèrent par réclamer rien de moins que notre exclusion de l'organisation. Après des années de collaboration et d'études, notre intérêt pour l'avenir du FOR ne nous apporta rien qu'une brutale tentative d'élimination, caractérisée par des insultes, et pire, basée uniquement la rage mi-sénile, mi-infantile, inspirée par le "scandale" de nos critiques. La plus grande partie de l'année 1981, le FOCUS a été sujet d'un "embargo" par les groupes de Paris.

Nous avons pesé notre réplique à ces incidents, -qui ont été particulièrement  aggravés au vu de la situation difficile à laquelle fait maintenant face le peuple d'Espagne et qui à ce sujet nécessite un effort d'unité. Nous ne considérerons pas plus longtemps que le For International contrôlé par Paris depuis 1'après Franco puisse être sauvé. Qu'il soit un enfant mort-né est par trop évident.
Nous souhaitons insister sur le fait que nos expériences de cette année passée n'ont stimulé chez nous aucune velléité de "rejeter" les acquis du FOR antérieurs à 1978, ou le travail théorique du camarade Munis qui, malgré les insultes qu'il nous adresse aujourd'hui reste pour nous le Babeuf et le Buonarroti de notre époque. Nous sommes dans une position semblable aux camarades de Battaglia Communista qui eurent à rompre avec Bordiga au début des années 50 afin de protéger le contenu révolutionnaire du passé de Bordiga, après que Bordiga lui-même succomba à une autre nouvelle génération d'ânes néo-léninistes.
Nous ferons progresser la bannière du FOR avec-ou sans l'approbation "officielle " de Munis, en aidant ces camarades en Espagne et en France qui ont déjà montré leur répugnance à partager les frénésies des épigones de Munis.
Nous publierons un compte-rendu détaillé et une analyse de ces expériences en 1982.



Tract  de L'ACKP,  REVUE "KOHPOL", MAI 1981.

CE QUI NOUS DISTINGUE...

“L’EMANCIPATION DES TRAVAILLEURS SERA L'OEUVRE DES TRAVAILLEURS EUX-MEMES."

La revue KOMPOL est l'organe politique de l'ACKP (AUTONOMEN GRUPPE KOMMUISCHE POLITIK). L'ACKP s'est formé à partir de la fusion de plusieurs cercles de clarification ou de discussion. Le but de l'ACKP est de contribuer activement à l’établissement du mouvement ouvrier révolutionnaire.

Les défaites de distension historique jusqu'à la 2° guerre mondiale et l'atomisions du mouvement ouvrier dans la période de reconstruction après 45, rend impossible de partir d'un programme tout fait. Le prolétariat a disparu en tant facteur autonome, de la scène historique du monde. Les luttes de classe qui apparaissent  face à la crise de l'impérialisme qui va en s'aggravant, suivant lois- et qui doivent nécessairement aller en s'élargissant et en se radicalisant : caractérisées par l'annihilation de la continuité révolutionnaire organisée d’un point de vu marxiste. Le prolétariat ne peut opposer sa solution révolutionnaire à la prescrive barbare capitaliste (guerre impérialiste, holocauste), que s'il réussit à créer, dans les luttes de classe à venir, une direction révolutionnaire.

Face à l'absence de cette direction révolutionnaire, capable de mener à bien intérêts généraux du prolétariat contre les limitations nationalistes, catégorielles, sectorielles, et locales inévitables, dans les luttes de classe qui commencent à exploser, il faut lutter avec intransigeance pour ressusciter une le direction. La pré-condition pour cela est l'examen complet et sans concessions défaites du passé. C'est seulement en partant d'un bilan rigoureux des erreurs souvent révolutionnaire de ce siècle, qu'il sera possible de surmonter l'état   de la classe ouvrière. La tâche que s'est fixée l'ACKP, est d'élaborer ce projet, de l'articuler de façon positive dans les luttes de classe qui commencent à exploser et ainsi de participer à la généralisation des luttes d'aujourd'hui et de rejoindre le Parti mondial internationaliste de demain.

Les points de départ généraux sont :

9 La  seule révolution prolétarienne qui a eu lieu jusqu'à présent est la révolution d'octobre 17 en Russie. Étant donné son caractère spécifique de révolution (bourgeoise et prolétarienne), elle était, avec le début de la stabilisation capitalisme et l'absence de révolution prolétarienne à l'Ouest, vouée à l'échec. 1923, la contre-révolution la plus radicale et la plus décisive de l'histoire du mouvement ouvrier, s'amorça. Son résultat fut la destruction politique et physique de tous les germes de l'autonomie de classe.

« Les défaites gigantesques dans la contre-révolution, furent organisées avec participation active de ces organisations voire par elles-mêmes. (?) Par la politique de collaboration de classe, (qui a trouvé son expression dans les fronts populaires, les fronts nationaux, les guerres de partisans, l'idéologie de l'anti- fascisme contre la démocratie bourgeoise), le prolétariat fut enchainé à l'état bourgeois.

«  On ne peut donc plus parler aujourd'hui d'un mouvement ouvrier homogène, organisations "ouvrières" bourgeoises (PS, PC, syndicats) ont comme unique but soumettre le prolétariat à la volonté de la bourgeoisie. La reconstitution d'une économie de classe révolutionnaire ne peut donc avoir lieu que contre elles.

« Tous les pays soi-disant "socialistes", où les partis staliniens ont pris le pouvoir à la place de la bourgeoisie, sont capitalistes. D'un point de vue économique et social, rien d'essentiel ne les distingue du capitalisme à empreinte de l’ouest; le prolétariat y a donc les mêmes tâches fondamentales.

 « La contre-révolution et le partage du monde en sphères impérialistes après ont créé les pré-conditions pour une accumulation capitaliste gigantesque après la 2° guerre mondiale (période de reconstruction). Loin d'éloigner les contradictions capitalistes, cette phase de prospérité apparente a exacerbé ces contradictions. Aujourd'hui, l'impérialisme se dirige vers une nouvelle guerre mondiale, seule solution bourgeoise possible à la crise et que seule la révolution prolétarienne peut l’empêcher.

L'ACKP travaille pour:
Le retour a la lutte de classe décidée et généralisée -contre les attaques de la bourgeoisie, de son appareil d'état et de ses organisations réformistes- lutte qui seule peut unifier les ouvriers de tous les secteurs de la production, de toutes les catégories et tous les pays. Donner un objectif révolutionnaire à ces luttes, vers la destruction des rapports économiques et sociaux actuels et pour le développement de rapports de production socialistes pour lesquels les conditions matérielles aujourd'hui sont déjà mûres.

La mobilisation des masses ouvrières contre l'appareil administratif et répressif de la bourgeoisie, pour sa destruction et son remplacement par des organes du pouvoir direct des masses, dans le système de la dictature prolétarienne. La construction du véritable parti communiste qui seul, est capable de défendre et d'articuler au sein du mouvement ouvrier et d'assurer l'unité théorique et politique de l'avant-garde, d'élaborer une stratégie internationale effective et d'organiser le mouvement de masse suivant une direction révolutionnaire conséquente.  "Les communistes soutiennent partout chaque mouvement révolutionnaire contre l'ordre social et politique existant. Ils luttent pour les intérêts et les buts immédiats de la classe ouvrière, mais ils représentent dans le mouvement présent, l'avenir du mouvement". (Marx, 1848).

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LE SPECTACLE  ESPAGNOL

(Traduction d'un article du groupe du FOR en Espagne dans Alarma traduit dans la revue américaine
 "The Alarm"...)

La situation actuelle en Espagne est, pour le moins, préoccupante. Les seuls qui tentant de minimiser timidement et 9 ans beaucoup de conviction la réalité, ce sont les Partis politiques!  Les centristes (UCD) parce qu'ils sont au pouvoir; ou, minable excuse peur les "socialistes" du PSOE, parce qu'il est de leur Intérêt de ne pas noircir une situation qu'ils espèrent un Jour prochain diriger; les autres parce qu'ils jouent à la perfection leur rôle de supporters actifs.
(Ce qui est curieux là-dedans c'est que ces voix, optimistes ou tout au moins  pleines" d'espoir lorsqu'elles s'expriment au niveau "politique", deviennent indiciblement angoissées quand, soutenus par les prières pressantes de Redondo et Marcellino (leaders syndicaux, NDT américain), elles s'adressent directement aux ouvriers.)

La vérité ? C'est que même du point de vue le plus favorable (celui du gouvernement), dans ce pays la farce est en train de tourner à la tragédie»..
Quelle est donc la base de tout ce cirque en Espagne, de ces antagonismes entre fractions bourgeoises ? C'est, au fond, le conflit maintenant universel entre tendances économiques du capitalisme: une opposition entre capitalisme étatique et privé.
C'est de là que viennent les problèmes, et non de fantasmatiques crises ou d'actes terroristes gratuits ou provoqués...  par des secteurs du capital, en gros celui qui prospéra sous la protection de la dictature franquiste, les "grandes fortunes", continue à avoir besoin d'un pouvoir fort, dictatorial et protectionniste. Il ne peut accepter les pertes entraînées par les grèves de l'après-franquisme.
Pour ces capitalistes, la démocratie libérale qui "espère mais n'agit pas" est inopportune et ils espèrent l'éliminer d'une façon ou de l'autre, au besoin en suspendant leur coopération économique ou en encourageant les "coups de gueule" des militaires. C'est ou ça ou la satisfaction de leurs demandes, c'est à dire le maillon de leurs privilèges et, par dessus tout, de leurs profits passés.
La faiblesse fondamentale de cette "démocratie", c'est justement qu'elle ne peut aider le capital privé dans sa lutte contre l'interventionnisme étatique. Et elle ne le peut parce qu'elle n'a pas, elle-même, de base économique unifiée et sure. Mais comment en aurait-elle, quand, pour contenter les deux camps, elle se réfugie depuis le début dans quelques slogans politiques comme "Pour les vainqueurs et les vaincus !" (De la guerre civile, Ndt. Alarm.) "Pour tous les peuples d'Espagne!", "Pour la fin de la dictature", "Pour l'alignement avec les démocraties européennes)"...Pour...tout... Pour tout et rien.
Selon la vision obtuse de la nouvelle élite parlementaire, la maladie politique, économique et sociale dont souffre l'Espagne prend sa source non dans l'essence du capitalisme lui-même, mais dans la personnalité de Franco et son héritage. Mais tout le monde n'est pas d'accord. Pour certains secteurs du capital, c'est précisément l'absence aujourd'hui d'un  pouvoir aussi fort et répressif que celui de Franco qui est à l'origine des souffrances actuels...Aussi les conflits  continuent-ils...
La démocratie espagnole a d'ailleurs elle-même des racines bien ancrées dans le régime franquiste. Il a fallu trouver dans "les rangs du Mouvement (fasciste)" un personnage neutre, au passé équivoque, pour mener à bien la phase de transition. Son rôle était double calmer ceux qui jusque là détenaient pouvoir et privilèges, et construire un Parti politique capable de contenir toutes les aspirations libérales de la vague montante des bourgeoisies et technocratie espagnoles.
Quoiqu'en disent les admirateurs de ce gouvernement (celui de Suarez .Ndt. Alarm.)
Il faut bien reconnaître finalement sa double défaite. Il ne tranquillisera personne (mène avec l'attitude bienveillante des syndicats) au moment de la signature du pacte de la Monclova), et ne peut consolider ce Parti politique raté que demeure l'UCD.
C'est sous le gouvernement de Suarez que survint la première tentative de coup d'Etat "absolutiste", dit complot "Galaxia" (nom de code de l'opération).

Préparé dans le plus pur style XIX°, avec l'aide de Pavla / Tejero, c'était un signe évident de l'échec du régime. Ainsi ce complot avorté s'acheva avec l'arrestation symbolique des coupables, mais qui furent presque aussitôt relâchés et réintégrés avec promotion militaire, sur simple volonté des ses successeur de Suarez, Calvo Sotelo, issu du milieu économique et non politique, fut choisi pour corriger les erreurs du passé. Les secteurs arriérés du capital démontrèrent vite qu'ils n'acceptaient cependant pas ce choix par un nouveau coup de force» celui de Tejero / Pavia, prenant en otage l'Assemblée Nationale le Jour même de l'investiture du nouveau gouvernement.
On a parlé à ce propos d'un coup d'Etat "à la Turque", mené par des militaires respectueux des droits  démocratiques, de la constitution, du roi, du parlement, etc...

Mais que signifierait la prise du pouvoir par un pouvoir militaire s', peu militarisé? Qui en bénéficierait ? Quels intérêts, qui sont derrière les personnes de Tejero, Milans  del Bosch, etc...?
Personne ne pense que ce soit une question de "nostalgie". Ni que le coup soit le résultat du désir freudien de Tejero de voir les députés mouiller leurs pantalons... Mais il ne fut pas non plus stoppé par le roi comme certains ont voulu le faire croire. Il n'avait pas de perspectives propres! Les propositions économiques de Calvo Sotelo étaient plus puissantes que l'obéissance de quelques individus au cri maintenant fameux de "Tous à terre, connards!".
Ou, au moins, ces propositions résultaient d'un accord avec garanties suffisantes. En effet, personne ne nie l'existence d'un PACTE entre les différentes parties combattantes du capital. Et le roi n'est apparu une fois de plus que comme un simple mannequin. Son numéro à la télé quelques 7 heures après 'Intrusion au sein du Parlement pouvait difficilement passer comme la marque d'une volonté de décision rapide...Et ce n'est d'ailleurs pas lui qui la pris et la solution du problème devait être trouvée entre les différents secteurs* du capital, au moyen d'un accord ou de concessions réciproques. Et c'est bien ainsi et non par quelque glorieuse manière (comme l'affirme la version officielle) que-les partisans d'un gouvernement militaire à la Franco ou à la Turque furent contenus. Leurs recettes particulières de gouvernement comptant bien peu.
Retenus, oui, mais pas défaits. L'attaque de la Banque de Barcelone, non en elle-même mais avec les explications gouvernementales qui la suivirent en est une nouvelle preuve. Les qualificatifs de "gangsters, bandits et anarchistes" utilisés par la télévision d'Etat contre les terroristes furent unanimement accueillis avec surprise et indignation. Ce gouvernement, comme l'a encore démontré le coup manqué "du 23 juin, encore du type "Galaxia", conserve une étrange et morbide permissivité vis-à-vis des groupes Ultras de leurs organisations paramilitaires, de leur presse et de leurs dirigeants.
Pourquoi ? Pour une seule et simple raison: derrière Tejero, ou ses confrères, il y a de très puissants secteurs économiques qui doivent être calmés et contentés puisqu'ils ne peuvent Être ni dominés ni éliminés.                                                                                          
La "gauche" parlementaire, apparemment, se rebiffe et proteste (censure, votes néqetlfs.etc...). Mais elle est obligée de collaborer avec le capital: elle en fait partie et vit de lui. Et elle collabore d'ailleurs ouvertement, jouant à la perfection son rôle de surveillant de la classe ouvrière, donnant au capitalisme l'assurance qu'il n'y a rien à craindre de ce côté là pour l'instant.
Les Partis "de gauche" et les syndicats "ouvriers" agissent sur deux tableaux : - Idéologiquement ils profitent de la classe qu'ils prétendent défendre, l'effrayant par la menace des crises, du chômage de la pauvreté, et de l'intervention militaire si elle lutte.
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- Et pratiquement ils font la même chose en signant dans le dos des prolétaires des pactes et accords avec le capital. Il y eut d'abord le pacte de la Monclova. Maintenant, et étrangement grâce à Tejero et a ses autres marionnettes, c’est le "grand pacte pour le “Salut de la Nation" applaudi par tous et signé pour le plus grand bénéfice du capital.
Pour les capitalistes tout est permis (Départs à 1'étranger,  boycott de l'investissement, décapitalisation, fraude, vol, etc...
Les ouvriers, de l'autre côté, sont censés payer le prix fort pour une crise qui n'existe pas. Bâillonnés et entravés, ils doivent assister en simples spectateurs à leur propre sacrifice.
C'est abritées du danger d'extrême-droite que la Gauche et la Droite de ce pays se prélassent aujourd’hui, en en faisant payer les frais à la  classe ouvrière. C'est là, dans la docilité du prolétariat, dans l'efficacité des mots d'ordre médiateurs des Partis et syndicats, qu'il faut chercher en effet la raison de l'échec temporaire du coup d'Etat.

Avec une classe ouvrière endormis, pas besoin de Tejero pour nous effrayer ou de paix pour nous défendre. Le spectacle donné par ceux-là est nécessaire sur deux plans: résoudre les conflits internes au capital, ou effrayer la
classe ouvrière et favoriser la réussite des projets d'exploitation accrue qui requirent
 des accords passés entre capitaliste".
Quand  l’intervention militaire sera vraiment considérée comme utile, c’est que la classe ouvrière aura cessé de croire en la propagande lénifiante des démocrates ou des syndicalistes. Il n'y aura alors certainement pas de roi pour nous défendre, et les partis de Gauche nous démontreront encore plus clairement, si jamais c'est nécessaire, de quel coté ils se trouvent.
La farce est sur le point de commencer. L'histoire future aura le dernier mot  par la bouche de la classe ouvrière, certainement. Et sur ce spectacle, s’inscrira le mot FIN.

(ALARME. Barcelone, N°11. 1981)

Programme des prochains numéros de « the Alarm »  de Mars 82  articles sur les régimes socialistes en France et en Grèce sur la récente vague de luttes antisyndicales ou syndicales dissidentes dans l'industrie des Transports de la côte Ouest (des USA, NDT (|)).

Eté 82 compte-rendu de la Conférence Internationale de Janvier 81 à Paris, où des divergences sérieuses sont apparues, avec une analyse de la "délégation Nord-Américaine " explicitant ces divergences, et résumant l'histoire post-franquiste du FOR. Et aussi en 82, des analyses historiques sur Trotski en 1904  Pjotr Archinov, opposant de gauche du Parti Bolchevik en 1918, différents articles sur la guerre civile espagnole, et des rééditions de textes de Péret et Munis.