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30/10/2015

CONTRE LA GUERRE PAR LA RÉVOLUTION


[Les noms des personnes cités dans cet article ne sont que des détails superfétatoires et n'altèrent en rien la justesse de l'analyse, bien au contraire, elle en garde aujourd'hui et encore pour longtemps toute sa validité]
CONTRE LA GUERRE PAR LA RÉVOLUTION !
Article paru dans Alarme No 7 Jan- Févr- Mars 80

"Guerre...Guerre. .-.Guerre..." Nous entendons de plus en plus souvent prononcer ce mot terrible comme une épée de Damoclès suspendue au dessus de l'humanité entière. La guerre est une contradiction inhérente au capitalisme. Donc, en considérant le niveau atteint par les forces de destruction développées par le capitalisme et également sa domination planétaire, les menaces de guerre mondiale ne sauraient nous étonner. Plus d'une fois déjà depuis la fin de la seconde guerre mondiale, des crises dans les relations internationales avaient été à deux doigts de déboucher sur une troisième boucherie impérialiste mondiale. La Corée, Cuba, le Vietnam, rappellent à nos mémoires autant de crises graves qui avaient menacé de déclencher la mobilisation et l'utilisation des dispositifs guerriers des deux blocs impérialistes qui divisent le monde à ce jour. Mais, ces dernières années, la concurrence entre les deux impérialismes, et donc leur agressivité, se sont vu accroître" et les points de frottements entre les puissances capitalistes dominantes ou même secondaires se multiplier, jusqu'à ce que les menacés de guerre se fassent simultanées ou "tout au moins d'une fréquence plus rapide. La guerre dans La guerre dans le capitalisme est naturelle. Pourtant rien ne nous assure, malgré ces multiples accrochements internationaux, que la guerre éclatera bientôt, d'autant que la menace de guerre n'est pas récente comme nous venons de le rappeler. Or cette menace de guerre mondiale nous est soulignée de plus en plus souvent dans les moyens d'information et on a pu entendre jusqu'à V.Giscard d'Estaing et le Pape en parler à l'occasion du changement d'année. Une question peut alors se poser à nos esprits: pourquoi V.Giscard d'Estaing et le Pape nous parlent-ils de guerre? Ils savent très bien que parler de guerre en souhaitant l'année nouvelle n'est pas comme d'en parler dans leurs soirées mondaines entre gens du "beau" monde. Ce n'est pas simplement comme ça, histoire d'en parler, qu'ils ont parlé de guerre devant des millions de lecteurs et d'auditeurs. Il y a une raison à la contribution de ces deux défenseurs patentés du capitalisme au développement de l'état de psychose populaire qui commence à poindre au sujet d'une guerre mondiale nucléaire imminente. Ils y trouvent sans doute leurs intérêts, sinon ils n'en auraient pas parlé. On peut dire, plus exactement, qu'il y a deux raisons au fait qu'ils ont lâché le mot "guerre" à l’occasion du premier de l'an 1980. La première de ces raisons est sans conteste de préparer la population à l'éventualité de guerre, que les gens se fassent à l'idée de la guerre, sinon le choc moral provoqué par l'explosion des premières bombes risquerait de laisser cours à des actions incontrôlés et "irresponsables". La seconde de ces raisons, c'est qu'ils savent pertinemment que la guerre mondiale est dans l'esprit de la plupart des individus un point final à tout espoir. L'imminence clamée d'une guerre mondiale a pour effet un total découragement car bien peu nombreux aujourd'hui sont ceux qui perçoivent la seule issue à l'impasse du capitalisme: sa liquidation par la révolution socialiste; ne voyant pas l'issue unique, les gens se découragent parce qu'ils ne voient pas de moyen d'éviter la concrétisation de la menace de guerre et en cela ils ont raison, car si l'on reste enfermé dans la "logique" de ce système pourri et moribond, la guerre ne peut que toujours menacer jusqu'à son éclatement. Le total découragement, provoqué donc par la peur de la guerre et le manque d'espoir à la fois d'éviter la guerre et d'établir un monde meilleur, ne peut manquer de rendre les gens, et tout particulièrement le prolétariat, encore plus apathique, encore plus mouton, encore plus prêt à accepter n'importe quelles conditions.
D'un autre côté ,des révolutionnaires quelque peu inconscients (et inconsistants) annoncent avec frénésie la menace de guerre, soit pour mobiliser le prolétariat contre cette échéance terrible, soit parce qu'ils considèrent dans leur aveuglement qu'une vague révolutionnaire submergera le monde dès que le capitalisme aura assassiné quelques dizaines de millions d'individus et alors...le communisme régnera sur la Terre.
D'une part, il faut dire que la lutte contre la guerre n'est pas obligatoirement la lutte contre le capitalisme, comme la peur de la guerre n'est pas obligatoirement entrevoir le communisme. La lutte contre la guerre doit se faire par la révolution; voila la phrase-clef, le seul mot d'ordre révolutionnaire concernant la lutte contre la guerre. Des substitutions au mot d'ordre "contre la guerre par la révolution" du type "lutter contre la guerre, c’est déjà lutter pour la révolution", même si ce ne sont pas des substitutions explicitement formulées, ne sont que des détournements grossiers de la lutte, que doit mener le prolétariat. La lutte contre la guerre peut très bien se faire - précisément sans lutte pour la révolution. Que dans ce cas là l'objectif visé -éviter la guerre ou l'arrêter- ne puisse pas être atteint, c'est une évidence mais cette évidence est évidence pour les communistes et non pour ceux qui risquent naïvement de se laisser entraîner dans une pareille lutte, fausse lutte par excellence donc et qui ravira les divers défenseurs du capitalisme. Le simple sentiment d'horreur que provoque à juste titre l'idée de la guerre peut être le seul sentiment qui fasse réagir le peuple. Nous avons bien dit le "peuple" car justement dans cette éventualité les bornes sociales sont éclipsées et le prolétariat ne lutte pas comme classe indépendante et donc n'est pas révolutionnaire. A l'opposé, le sentiment qui doit dominer la lutte révolutionnaire est le sentiment d'horreur provoqué non uniquement par un état particulier dans lequel se trouve être le capitalisme (guerre, crise économique, etc ...) mais par le capitalisme lui-même, par sa fonction aujourd'hui réactionnaire, par l'absurdité de sa survivance parasitaire sur un monde où toutes les conditions objectives sont totalement mûres pour l'établissement du communisme. En éclipsant l'horreur que doit provoquer le capitalisme lui-même —conscience de classe développée, par l'horreur de la guerre ( même en reliant celle-ci au capitalisme), ces "révolutionnaires" laissent le champ ouvert au pacifisme, car ils auraient beau dire que le pacifisme n'évitera pas la guerre, cette affirmation ne leur sera d'aucune utilité pour 1'empêcher de proliférer parce qu’elle viendra comme un cheveu sur la soupe dans leur attitude générale - opportuniste dans le "meilleur" des cas.
Quant aux autres, ceux qui voient dans le massacre de dizaines de millions d'individus la chance de la révolution communiste, pour les combattre dans leur absurde raisonnement il est nécessaire de considérer la guerre à venir (si elle a lieu) et ses conséquences sur la lutte de classe. La guerre à venir, si elle éclate, en premier lieu sera un échec pour le prolétariat international qui n'aura pas su 1'empêcher par la révolution, et en second lieu surtout, si ce n'est pas le prolétariat mondial insurgé qui y met un terme au plus têt, elle marquera la fin de toute civilisation humaine de quelque manière qu'on imagine son déroulement .Alors, les possibilités de révolution se trouveraient compromises pour longtemps, peut-être pour toujours et en ce cas cela signifierait que ce qui resterait du genre humaines s‘il en reste quelque chose— serait sur la voie de son total dépérissement. Nous affirmons donc que jusqu'aux premières heures de la guerre, là révolution aurait encore toutes ses chances, quoique, une fois la guerre déclenchée, le prolétariat aurait d'abord a laver la honte de sa défection en tant que force capable d'empêcher la déflagration impérialiste et à gravir le dur chemin de sa constitution en classe internationalement solidaire.
Mais avec l'approfondissement de la guerre, les chances de la révolution prolétarienne se trouveraient largement compromises et totalement compromises une fois la guerre terminée. La base de notre lutte révolutionnaire doit être une dénonciation du capitalisme et des lois qui le régissent sans oublier ses conséquences phénoménales du type de la guerre impérialiste. Mais la dénonciation des conséquences du capitalisme ne doit pas primer sur celle des rouages de base de ce système sur la dénonciation de 1’ esclavage salarial, sur la dénonciation de l'exploitation, sur la nécessité de souligner et de rendre évidente la contradiction capital/salariat.
Il s'agit donc de rendre le "paix" capitaliste aussi insupportable à l'esprit que la guerre capitaliste, la "bonne" marche du capitalisme aussi insupportable à 1'esprit que la crise économique capitaliste, et ainsi de suite pour la totalité des facettes du capitalisme: rendre insupportables à l'esprit autant les rouages fondamentaux du système social, économique et politique qui règne actuellement sur la planète entière, que les épiphénomènes catastrophiques qui découlent conjoncturellement des lois qui leur permettent à tout moment d'éclater.

Quant à la menace de guerre qui pèse aujourd’hui très fortement sur 1'humanité, il ne faut pas se laisser entraîner dans la panique mais au contraire garder la tête froide. La panique ne peut apporter dans son sillage que soit un total découragement, soit un engagement hâtif dans des actions qui ont toutes les chances non seulement de ne rien empêcher du tout mais encore de gêner ou de s'opposer à la lutte des révolutionnaires, seule lutte qui puisse éviter la guerre eau? visant à la destruction du capitalisme jusqu'à ses racines et à l'instauration du communisme mondial, sans frontières et sans classes. Et cette destruction du capitalisme il faut le souligner, est loin d'être une aberration utopique, un espoir sans possibilités de réalisation. Bien au contraire, malgré sa puissance apparente, 1e capitalisme n'a jamais été si faible car la puissance potentielle du prolétariat c’est-à-dire la puissance qui serait la sienne s'il se décidait enfin à prendre pour le compte de l'entière société humaine les machines qu'il fait tourner
et les richesses qu'il produit ou a produit, ceci jusqu'à présent pour le seul intérêt des capitalistes et pour le seul renforcement de son ennemi le capital-la puissance potentielle du prolétariat, donc, n'a jamais été si grande. Jamais le prolétariat n'a eu autant de chances de triompher mondialement. Hélas! Les mystifications, illusions et déceptions démobilisatrices que le capitalisme a produit et continue à produire pour assurer sa survivance contre la révolution prolétarienne si elles donnent à elles seules la mesure de la puissance potentielle énorme du prolétariat, ont naturellement pour conséquences l'abrutissement et l'apathie de cette unique force capable de régénérer la société et de lui donner le puissant souffle de vie et d'espoir dont elle a besoin. Pour développer la conscience de classe du prolétariat, premier pas pour la lutte consciente qu'il doit mener contre l'ennemi capitalisme, ceux qui en ont assez de vivoter, de survivre dans un monde barbare où ils ne sont que des pions manipulés et maltraités, ceux là doivent dès aujourd'hui agir et se rassembler sous la bannière du socialisme. L'œuvre à réaliser est immense et pour cette raison même elle nécessite l'engagement dans la lutte, la réflexion et l'agitation de tous les rebelles. Et comme le temps nous est compté par les dangers que fait planer le capitalisme au dessus de l'humanité(et la guerre mondiale est loin d'être le seul de ces dangers), cet engagement doit se faire sans plus attendre bien que, surtout, sans précipitation, c'est-à- dire en choisissant en toute connaissance de cause les armes théoriques les plus conséquentes, reflétant le mieux la réalité présente, et donc plus à même de répondre aux besoins exprimés par l'engagement effectué, armes théoriques qui loin d'être figées doivent être constamment perfectionnées par l'apport théorique éventuel si la nécessité s'en fait sentir et dont une toujours meilleure maîtrise et compréhension doit être recherchée par l'étude et la réflexion de tous ceux qui luttent.



Article paru dans Alarme No 7 Jan.Fev.Mars 80

26/10/2015

ICI IL NE S'EST RIEN PASSÉ, MESSIEURS

LE MYTHE DE LA RÉCONCILIATION ESPAGNOLE

Suivi d'un article intitulé  

ICI IL NE S'EST RIEN PASSÉ, MESSIEURS
Traduction d'un article paru dans ALARMA N°2 Nouvelle Série. Organe du F.O.R. en Espagne  
  
LE MYTHE DE LA RÉCONCILIATION ESPAGNOLE

Préambule : Peu avant, le 5 décembre 1976, le P S“OE organise la première assemblée libre d'un parti de « gauche » en Espagne depuis la fin de la IIe République. La légalisation du parti stalinien “PCE“ se fera à la semaine Sainte de 1977. Le stalinien Santiago Carrillo après avoir été le plus proche collaborateur de la Pasionaria, deviendra avec Adolfo Suarez, chef du gouvernement, la pièce maîtresse de la transition, vers une « réconciliation nationale… »… Quoi d’étonnant de la part de toute cette bande d’assassins !En 2001, lors d’une déclaration relative au « Pacte de l’oubli » de la transition, Felipe Gonzalez, ancien président « socialiste » du gouvernement espagnol, réaffirmait sa conviction d’avoir fait le juste choix: « Nous avons décidé de ne pas parler du passé. Si c’était à refaire, avec la perspective de ces vingt-cinq ans écoulés depuis la disparition du dictateur, je le referais. Ce qui revient à dire qu’en termes historiques, le solde de notre mode de transition me paraît satisfaisant »
 « Grand bien leur fasse à toutes ces crevures assassines, que dans un proche avenir l’antonyme de l’oubli ne soit pas la mémoire, mais la plus juste des justices, la révolution sociale et pour ça le prolétariat n’aura pas besoin de post-it »

ICI IL NE S'EST RIEN PASSÉ, MESSIEURS

Démonstration: La monarchie tombe en 1931, la république démocratique et "des travailleurs de toutes les classes" est proclamée; en 1976, la monarchie revient au pouvoir, imposée par Franco, respectée par ses opposants afin que "les espagnols de toutes les classes" vivent enfin réconciliés.

Anti-démonstration: En 1934, les ouvriers des Asturies prennent le pouvoir, établissent la commune alors que dans le reste du pays la grève générale (freinée par le parti "socialiste") ne réussit pas à se transformer en insurrection.

En 1936 (Février), le Front Populaire vainc électoralement voilant son modéré programme bourgeois et ses calculs de guerre impérialiste par la revendication d'amnistie pour les 30.000 emprisonnés de 1934. Mais les prisonniers sont libérés par la foule ouvrière et les expropriations des capitalistes commencent et pas seulement dans les campagnes.

En 1936 (Juillet), le clergé, son bras exécuteur l'armée, les phalangistes et autres vendus du capital, décident de se charger d'imposer, par la mitraillette, l'ordre que le Front Populaire maintenait péniblement. Le projet passe à exécution le 18.

Le 19 Juillet 1936, une insurrection ouvrière se superpose en un irrésistible torrent à l'intention carpicultrice du Front Populaire ("Les forces loyales se suffisent pour réduire les militaires", sans oublier les conférences téléphoniques avec Mola(l) pour lui offrir des portefeuilles ministériels). Armée, clergé, phalange sont pulvérisés dans les 4/5 du pays. Une fois les travailleurs industriels et agricoles maîtres des armes, pouvoir et économie tombent tout naturellement entre leurs mains. Alors commence la révolution communiste et la guerre civile.

1937 (Mai).. Le prolétariat se soulève en Catalogne contre le parti de Moscou qui est en train de poignarder la révolution dans le dos.
Propagande de Pasionaria-Carrillo: «Ceux qui parlent de révolution sont les agents de Franco; les expropriateurs sont des voleurs; les milices ouvrières des tribus de sauvages; ici il n'y a même pas de guerre civile, mais une invasion de Hitler et de Mussolini ». Le prolétariat sort victorieux de l'affrontement armé, mais il est finalement dispersé et soumis aux gens de Moscou par la CNT(2) qui se nie à mener la révolution jusqu'à son ultime conséquence. Les hommes qui se battirent le mieux le 19 juillet contre militaires et fascistes, commencent immédiatement à être emprisonnés et assassinés.

1937 (de Juin à la chute de Madrid). La zone rouge est petit à petit transformée en zone noire par le gouvernement dirigé par Negrin(3) mais que dirigeait Staline à travers ses "encomendadores"(4) en Espagne, les Pasionaria, les Diaz, les Carrillo, les Hernandez et les Lister (5). Les collectivités sont supprimées par la force ou étouffées par le sabotage économique de l'Etat capitaliste reconstruit, les travailleurs sont désarmés, les comités-gouvernement ouvriers constitués à partir du 19 Juillet sont dissouts, leurs hommes et les révolutionnaires en général sont poursuivis, calomniés, tués en grand nombre. Une fois le prolétariat vaincu et la révolution morte, l'armée franquiste était assurée de sa marche triomphale...et d'une répression qui commencée le premier jour par la soldatesque s étend et s intensifie avec son avance- continue de tuer par centaines de milles longtemps après la première déclaration de guerre et par la loi de guerre de maintient 30 ans après. Elle n'a pas encore pris fin aujourd'hui.

Déduction: Oui il s'est passé quelque chose. Quelque chose de très, trop, tant et si transcendantal qu'ils se donnent beaucoup de mal pour nous le faire oublier, comme si cela n'avait jamais existé, depuis le pupille de Franco par sa grâce régnante jusqu'aux élèves de Staline en habit européen ou asiatique, et autres déguisés en communistes ou socialistes, sans compter les mandataires du ciel.

La première chose qui s'est passée fut la disqualification et le discrédit total, non d'un roi, mais de la monarchie parce- qu'archaïque et corrompue.

La deuxième chose qui s'est passée fut la mise en évidence rapide de la caducité de la république démocratico-bourgeoise, comme régime politique et comme régime social valable.

La troisième chose qui s'est passée fut l'entrée en scène de la révolution et du pouvoir ouvrier, c'est-à-dire de l'immense majorité de la population, aussitôt que furent retirées de la circulation l'armée et la police.

La quatrième chose qui s'est passée enfin, fut la vertigineuse attaque du prolétariat portée contre le parti qui dans la zone rouge dirigeait la contre-révolution. Attaque victorieuse sur le terrain en Catalogne, bien que vaincue par la suite, non dans la lutte mais par trahison.

Signification: La classe ouvrière refusa et mit en déroute successivement toutes les formes ou régimes politiques que le capitalisme a adopté jusqu'à ce jour; la forme monarchiste, militariste ou constitutionnelle, la forme démocratico-bourgeoise républicaine, la forme fasciste et, exploit culminant, la forme capitaliste d'Etat que le gouvernement russe et ses compères disent socialiste, odieuse falsification. Le prolétariat ne succomba pas aux mains du Franco- fascisme, ce fut les Pasionaria, Carrillo et complices qui le lui livrèrent.

Le capitalisme continue donc d'être virtuellement en déroute en Espagne, car ce qui a été fait une fois tend irrésistiblement à se reproduire d'une façon meilleure et plus consolidée. C'est précisément pour empêcher la nouvelle génération de donner corps à ce qui est virtuel, que s'allient contre elle, dans la réconciliation, les vampires des diverses formes capitalistes. "Ici il ne s'est rien passé" signifie en réalité: ICI NOUS NE PERMETTRONS PAS QU'IL SE PASSE QUELQUE CHOSE. Mais la nouvelle génération ouvrière, qui a donné de si remarquables signes de combattivité(6), ne va certainement pas demander au parti de Carrillo ou à quiconque la permission de renouer avec sa révolution.

1.    Mola: général en rébellion contre la République avec Franco

2.    Centrale anarcho-syndicaliste. Lors des journées de Mai 37, les dirigeants de la C.N.T. s'adressaient aux ouvriers en armes dans les termes suivants: "Arrêtez le feu! embrassez les gardes d'assaut!","Nous tendons les bras sans armes; faites de même et tout se terminera. Que la concorde soit entre nous"

3.    Président de la République espagnole après les journées de Mai 37. Fut le jouet et le bras de Staline.

4.    "comandataires secrets"

5.    Racailles staliniennes. La Pasionaria fut un agent zélé du Guépéou. Lister dirigea notamment une colonne militaire qui avait pour mission de faire rendre les terres collectivisées par les paysans à leurs anciens propriétaires.

6.    Par exemple les grèves de Rooa, Vitoria, Alieante.

Traduction d'un article paru dans Alarma, organe du F.O.R. en Espagne. N°2 Nouvelle série.








25/10/2015

LA DIVINE COLÈRE du «PROLÉTAIRE»

LA DIVINE COLÈRE du «PROLÉTAIRE»

(Controverse avec "le Prolétaire" Organe du Parti Communiste International)

Traduit de ALARMA seconde série No25, 2ème trimestre 1973.


Le périodique qui se pare d'un tel titre est l'organe du bordiguisme (que disons-nous là !) Du parti historique du prolétariat international, en France; plus encore, il est le gardien du "programme communiste". A ce titre, alors qu'il nous observait (du coin de l'œil) avec une certaine tolérance, sa patience s'est émoussée, et sans • pouvoir résister davantage, il nous lance les injures qu'exige sa fonction. Et ce n'est pas parce qu'elle ; est auto-décernée que cette fonction en est moins celle d'une sentinelle, loin de là. Nous devons donc accourir à ses ordres et tenter de nous excuser comme lorsqu'un agent de la circulation surprend quelqu'un à traverser hors des passages cloutés. Que nos camarades et amis nous pardonnent cette lecture .C'est un cas de force majeure.
La goutte qui fait déborder la colère du gardien est le texte " Réaffirmation" publié en appendice de l'édition fac-similé de l'ouvrage de Munis:" Jalones de der- rota,promesa de Victoria", reproduit dans le numéro 21 (2° série,1972)de Alarma. "Le prolétaire" consacre trois-quart de page (n°139 nov-déc. 72) à nous éreinter. Nous aurions eu le temps d'inclure une réplique dans le numéro d'Alarma du lsr trimestre de cette année, mais nous élaborions alors un article où nous voulions traiter du Parti Historique et de son centralisme organique et nous avons préféré ne pas lire l'attaque du gardien avant de l'avoir achevée afin que celle- ci n'influe pas sur notre critère.
Première phrase de son texte, première déformation:"Le groupe hispano-français. Fomento Obrero Révolucionario'.'.. Non gardien, tu parles à la légère et sans savoir. Bien qu'avant de mourir Benjamin Péret y milita, le F.O.R n'a rien de français, et si tel n'était pas le cas, se taire serait une obligation élémentaire afin d'éviter que ceux qui ne doivent pas savoir le sachent, sinon tu mériterais un qualificatif pire que celui de gardien!

Quelques lignes plus loin afin de nous situer politiquement il prétend qu'en Espagne" Munis et quelques trotkistes "orthodoxes" ont formé la gauche du POUM avants d'être expulsés en avril 37, qu'ils établirent des relations avec des liber­taires de gauche,"les amis de Durruti", etc. Nouvelles déformations, quatre et dans l'ordre : Munis n'a jamais été au POUM, il n'a donc pu ni en être expulsé, ni constituer une fraction de gauche en son sein, et les "relations" du trotkyste d'alors avec les amis de Durruti s'établirent fusil en main dans la lutte contre le stali­nisme, non en avril, mais lors de 1' insurrection de mai 1937. Espérons que le gardien ne le prendra pas à mal.
Cette manière d'informer sur nous ne peut venir que de ce que certains anarchistes, qui confondent le POUM avec le trotkysme, ont dit, et de la revue Autogestion et Socialisme qui boit à la même source. Peu importe, le but du "Prolétaire" est de préparer le terrain pour démontrer, quelques paragraphes plus loin et de façon non moins inexacte, nos relations idéologiques... avec Proudhon. Nous y arriverons. Continuons maintenant.
Le deuxième paragraphe laisse voire l'effilure de l'article par la tergiversation suivante : la réaffirmation de Munis "mérite quelques lignes de commentaire pour montrer que "le dépassement du trotskysme" par ces éléments (1) équivaut à tomber purement et simplement dans un anti-bolchévisme anarchisant et spontanéiste, concordance avec le soit- disant "communisme de gauche" du prétendu "marxisme européen" qu'illustrent Gorter, Pannekoek et autres Korsch".
Voilà une phrase creuse qui illustre la désinvolture du "Parti Historique" pour jeter son mauvais sort, car, ou il n'a pas lu ce que nous avons dit sur la spontanéité et ses dérivés, ou il n'en a que faire. C'est le plus probable, car pour lui il s'agit de confirmer et de reconfirmer sa propriété privée de la révolution. De toute façon, c'est une accusation gratuite, d'écervelé.
Le troisième paragraphe comporte une déformation, vérifiable par quiconque, même une sentinelle du "Prolé­taire", et deux erreurs significatives dans la traduction d'une citation extraite du livre de Munis. Voyons la falsification : "Munis fait de la révolution (?) Espagnole une apologie semblable à celle que l'on peut trouver dans des textes anarchistes comme ceux de Gaston Levai par exemple". Avant de s'aventurer à une telle affir­mation, les écrivains du "Prolétaire" ont-ils lu les critiques de l'anarchisme contenues dans "Jalones de derrota, pro- mesa de Victoria"? Encore une fois ils passent outre. Quel besoin ont-ils de les lire pour perpétuer leurs gargarismes? Pour notre part, voulant leur faciliter ces exercices, nous leur disons que si par hasard un anarchiste, Laval ou DU Schmurtz, défendait la révolution espagnole pour les mêmes raisons que nous, et avec une critique semblable -ce qui n'est pas le cas- il viserait juste et pour aussi anarchiste qu'il se proclamât, il serait meilleur marxiste, dans ce cas précis tout au moins, que "le Prolétaire". Mais ce que nos détracteurs ne supportent point c'est d'entendre parler de révolution en Espagne. Là est la coïncidence qui motive la déformation antérieure. Nous y reviendrons.
Du flegme maintenant, et voyons la traduction déformée : Munis écrit que la révolution espagnole"projette vers le futur d'importantes modifications tactiques et stratégiques. De sorte que dans le domaine de la pensée seules de méprisables imitations de théorie peuvent être élaborées, si on fait abstraction de la contribution de la révolution espagnole, précisément dans les aspects où elle contraste, en la dépassant ou en la niant, avec la contribution de la révolution russe". Le texte en espagnol dit à dessein : dans les aspects où... La version du gardien transforme la partie en tout. Nous tirerions donc un trait sur la révolution russe, c'est ce que le gardien doit montrer, et c'est ce qu'il réitère plus loin avec des recours polémiques d'une qualité plus piteuse encore.
L'autre erreur fait retomber la déformation de la traduction sur la tête des auteurs de l'article. Là où le texte espagnol parle «d’imitation de théorie", ils écrivent "parodie de doctrine" A ce stade, et pour aussi dépositaires du programme communiste qu'ils pensent être, ils n'ont pas l'air de s'être aperçu qu'un des fondements principaux de ce programme est le refus de toute doctrine. Certes ils ne nous accusent pas d'être des doctrinaires. Ils le sont jusqu'à la moelle. Le mot leur vient tout seul à la bouche, tout comme le doctrinarisme s'échappe sans cesse de tous leurs pores.
Le quatrième paragraphe nous endoctrine -c'est le cas de le dire- sur ce qui doit être compris par structures et superstructures. Le texte incriminé, et de façon plus détaillée, le livre "Jalo­nes" se réfèrent à la destruction par le prolétariat, des structures de la société capitaliste sur le plan économique, politique et juridique. Ce qui est politique et juridique, nous souffle ironiquement le gardien, correspond aux super structures.Demandons-lui : le gouvernement bourgeois et sa machine gouvernemen­tale, l'armée et la police, les tribu­naux et la caste cléricale si puissante en Espagne, aussi ? C'est à tout cela que correspondent les superstructures dont ne parle pas "Réaffirmation". Tout de suite après, le gardien nous assène une autre petite leçon, encore plus déplacée, sur les rapports marchands au sein du capitalisme, par opposition aux rapports juridiques qui au sein de féo- dalisme liaient les personnes entre elles, comme si nous avions dit que la révolution espagnole avait établi de nouveaux rapports juridiques. Ce qu'elle créa, ce furent des tribunaux propres, qui jugeaient selon leur avis, sans tenir compte de l'ancienne superstructure -le terme est maintenant approprié- juridique du capitalisme, sans que formellement cette dernière ait été abolie. Disons à notre gardien, même s'il passe outre, que ce sont précisément les rapports marchands qui obligent les ventres vides à se vendre au capital pour un salaire, et les organismes étatiques, qui subirent le plus grand dommage. Mais l'ébranlement n'a pas eu lieu suivant le schéma qu'il a et que beaucoup d'autres ont dans leur tête, et pour qui les bordiguidistes éprouvent un mépris que leurs propres positions ne justifient pas. Désire-t'on une meilleure preuve de leur inexistence ?
Observez maintenant son explication de la révolution russe : "il est vrai que sur le plan économique, la révolution russe n'a jamais dépassé le stade bourgeois, parceque précisément elle a du instaurer le capitalisme à travers les nationalisations (1) comme représentation de sa phase initiale, celle de 1' accumulation primitive, et non de la phase finale du capital monopoliste.
Elle fut permanente (au sens de Marx), car s'il est vrai qu'elle fut bourgeoise sur le plan économique, elle fut réalisée par le prolétariat dans la perspective d'une révolution internationale. Politiquement la dictature du Parti bolchévique (malgré les obstacles causés par les bonnes relations avec la paysannerie») l'a stigmatisé comme épisode de la révolution prolétarienne mondiale, seule susceptible d'être victorieuse. Les bolchéviques n'ont jamais pensé (et pour les staliniens ce ne fut qu'un thème de propagande) sauter ou plus encore "abattre" le capitalisme uniquement dans la Russie précapitaliste. Le petit jeu de Munis inspiré par Pannekoek, est clair: présenter la révolution bolchevique comme une révolution bourgeoise y compris au niveau politique, afin de la liquider. Alors le stalinisme, au lieu d'être le produit du reflux de la révolution internationale (produit qui à son tour n'a un effet contre-révolutionnaire que sur le plan politique) devient un phénomène aberrant, une monstruosité de l'histoire(ou mieux le "châtiment" des bolchéviques pour leur incapacité à détruire un capital inexistant) et contre toute réalité historique on parle "d'urgence de la révolution".
"Le prolétaire" gardien veut sinon inconsciemment tout au moins par ignorance impardonnable en affirmant que pour nous la révolution russe est bourgeoise en tout et pour tout."Le petit jeu" en question, auquel s'ajoute une incohérence manifeste, est le sien! En effet quand nous écrivons qu'en 1917 il y a eu révolution permanente ou démocratico- bourgeoise réalisée par le prolétariat en vue de la révolution mondiale, nous affirmons implicitement (et nous l'avons dit explicitement) qu’elle ne fut bourgeoise sur aucun plan, que les pédants s'in— forment. Car pour être bourgeoise une révolution doit développer les structures et les superstructures(le droit dans tous ses aspects) de la classe bourgeoise, classe qui se distingue principalement et exclusivement par la propriété des moyens de production sans laquelle ni elle ni sa révolution ne peuvent exister. Donc, lorsque nous parlons de la mort de la révolution russe, nous entendons, c’est clair, la perspective socialiste et la révolution démocratique. Ce qui meurt c’est ce que précisément avait été réalisée, la révolution permanente. L'interprétation biscornue du gardien de "Programme communiste" est très différente.

Selon leur entendement-analysez la citation antérieure- la révolution a du instaurer le capitalisme par les étatisations qui représentent non la phase finale du capital monopoliste mais sa phase d'accumulation primitive. Cette affirmation suffit pour conclure à une révolution bourgeoise et rien que bourgeoise réalisée par la "dictature du parti  bolchévique";Pannekoek ne prétend pas autre chose et le dit avec plus de logique, bien que sans raison. De fait, sur ce point, le bordiguisme se situe plus en arrière que Pannekoek s'embourbant dans l'accumulation primitive qui dans l'évolution historique se situe bien avant la possibilité même de révolution bourgeoise...
Le brouillamini est presque inextricable. Pour commencer on nous dit que les bolchéviques instaurent délibérément l'accumulation primitive du capital par les nationalisations, ce qui, dans le domaine économique, constitue une révolution bourgeoise. Ensuite que la dictature des bolchéviques représentait un épisode de la révolution mondiale, une révolution prolétarienne dans le domaine politique en somme. Quelques lignes plus loin, que la Russie se trouvait à un stade précapitaliste et que par conséquent les bolchéviques ne pouvaient détruire "un capital inexistant". Mais alors, dans de telles conditions, non seulement la révolution prolétarienne mais aussi la révolution bourgeoise elle-même devient impossible à moins de croire que l'histoire est façonnée par quelques génies indé pendemment des conditions matérielles. Il n'y avait pas de capital, ensuite les bolcheviques doivent le sortir de leur manche afin de le nationaliser. Que nationalisaient-ils sinon ? Et d'où sort dans ce cas un prolétariat russe si familiarisé en matière révolutionnaire, qui instaure sa dictature et prend les devants de la révolution mondiale ? Inspiration et intérêts du prolétariat mondial ?
La ligue "communiste" dit cela pour pouvoir parler "d'une authentique révolution prolétarienne en Chine". Les parentés politiques existent bien qu'elles soient exécrées de part et d'autre. Si ce n'est ainsi, mystère ! En fin de compte que fait ce prolétariat russe ou ce parti bolchévique sans prolétariat ? Ils se mettent à réaliser... l'accumulation primitive du capital. En premier lieu il agit politiquement avant d'exister et ensuite il s'auto-en- gendre économiquement, vu que son apparition comme classe est parallèle à l'accumulation élargie du capital. S'agissant des bolcheviques sans prolétariat ceux-ci se mettent à réaliser l'opération la plus immonde de l'histoire du capitalisme. Que le gardien alerte du programme communiste se le dise ! Pour notre par, sans mentionner d'autres incohérences, nous déclarons qu'une semblable interprétation du grand Octobre est insensée et dénigrante pour tous ses protagonistes, bolcheviques en tête.
Si la révolution permanente a pu avoir un sens (dans la conception de Marx, pour ne pas sortir du terrain clôturé par nos détracteurs) c'est celui d'un soulèvement ou d'une révolution qui, commençant par détruire en Russie la machine politique et économique du tsarisme, déchaînerait la révolution communiste dans l'Europe industrialisée, et permettrait en Russie la connexion avec cette dernière. Il ne pouvait venir à l'idée de Marx que le faible prolétariat russe d'alors puisse se consacrer, même si la révolution européenne échouait, à s'exploiter et â se martyriser lui-même afin d'accumuler un capital initial, tâche que nos gardiens attribuent aux bolchéviques.
L'entreprise impétueuse des bolchéviques futs celle qu'indiquait Marx. Il est faux de prétendre que le communisme de guerre ne fut qu'un expédient "de ville assiégée". Ce fut aussi le commencement rudimentaire et dans des conditions extrêmement pauvres de la suppression des relations économiques capitalistes. Trotsky le rappelle dans "d'Octobre rouge'à mon bannissement". C'est, au contraire, le capitalisme d'Etat imaginé ensuite par Lénine qui voulait être, à travers le pouvoir effectif des soviets, un expédient d'un pays révolutionnaire assiégé, en attendant que le prolétariat européen balaie le siège. Ces deux faits se sont faufilés devant "Le prolétaire" gardien sans qu'il ne les voit, car semble-t-il, d'après sa compréhension, il est exclu qu'un pays arriéré puisse aborder la révolution communiste sans passer par l'accumulation élargie du capital jusqu'à sa phase monopoliste. Ainsi, soit dit en passant, il gratifie comme positive l'action contre-révolutionnaire du stalinisme. Qu'a fait ce dernier, selon son critère, sinon prolonger l'accumulation qu'il endosse aux bolchéviques en tant qu'objectif délibéré et même scientifique, avant même le recul de la révolution européenne ! Ainsi alors qu'il nous accuse faussement de dire que la révolution en question fut bourgeoise tant politiquement qu'économiquement, il voit dans le stalinisme la continuité économique du bolchévisme, 1'accomplissement de la révolution bourgeoise jusqu'à sa phase monopoliste. Contre-révolution politique, oui, mais révolution économique. A quelle sauce ça se mange, gardien ?
De toute façon, malgré son analyse bancale, le bordiguisme admet que la base du stalinisme en Russie c'est le capitalisme d'Etat. Mais, sans s'apercevoir de la contradiction, il soutient qu'en France, en Italie , en Espagne etc. et bien entendu en 1936 en Espagne, la pratique du stalinisme est de nature réformiste, opportuniste, révisionniste. Cela lui donne l'occasion de nous cribler une fois de plus dans les paragraphes 6 et 7, car nous le nions. Observez avec quelle rigueur et quelle scrupulosité critique-t-il le fait :
Selon Munis, en Espagne le stalinisme " n'a pas jouer le rôle d'auxiliaire de la bourgeoisie, d'un Kerensky ou d'un Noske (fin de la citation de Munis, le gardien continue comme suit), mais a réalisé la contre-révolution en soi. Pourquoi ? Evidemment par "appétit du pouvoir", pour faire sa révolution totalitaire..."
Les. Lecteurs du "Prolétaire" peuvent ainsi être convaincus de notre sottise, sans savoir que ne nous appartiennent ni l'entre-guillemet "appétit du pouvoir" ni les mots, pour faire sa révolution totalitaire. L'un et les autres sont pure invention introduite par le gardien soupçonneux: Oui nous avons dit et nous soutenons que le stalinisme a fait la contre-révolution en Espagne, mais non en soi, pour soi. Que le gardien nous dise si le stalinisme en Russie a trouvé son impulsion contre-révolutionnaire dans "l'appétit du pouvoir" ou dans le pouvoir maximum que représentent l'us et l'abus de la plus- value. Et en Chine, et en Allemagne, et en Pologne etc... Jusque dans la petite Cuba.
En fin de compte -ajoute le gardien- les staliniens furent ceux qui «ont joué leur rôle d'imbéciles utiles" avant d'être liquidés en 1939 par la junte de Casado. Il n'est pas au courant, ou ne veut pas l'être, que Casado et Miaja étaient des hommes du stalinisme, et que le coup de la junte leur fut suggéré par Négrin en personne, avec le consentement de ses guides, les leaders staliniens ; il n'est pas au courant du fait que le parti stalinien à Madrid appela à ne pas s'opposer à la junte, et encore moins du fait que la victoire de Franco était décidée à Moscou qui abandonnait le terrain à Franco- Hitler-Mussolini, comme gage déjà du maudit pacte Hitler-Staline.
"Le prolétaire" fait pire encore sur l'autel de la doctrine autour duquel il monte la garde. Selon lui, ce sont les staliniens qui furent liquidés. Qu'il y en ait eu certains c'est sûr, mais en défendant quoi; gardien ? Depuis 1938 la police c'était le stalinisme. Par contre "Le prolétaire" n'a que paroles méprisantes pour les comités-gouvernement qui non seulement, selon lui, défendaient la république bourgeoise, mais en plus laissaient "qu'une croix soit tirée" sur les transformations révolutionnaires (pour lui inexistantes). Rappelez-vous que le stalinisme a également nié l'existence d'une révolution prolétarienne, qu'il a accusé les expropriations de vols, les milices ouvrières de tribus sauvages, et que lorsqu'il a reconstitué la police (sa police) avec des armes russes il réclama : A bas les comités, tout le pouvoir au gouvernement, ceux qui veulent faire la révolution sociale ou en parlent, sont des agents de Franco ; d'autres perles de cet acabit pourraient être énoncées. Nous les offrons à votre digestion, propriétaire du "programme". Nous aimerions savoir comment vous vous arrangez pour accommoder tout cela à votre doctrine.
Nous en étions restés au fait que les Comités-gouvernement abandonnèrent facilement ! On n'en croit pas ses propres yeux. Des centaines de luttes des comités, des groupes ouvriers et des miliciens contre le pouvoir officiel, souvent contre le stalinisme directement, luttes dont la plupart étaient armées, une d'entre elles durant plusieurs jours pour la domination de la frontière avec la France aux mains des comités. Bagatelles que cela, a décrété la doctrine depuis 1936. Il y a mieux encore, une insurrection prolétarienne contre la réaction stalino-capitaliste. Plus de mille morts au combat, des centaines, des milliers d'assassinés par la suite : "On trouvait les révolutionnaires assassinés (par le stalinisme, gardien de ton nombril !) Dans les bas-côtés de la route en plus grand nombre qu'en zone franquiste" (Irujo dixit, et les morts parlent). Et pour comble, des procès genre Moscou, parmi lesquels celui du POUM et le nôtre.
Mais ces faits, relatés dans Jalones et dans d'autres livres, ne sont rien d'autre qu'épisodes risibles de la "clownesque république espagnole", qui, en somme, "reçu ce qu'elle méritait" de la part de Franco.
Après une telle rétorsion d'événements historiques vérifiables par quiconque, il est à peine vain d'indiquer que les accusations de remâcher le proudhonisme, l'anarchisme etc. sont basées sur des rétorsions du bref texte "Réaffirmation" et sur l'ignorance complète de ce qui est dit dans "Jalones", sans que ne manquent, comme avant des mots entre-guillemet étrangers à notre plume. Le sommet de la rétorsion est atteint par "le Prolétaire" lorsqu'il met au rencart une citation de Marx transcrite dans "réaffirmation", car évidemment elle ne cadre pas avec sa doctrine. Une seule chose certaine nous est dite, à savoir que pour conserver les conquêtes révolutionnaires il faut prendre le pouvoir. Mais si le gardien ou sa relève s'étaient pris la peine, non de lire ce serait trop leur en demander, mais de feuilleter le livre en question, ils seraient tombés sans difficulté sur quelques pages où ce lieu commun plus que centenaire est affirmé. Pour être plus précis, dans le chapitre "la propriété" par rapport à laquelle de façon irresponsable, calomnieuse et mensongère, "Le prolétaire" nous taxe de proudhonisme. En effet, c'est dit dans réaffirmation avec des mots de Marx, la classe ouvrière doit «ériger une barrière infranchissable, un obstacle social, qui l'empêche de devoir se vendre au capital par "contrat libre elle et sa progéniture jusqu'à l'esclavage et la mort". Ensuite c'est Munis qui parle : "Il doit disposer, à volonté de toute la richesse sociale qui constitue aujourd'hui la plus-value du capital... L'article du gardien reprend ceci mais a censuré les mots de Marx. Evidemment afin de pouvoir écrire ensuite (paragraphe 10 de l'article) en se référant à Munis et en-posant un lapin à Marx : "Mais comment réaliser tout cela ? Rien de plus facile : il suffit de "mettre entre parenthèse" la période de transition avec ses mesures despotiques graduelles...". Le gardien sévère n'a pas inventé les mots mettre entre parenthèse la période de transition, mais ainsi utilisés il fait croire mensongèrement à ses lecteurs qu'elles sont nôtre. De plus dans son article il y a quelque chose de supprimé ; la citation de Marx, la barrière infranchissable, l'obstacle social qui empêchera le prolétariat de devoir se vendre au capital. On ne peut que conclure que celle-là ne rentre pas dans "les mesures despotiques graduelles" que le parti historique cogite pour 1'après immédiat de la révolution. Dans notre conception, au contraire c'est la plus importante des impositions de la dictature du prolétariat, et sans elle il n'y aura jamais de période de transition au communisme. C'est là qu'elle s'initie nécessairement. Que nos contradicteurs nous disent tout au moins, qui va administrer l'actuelle plus-value et quand s'élèvera le célèbre obstacle social. Nous sommes tout ouïes.
Comme on voit, démêler est beaucoup plus laborieux qu'emmêler, et de surcroît c'est un travail très ennuyeux. Sans plus nous préoccuper d'autres embrouillements et tergiversations, donnons à savourer le paragraphe le plus sentencieux du gardien :
"Répétons le, si c'est cela le "dépassement "du trotskisme, le remède est de beaucoup, pire que la maladie. Et en l'an de grâce 1972 on ne peut plus parler de "maladie infantile", extrémiste. Ce qui apparaît, à nos yeux est bien plus un cadre d'involution sénile opportuniste, qui répète les lieux communs de l'infantilisme pré-marxiste proudhonien". Ce qu'avait à dire de nous "Le prolétaire" était déjà contenu dans le titre de son article : "Maladie infantile ou radotage sénile ?" Des appréciations d'un tel acabit nous les laissons au jugement de tierces personnes à moins de répondre à la marchande de poissons avec des paroles de marchande de poissons.
Après ce qui a été dit, nous terminons en renvoyant la balle au sévère gardien du "programme communiste". D'entrée dans son article le gardien lâche ses chiens contre nous : "Fomento Obrero Revolucionario est devenu célèbre (à la manière d'Erostrate) par Un texte intitulé -excusez du peu- pour un second manifeste communiste-".Simple façon de laisser entendre que nous et zéro c'est zéro, l'outrecuidance avec le signe moins en prime. Appelant à notre secours le dictionnaire encyclopédique pour nous familiariser avec Notre ancêtre, nous découvrons qu'Erostrate était un quelconque habitant de la cité grecque de Phèse qui, voulant s'immortaliser -d'après la légende- injuria et incendia le temple de la déesse Diane» niais exactement la nuit de la naissance d'Alexandre le grand. Les habitants de Phèse interdirent de prononcer le nom d'Erostrate sous peine de mort. Qu'ils sachent donc à quoi ils s'exposent, camarades ou amis, ceux qui oseront articuler notre nom tout au moins de ce lieu-dit "le Parti historique", ce sanctuaire, car nous nous efforceront jour après jour de mettre le feu aux temples où on réchauffe une quelconque doctrine. C'est là le dernier refuge des fantômes religieux, que l'iconoclaste K.Marx recommandait de chasser.
       Entre le temple, Alexandre et Erostrate, nous resterons avec l'obscur Erostrate.


1)  Nous omettons ici une -parenthèse du "Prolétaire", grimace bénévole pour le passé de ces éléments que nous sommes. C'est superflu.
2)  Souligné par nous3 le reste est souligné par le "Prolétaire".
Traduit de ALARMA seconde série No25, 2ème trimestre 1973.

"Nous verrons comment la Critique religieuse construit le dogme d'une situation, où l'une des “antithèses, " la Critique", finit, comme seule vérité, par triompher de l'autre, "la Masse". Et Proudhon s'est rendu d'autant plus coupable de voir dans la Justice de Masse un absolu, un dieu de l'histoire, que la juste Critique s'est expressément réservée à elle-même le rôle de cet absolu, de ce dieu de l'histoire."

K. MARX. La Sainte Famille.

LE BÉNÉFICE DES UNS FAIT LE CHÔMAGE DES AUTRES !


Voilà bien la réalité du monde capitaliste décadent. Ces messieurs nos exploiteurssous couvert d'une soi-disant crise économique mondiale qu'ils comparent à la crise de 29 (autant comparer un dinosaure et une souris) ne cessent de pleurnicher, appelant le peuple français à se sacrifier, à la solidarité nationale et autres tromperies cyniques. En faitla croissance du capitalisme continue (bien que plus lentement), et ce, au détriment de la société. Ce n'est pas seulement la soi-disant crise économique de surproduction qui amènerait misère et chômage (il ne faut pas oublier qu'une telle crise serait catastrophique avant tout pour le capital), mais la croissance même du système.

Aujourd'hui, pour lui, ça va relativement bien économiquement c'est pour nous que ça va malLa chansonnette suivante est bien connue: «Ne réclamez pas trop car l'entreprise est en déficit; en vouloir trop serait la faillite, donc le chômage". C'est un moyen fort pratique pour faire taire les gens, et les syndicats ne s'en privent pas. Ce qu'il faut savoir c'est que même si l'entreprise fonctionne bien et le système dans son ensemble également, les besoins de la compétitivité entraînent également des licenciements et du chômage.

Les moyens techniques actuels ne peuvent être valables que si l'on change les rapports de production, si on en finit avec le travail salarié. Nous n'avons pas à nous préoccuper du bon ou du mauvais fonctionnement d'une entreprise, notre problème n'est pas de lutter contre une prétendue crise économiquemais contre l'exploitation et la misère capitaliste. En fin de compte, lorsqu'on lit les revues de ceux qui, tant bien que mal, se proclament révolutionnaires, «experts » en matérialisme historique et dialectique, brandissant la citation de Marx qui les immunises contre toute critique, nous sommes contraints de constater une chose: chez tous ces possesseurs du savoir révolutionnaire, en fin de compte, s'il faut détruire le capitalisme, c'est parce qu'il est en crise économique irréversible, parcequ'il n'y a plus croissance des forces productives possible mais au contraire un ralentissement qui rapidement l'amènerait à la croissance zéro.

Et bien, nous, nous disons non. Le prolétariat, dès son apparitionavait pour tâche la destruction du capitalisme, car il était et est encore la seule contradiction susceptible de transformer la société.

Le prolétariat n'est pas révolutionnaire qu’historiquement parceque le capitalisme est incapable de développer les forces productives, mais au contraire parceque dès le début la croissance des forces productives se réalisait grâce à son exploitationSi aujourd'hui les conditions pour la victoire de la révolution communiste mondiale sont mûres, et archi-mûres, c'est d'une part parceque le prolétariat s’est déjà manifesté en tant que classe révolutionnaire mondiale, et parceque la croissance même des forces productives est entrée en contradiction avec le développement social. Le seul développement possible aujourd’hui, passe par la destruction de tous les rapports sociaux existants.
  
[Article paru dans Alarme No5 JUIL.-AOUT-SEPT.79]