Jaurès, émergence d’un nouveau mythe ou éloge de
l’opportunisme ?
Qu’est ce que le socialisme de Jaurès ?
L’itinéraire d’un bourgeois
républicain social patriote, opportuniste, révisionniste,
social-catholique doublé d’un colonialiste aux visées impérialistes ! Jean Jaurès, était un homme
politique français, né à Castres le 3 septembre 1859 et mort à Paris le 31
juillet 1914. Issu de la bourgeoisie et agrégé de philosophie, il commence sa
carrière politique comme député républicain. Puis il adhère définitivement au « socialisme »
après la grande grève des mineurs de Carmaux et s’oppose aux lois scélérates.
En 1905, il est un des rédacteurs de la loi de séparation des Églises et de
l’État. La même année, il participe à la création de la Section française de
l’Internationale ouvrière (SFIO), dont il est l’acteur principal, unifiant
ainsi le mouvement socialiste français. Ses positions réformistes lui valent
toutefois l’opposition d’une partie de la gauche révolutionnaire.
Il
consacre les dernières années de sa vie à empêcher, en vain, le déclenchement
de la Première Guerre mondiale, et se lie aux autres partis de l’Internationale
ouvrière, faisant planer la menace de grève générale au niveau européen. Ces
positions pacifistes lui valent d’être assassiné par le nationaliste Raoul
Villain à la veille du début du conflit. Cet assassinat atteint d’ailleurs son
but, car il facilite le ralliement de la gauche, y compris beaucoup de « socialistes
« à l'« Union sacrée ». Après tout Jaurès n’avait-il pas dit - "A
celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien." il évoqua quand même la
nécessité pour chacun, si le conflit devait advenir, de mener « la guerre
sainte pour notre France bien-aimée » Jaurès mourut alors comme il vécut,
en grand bourgeois opportuniste.
Exploiter
les colonies ; la manière humaniste
Jaurès,
professeur à la Faculté des lettres de Toulouse, est un républicain français.
La colonisation est pour lui un processus gagnant-gagnant. C’est une œuvre d’enrichissement
intellectuel pour les colonisés, qui apprennent une vraie langue, et d’enrichissement
matériel pour les colonisateurs qui, eux, savent déjà le français.
Notre
grand humaniste exprime les choses très clairement : les indigènes doivent
produire (c’est-à-dire travailler pour les colons) et maintenir l’ordre (tout
en étant subordonnés aux officiers français). Le fait qu’on les manipule en les
faisant " participer à l’administration de rares affaires " est la
manière républicaine de les exploiter.
Discours
pour l’Alliance française, Albi, 1884
"…
Quand nous prenons possession d’un pays, nous devons amener avec nous la gloire
de la France, et soyez sûrs qu’on lui fera bon accueil, car elle est pure
autant que grande, toute pénétrée de justice et de bonté. Nous pouvons dire à
ces peuples, sans les tromper, que jamais nous n’avons fait de mal à leurs frères
volontairement : que les premiers nous avons étendu aux hommes de couleur
la liberté des Blancs, et aboli l’esclavage […]; que là enfin où la France est
établie, on l’aime, que là où elle n’a fait que passer, on la regrette ;
que partout où sa lumière resplendit, elle est bienfaisante ; que là où
elle ne brille plus, elle a laissé derrière elle un long et doux crépuscule où
les regards et les cœurs restent attachés. "
"…
L’Alliance a bien raison de songer avant tout à la diffusion de notre langue :
nos colonies ne seront françaises d’intelligence et de cœur que quand elles
comprendront un peu le français. […] Pour la France surtout, la langue est l’instrument
nécessaire de la colonisation. […]
Il
faut que les écoles françaises multipliées, où nous appellerons l’indigène,
viennent au secours des colons français, dans leur œuvre difficile de conquête
morale et d’assimilation. […]
Sur
un million de Kabyles et d’Arabes, un centième à peine est passé dans nos
écoles qui sont trop rares ; le reste nous ignore tout à fait et n’est
français que par la conquête. Or quelle doit être notre ambition ? Que les
Arabes et les Kabyles, commandés par des officiers français, servent à la garde
et à la police de l’Algérie, de telle sorte qu’une bonne partie de l’armée d’Afrique
puisse en cas de péril aller à une autre frontière : qu’ils entrent peu à
peu dans nos mœurs politiques et participent à l’administration de rares
affaires, enfin qu’ils deviennent le plus possible des producteurs. Mais si
nous n’enseignons pas le français aux plus intelligents d’entre eux, comment
pourrons-nous les subordonner à nos officiers […] ? " Raoul Girardet :
Le nationalisme français, Ed. Seuil, 1983
On
a fait le tour de la Kabylie, il y a deux ans, pour leur demander s’ils
voulaient des écoles françaises ; ils ont accepté avec reconnaissance et
leurs anciens ont remercié la France. Comment nos écoles ne seraient-elles pas
aimées de ces peuples. [Jaurès fait volontairement l’impasse sur l’insurrection
Kabylie en 1870-1871, la révolte des djouad après les rapines de Mac-Mahon, les
massacres, les mensonges et les trahisons. Toute la politique française tendait
à morceler les tribus et à diminuer l’influence des grandes familles afin de
rendre l’armée française indispensable à l’ordre et d’éviter la formation de
toute coalition pouvant amener les tribus arabes à former un front unique
contre la domination française.] Cité in Encyclopédie berbère
Idem
pour Viêt Nam, Jaurès
vota sans hésiter les crédits militaires pour le maintien de la présence française
au Tonkin en 1887 et, lorsqu’il évoque les années 1870 et 1871 dans son
Histoire socialiste, ce sera pour y dire son amour de la patrie blessée, « la
nation française humiliée », et non pour y parler de la Commune.
Se partager le gâteau, pacifiquement et en toute bonne conscience
Dans
cet article de Jaurès, paru en 1896 dans La petite République, le plus
remarquable est que les peuples colonisés sont condamnés à la passivité. L’amélioration
de leur sort dépend entièrement des socialistes des pays colonisateurs, qui par
ailleurs se donnent pour tâche de préserver, par l’entente, les intérêts
économiques de leurs pays respectifs. L’intérêt des populations dominées est
seulement de subir le traitement "le plus humain".
"La
première règle pratique, c’est de veiller constamment à ce que les compétitions
coloniales des divers peuples ne puissent jamais aboutir entre eux à la guerre.
Il faudra pour cela que les socialistes aient le courage, chacun dans sa
nation, de blâmer les prétentions excessives. Les socialistes n’y pourront
réussir et ne pourront même s’y employer sérieusement qu’en suivant de très
près, et pour ainsi dire au jour le jour, le mouvement colonial.
La
deuxième règle, pour les socialistes de tous les pays, sera de demander pour
les peuples vaincus ou les races soumises de l’Asie, de l’Amérique, de l’Afrique
le traitement le plus humain, le maximum de garanties. Qu’il s’agisse des
Hindous dominés par l’Angleterre, des Arabes dominés par la France ou des races
africaines que se disputent et se partagent tous les peuples de l’Europe, c’est
le devoir des socialistes de prendre, dans le Parlement de chaque pays, l’initiative
des propositions humaines ou des protestations nécessaires. Cette action
socialiste se produira, en chaque pays, avec d’autant plus de force et d’autorité
qu’elle sera universelle et universellement probe, et que nul ne pourra y
soupçonner un piège.
Enfin,
il me semble que les socialistes devraient avoir comme troisième règle de
marquer de plus en plus d’un caractère international les principales forces
économiques que se disputent avidement les peuples. Il est visible par exemple,
à l’heure actuelle, que tous les peuples européens cheminent vers les sources
du Nil, parce que la possession du haut Nil et des grands lacs africains donne
la maîtrise de l’Égypte et de tout le développement africain : c’est là le
secret de tous les efforts, publics ou cachés, de toutes les combinaisons,
loyales ou perfides, des peuples européens en Afrique, depuis dix ans surtout ;
et il est possible que ces rivalités, en s’exaspérant, aboutissent à la guerre.
Pourquoi un système de garanties internationales n’assurerait-il pas le libre
passage du Nil, de la source à la mer, à toutes les activités, comme on a fait
déjà pour le Danube et pour le canal de Suez ?"
Un
sang impur dans les colonies ?
Dans
l’article "La question juive en Algérie" du 1er mai 1895, publié dans
La Dépêche, grand quotidien de gauche de Toulouse, Jean Jaurès alors âgée de 36
ans, donne son opinion sur les Juifs. Depuis 1892, Jaurès voit dans l’antisémitisme
un "véritable esprit révolutionnaire".
L’antisémitisme
populaire, qui se double d’un anticapitalisme, était regardé par un certain
nombre de socialistes français historiques (Fourier, Proudhon, Lafargue,
Rochefort entre autres) comme un mouvement sympathique, propre à ébranler le
grand Capital.
Dans
les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les
Juifs, c’est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus
des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce,
les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. […]
En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis
dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la
puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes
institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils
agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent
et du nombre."
Michel
Winock, La France et les Juifs, Ed. Seuil, 2004
À
propos des Juifs, (Jaurès a alors 38 ans ; il n’est pas un jeune écervelé),
Il
n’y a pas que l’Algérie : "Nous savons bien que la race juive,
concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du
gain quand ce n’est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu’elle
manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de
rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion".
Discours
de J. Jaurès au Tivoli en 1898 ; cité par B. Poignant, Ouest-France 13
décembre 2005
Jaurès
et le patronat
C’est
Jaurès qui écrivait : « Je ne saurais trop vous redire : le
capital et le travail sont inséparables. Il faut des patrons aux ouvriers comme
il faut des généraux aux soldats. »
Les
misères du patronat : « Il n’y a de classe dirigeante que courageuse.
À toute époque, les classes dirigeantes se sont constituées par le courage, par
l’acceptation consciente du risque. Dirige celui qui risque ce que les dirigés
ne veulent pas risquer. Est respecté celui qui, volontairement, accomplit pour
les autres les actes difficiles ou dangereux. Est un chef celui qui procure aux
autres la sécurité, en prenant sur soi les dangers.
Le
courage, pour l’entrepreneur, c’est l’esprit de l’entreprise et le refus de
recourir à l’État ; pour le technicien, c’est le refus de transiger sur la
qualité ; pour le directeur du personnel ou le directeur d’usine, c’est la
défense de la maison, c’est dans la maison, la défense de l’autorité et, avec
elle, celle de la discipline et de l’ordre.
Dans
la moyenne industrie, il y a beaucoup de patrons qui sont à eux-mêmes, au moins
dans une large mesure, leur caissier, leur comptable, leur dessinateur, leur
contremaître ; et ils ont avec la fatigue du corps, le souci de l’esprit
que les ouvriers n’ont que par intervalles. Ils vivent dans un monde de lutte
où la solidarité est inconnue. Jusqu’ici, dans aucun pays, les patrons n’ont pu
se concerter pour se mettre à l’abri, au moins dans une large mesure, contre
les faillites qui peuvent détruire en un jour la fortune et le crédit d’un
industriel.
Entre
tous les producteurs, c’est la lutte sans merci ; pour se disputer la
clientèle, ils abaissent jusqu’à la dernière limite, dans les années de crise,
le prix de vente des marchandises, ils descendent même au-dessous des prix de
revient. Ils sont obligés d’accepter des délais de paiement qui sont pour leurs
acheteurs une marge ouverte à la faillite et, s’il survient le moindre revers,
le banquier aux aguets veut être payé dans les vingt-quatre heures.
Lorsque
les ouvriers accusent les patrons d’être des jouisseurs qui veulent gagner
beaucoup d’argent pour s’amuser, ils ne comprennent pas bien l’âme patronale.
Sans doute, il y a des patrons qui s’amusent, mais ce qu’ils veulent avant
tout, quand ils sont vraiment des patrons, c’est gagner la bataille. Il y en a
beaucoup qui, en grossissant leur fortune, ne se donnent pas une jouissance de
plus ; en tout cas, ce n’est point surtout à cela qu’ils songent. Ils sont
heureux, quand ils font un bel inventaire, de se dire que leur peine ardente
n’est pas perdue, qu’il y a un résultat positif, palpable, que de tous les
hasards il est sorti quelque chose et que leur puissance d’action est accrue.
Non,
en vérité, le patronat, tel que la société actuelle le fait, n’est pas une
condition enviable. Et ce n’est pas avec les sentiments de colère et de
convoitise que les hommes devraient se regarder les uns les autres, mais avec
une sorte de pitié réciproque qui serait peut-être le prélude de la justice ! »
Jean
Jaurès alors âgé de 31 ans - 28 mai 1890 - La Dépêche de Toulouse.
L’affaire
Dreyfus
Au
début de l’affaire Dreyfus, Jaurès ne prend pas clairement position. Il va même
jusqu’à condamner dans un premier temps la sentence de déportation, jugée trop
clémente (un simple sous-officier aurait été purement et simplement condamné à
mort). À propos de l’affaire Dreyfus. Qu’écrivait Jaurès en décembre 1894, deux
jours après la condamnation ? « On a surpris un prodigieux
déploiement de la puissance juive pour sauver l’un des siens. […] Dreyfus
livrait des documents secrets pour de l’argent, voilà tout. » Et, quelques
années plus tard, en évoquant Émile Zola et son fameux « J’accuse… ! » :
« Derrière
lui, derrière son initiative hardie et noble, toute la bande suspecte des
écumeurs juifs marche, sournoise et avide, attendant de lui je ne sais quelle
réhabilitation indirecte, propice à de nouveaux méfaits. ». Cependant, à
la suite de la pression populaire et politique, et aussi grâce à l’engouement
de la jeune promotion normalienne et en particulier de Lucien Herr, convaincu
par les militants allemanistes et par le "J’accuse" de Zola.
Les
socialistes et l’humaniste Jaurès, prennent le train en marche, et se mettent à
défendre Alfred Dreyfus. La popularité de l’affaire Dreyfus est une opportunité
pour Jaurès de rentrer pleinement dans l’histoire. L’affaire met en jeu non
seulement une injustice individuelle, mais le respect de l’humanité elle-même.
Elle pose le problème du mensonge et de l’arbitraire des grandes institutions,
notamment de l’armée qui entend avoir une "justice" séparée. En
outre, les droites catholique et nationaliste instrumentalisent l’affaire en
vue de renverser la République.
"Sans
la République, le Socialisme est impuissant, sans le Socialisme, la République
est vide."
Il
s’oppose alors aux marxistes orthodoxes, dont le meneur, Jules Guesde, pour qui
Dreyfus est un officier bourgeois et donc sa défense ne serait pas prioritaire
(le souvenir de la répression sanglante de la Commune de Paris, et d’autres
révoltes ouvrières, est pour beaucoup dans la défiance ouvrière envers la cause
d’un officier bourgeois). Mais pour Jaurès, l’accablement de malheurs et d’injustices
dont Dreyfus est victime gomme les différences de classe. Dreyfus n’est plus un
privilégié ou un exploiteur : il est un homme qui souffre injustement.
Même
s’il reconnaît la lutte des classes, pour Jaurès, l’humanité ne fait qu’une et
l’homme de gauche doit s’impliquer dans la République pour une révolution
démocratique et non violente. En 1904, le congrès de la deuxième Internationale
lui préfère les idées de Jules Guesde mais les élections indiquent une faveur
contraire : 31 députés à Jaurès et 12 à Guesde. Pour Jaurès, la grève générale
est trompeuse et vaine. Pour être viable, elle nécessiterait des conditions
difficilement réalisables. Soucieux de ne pas se couper du monde du travail,
Jaurès lui reconnaît néanmoins une vertu : « La grève générale,
impuissante comme méthode révolutionnaire, n’en est pas moins, par sa seule
idée, un indice révolutionnaire de la plus haute importance. Elle est un
avertissement prodigieux pour les classes privilégiées, plus qu’elle n’est un
moyen de libération pour les classes exploitées »…
"La
République c’est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance
religieuse, à avoir sa part de la souveraineté."
L’opportuniste
Jaurès est un florilège a lui tout seul, justifiant toutes les récupérations
politiques de l’extrême gauche à l’extrême droite, il n’aura eu de cesse
d’appeler chaque homme à se livrer à « cette action vaillante et juste qui
continue, en quelque sorte, l’œuvre de Dieu ».
Jaurès
pouvait à la fois affirmer que « Le capitalisme porte en lui la guerre
comme la nuée porte l’orage » et que les peuples doivent défendre la
patrie… et de l’autre…. « La patrie n’est pas une idée épuisée, c’est une idée
qui se transforme et s’agrandit » (Jean Jaurès dans L’Armée nouvelle).
À
chacun son Panthéon
Raoul
Villain fils cadet d’une
famille appartenant à la petite bourgeoise provinciale son père est greffier en chef du tribunal civil de Reims. En
1904, séduit par le membre du Sillon, le mouvement chrétien social de Marc
Sangnier (créateur des auberges de jeunesses) jusqu’à sa condamnation par Pie X
en 1910, puis adhérent de la « Ligue des jeunes amis de l’Alsace-Lorraine »,
groupement d’étudiants ultra-nationalistes d’extrême droite où il joue un rôle
effacé, il reproche à Jaurès de s’être opposé à la loi sur le service militaire
de trois ans.
L’assassin
de Jaurès sera reconnu innocent et acquitté, la bourgeoisie débarrassée du
trublion Jaurès, lui donnera raison, laissant une porte béante à la première
boucherie mondiale !
Le
petit Raoul est libéré cinq ans plus tard, il vivote aux crochets paternels
pendant treize longues années… Jusqu’au miracle inespéré, l’héritage d’une
tante (à moins que ce ne soit de son
Oncle, terme plus communément employé dans ces cas-là) oubliée qui renfloue
son compte en banque et l’encourage à tailler la route. Il voulait partir pour
Tahiti. Ce sera finalement Barcelone puis, en 1933, Ibiza où la rencontre
surréaliste du petit-fils de l’illustre Gauguin lui redonne la pêche. Les deux
hommes construisent une villa à l’architecture contestable. Qu’ils n’habiteront
pas. Le 14 septembre 1936, en pleine guerre d’Espagne, les Républicains passent
le meurtrier de Jaurès par les armes, sans savoir qui il était. À Reims, la
tombe familiale porte toujours son nom. Mais son corps, lui, n’est jamais
revenu. Raoul Vilain toute comme Jaurès, était atteint d’un mysticisme patriotico-religieux
investi d’une mission… Servir la France et Dieu.
Quant
à nous, nous laissons Jaurès à tous les bonimenteurs du capital qui n’ont que l’audace
de leurs fourberies, pour prétendre auprès
des ignorants avoir quelque chose avec le socialisme.
Laissons
la conclusion à Engels dans une lettre adressée à Paul Lafargue, écrite le
6 mai 1894 :
« Puis
ce M. Jaurès, ce professeur doctrinaire, mais ignorant, surtout en économie
politique, talent essentiellement superficiel, abuse de sa faconde pour se
forcer dans la première place et poser comme le porte-voix du socialisme qu’il
ne comprend même pas. »