Réponse à B.R : à propos de : C’est quoi
pour vous les syndicats ?
Question N°1,2,3 (Syndicats,
L’ennemi de classe, Les revendications)
REVENDIQUER, OUI, MAIS POUR NE PLUS AVOIR A LE FAIRE !
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Q :
C’est quoi pour vous les syndicats ?
Retour en arrière : Ce fut suite aux événements des
Canuts de 1831, que
les canuts du « Devoir Mutuel » vont imposer une certaine
discipline au sein de la corporation et ceux qui bravent les décisions prises,
se voient sanctionnés par leurs délégués, une conception du type "syndicaliste"
de la profession se développe. En 1831, l'ancien garde national Monfalcon, premier
"historien" des révoltes des canuts, écrit : "une
des plus fatales conséquences des événements de novembre, sera de faire des
ouvriers une classe politique" et là, il n'y a pas d'erreur pour
les républicains, "Après les événements de novembre [...],
tous les partis politiques se jetèrent sur Lyon comme sur une proie qui leur
était acquise. Ils
s'occupèrent avec une infatigable activité à élargir et à envenimer la grande
plaie lyonnaise, et se firent les flatteurs [...] des ouvriers, pour en faire un
instrument quand le moment sera venu.
Il faut bien admettre qu'à ce moment-là, le
résultat de la lutte revendicative des canuts sur le plan social et des
salaires est une catastrophe, « Les fabricants (soyeux, les patrons négociants) vivent malgré ces aléas une période
prospère, et les journaux républicains opposent cette prospérité insolente aux conditions
de vie toujours précaires des canuts malgré les augmentations de salaire suivit
d’une hausse du prix de la farine, du bois de chauffage etc... ». Le fait nouveau pour les républicains fût de
découvrir les prémisses d’un syndicalisme naissant, celui des canuts.
Les canuts serviront de caution sociale aux
politiciens républicains, sauf, qu'il leur
fut impossible de soudoyer un “leader“, ce mouvement n'ayant pas fait émerger
de "chef". Il faudra attendre à peine vingt ans pour y
parvenir. En 1848, lors de la Deuxième République, toutes les fripouilles,
orléanistes, monarchistes, radicaux, deviennent
des républicains, les socialistes en tête, la soupe républicaine deviendra la
manne salutaire d'une classe d'idiot consanguin, heureux de confondre leur
portefeuille ministériel à celui plus personnel qui fera leur fortune ! D'ailleurs, ça n'a pas changé depuis. Seule une poignée d’irréductibles
révolutionnaires les plus combatifs, les plus décidés, les plus conscients auront
suffisamment de courage et de lucidité pour continuer à mener la lutte des
classes !
En 1864, le mouvement ouvrier français
essentiellement constitué d'ouvriers qualifiés des villes s'organise dans les
chambres syndicales. Fortement
influencé par les thèses de Proudhon, et des blanquistes, c'est la fondation de l'association
internationale des travailleurs, au cours de laquelle Marx élabore une
résolution sur les syndicats, leur assignant : à la fois un objectif de lutte
immédiate pour défendre les ouvriers contre le capital par la grève générale,
incluant l'objectif de lutte pour abolir le système du salariat. (Objectif
repris en 1895 lors du congrès constitutif de la CGT, inutile de préciser que
ces objectifs ne seront jamais appliqués).
Waldeck-Rousseau, ce
grand bourgeois libéral fera sa prise de conscience sociale pendant les grèves
de 1878-1880. Il ne s'agit pas
pour lui, et ses amis, de remettre en cause l'ordre et l'organisation du
travail de la société capitaliste avec ses dispositifs essentiels tel le
salaire à la tâche ; mais plutôt
d'inventer des garde-fous pour préserver un ordre social que les institutions
patronales ne suffisent plus à maintenir. Sorlin, le biographe de l'opportuniste Waldeck-Rousseau,
décrit ainsi la philosophie sociale des républicains : en 1880, le pari de Waldeck-Rousseau et de ses amis, entre autres Barberet,
est de favoriser l'association ouvrière « comme régulateur, et agent d'équilibre
des forces sociales ».
« Lorsque les travailleurs s'unissent, la discussion naît plus facilement et les plus raisonnables retiennent les moins évolués. L'ouvrier encadré par ses camarades, obligé de tenir compte de leurs réserves, de leurs craintes se livrera moins facilement à des excès condamnables que le prolétariat livré à lui-même... »
C'est la naissance de l'Union des chambres syndicales de
France animée par Barberet. En
1884, la loi Waldeck Rousseau, qui n'est d'ailleurs pas de
lui bien qu'elle en porte son nom, autorise la création des syndicats. 1895
: création de la CGT. Je vous fais grâce des
turpitudes. La suite, nous la
connaissons que trop bien, la fameuse charte d'Amiens de 1906 sera l'occasion
pour les syndicats de se répartir l'encadrement de la classe ouvrière et rien
d'autre ! C'est par cette déclaration
solennelle, faite sur la tombe de Jaurès, que Jouhaux représentant de la CGT
fera de la classe ouvrière, "des
soldats de la liberté ", c'est-à-dire de la chair à canon dans la
première boucherie mondiale, pour servir les intérêts du capitalisme français. Ce n'est pas dans les écrits, mais
dans les faits que le syndicalisme c'est illustré; chauvin, nationaliste, opportuniste,
corporatiste, il est allié objectif du capitaliste contre l'émancipation du
prolétariat. La charte d'Amiens de
1906 n'ayant été qu'un faire-valoir dans les statuts de la CGT pour mieux
canaliser les éléments les plus combatifs, mais aussi les plus crédules du
syndicalisme de 1906, comme le furent Pierre
Monatte et Alfred Rosmer.
Juin 36 grèves générales en France, indépendamment de toute
action syndicale; les syndicats avoueront par la voix de Léon Jouhaux, le 15
juin : « le mouvement s'est déclenché sans qu'on sût exactement comment et où »
Thorez terminera par cette phrase « Il faut savoir terminer une grève dès que
satisfaction a été obtenue », l'ordre bourgeois est rétabli !
Mai 68 la grève générale en France, indépendamment de toute
action syndicale: les syndicats prennent l'initiative d'entamer des
négociations le 25 mai entre le gouvernement, le patronat, celles-ci
aboutissent à des accords d’abord “émargés“ au ministère des affaires sociales,
rue de Grenelle. Les syndicats veulent d'abord s'assurer de la température du
"peuple". Ces accords prévoient l'augmentation du SMIG (salaire
minimum) de 25%, des salaires de 10% et la réduction du temps de travail. Mais
ces concessions ne satisfont pas la base ouvrière et la grève continue. Le 27
mai, les accords seront signés. C’est deux grèves contrairement aux
affirmations fallacieuses ne sont pas dues aux syndicats, mais à un mouvement de masse qui
mûrissait depuis plus de 4 ans, la
grève générale de mai-juin 1968 est venue de loin, les syndicats et la vermine
stalinienne du P“C“F la contenaient
depuis bien longtemps! Le 30 mai de Gaulle, annonce la dissolution de
l'Assemblée nationale, de nouvelles élections dès que la grève générale aura
cessé. Les dirigeants des “partis ouvriers“ vont adopter cette " perspective
politique ” d’une élections, pour désamorcer politiquement la grève générale,
la réduire à une somme de grèves partielles. Corporation après corporation,
entreprise après entreprise, les dirigeants syndicaux engagent de nouvelles
" négociations ”. Ils émiettent peu
à peu la grève générale et la liquident. Le 30
mai, il n'y a plus rien à voir, Séguy et Krasucki appellent à la reprise du
travail. On peut dire que le 10 juin la grève générale est terminée. . L'ordre bourgeois est rétabli !
Toute l'histoire du syndicalisme, montre qu'il
n'y a jamais eu de syndicats politiquement indépendants du pouvoir des classes
dominantes, et de leurs partis, ceux qui ont prétendu s'en exclure ne l'on fait
que pour mieux masquer l'orientation politique qui était la leur ! Parler des syndicats comme étant des
organisations “réformistes“ est
un non-sens, au pire une imposture visant à dévoyer le prolétariat d’un affrontement
qui lui est indispensable a son émancipation ! Refuser d'inscrire cette
perspective comme préalable à toute émancipation du prolétariat, est pour nous
une frontière de classe.
Jamais les syndicats n'ont émis l'idée d'un
passage graduel au socialisme par une série continuent de réformes, ni dans les
faits ni dans leurs statuts. Les
mots ont une signification sinon c'est de l'escroquerie. De plus comment
peut-on affirmer que des syndicats "réformistes" se sont rendus aptes
à servir de cadre au développement de la conscience de classe* !
Quelle conscience de classe
aurait pu apporter ce “pseudo-réformisme“ à la classe ouvrière? Sinon celle de sa soumission aux
diktats de ses exploiteurs. (*Plate-forme,
Les syndicats théorie du CCI- RI et autres
scissionnistes de ce courant (le GIGC entre autre) qui véhiculent
toujours les mêmes inepties).
« Les syndicats sont directement intéressés à ce qu'il y ait quelque chose à
revendiquer, chose impossible sans que le prolétariat continue indéfiniment à
être prolétariat, force de travail salarié ; les
syndicats représentent la pérennité de la condition des prolétaires ; vendre la force de travail à ses
acheteurs est la condition de son existence actuelle, en même temps que cela
prépare son existence future, on le verra par la suite. Représenter la pérennité de la
condition de prolétaire, c'est accepter et représenter aussi la pérennité du
capital ».G.Munis
Rien dans l'histoire du mouvement ouvrier n'a
égalé la "syndicratie", cette bureaucratie
syndicale qui n'a cessé d'enlever au prolétariat la confiance en sa force de
classe, de le priver de son élan émancipatoire. Rien
de pire pour la classe ouvrière, sinon le stalinisme, conjointement orchestré
par les partis politique prétendument ouvriers "communistes" où
"socialistes" ! Les
syndicats ont été de tout temps la fraction la plus réactionnaire inféodée à la
pérennité du capital, par le négoce de notre force de travail, qu'il a toujours
considéré comme sa "marchandise". Notre
pratique consiste à réaffirmer avec encore plus de vigueurs, ce que toutes ces
fripouilles d'hier et d'aujourd'hui, ce sont ingénier à dénaturer du projet
humain de notre classe, "le communisme" !
Q : Pourquoi
est vous contre les syndicats ?
Lorsque l'on dit que la classe ouvrière doit quitter les
syndicats, ce n'est pas pour créer une organisation autonome pour pallier à de
quelconques "carences du syndicalisme" mais bien de s'y opposer, pour
les combattre en tant qu'ennemi de classe. Le syndicalisme ne s'inscrit pas dans
l'antagonisme de classes, il est fondamentalement lié au capital au sein du
système lui-même, empêchant la capacité pour le prolétariat de se rapporter à
lui-même comme classe contre le capital. En s'affrontant aux syndicats, le
prolétariat s'affrontera au capital lui-même. C'est la lutte des classes, ce n'est
plus des travailleurs qui s'auto-organisent comme travailleurs, ni le recyclage
du syndicalisme, au contraire, c'est son affirmation de classe révolutionnaire
dans l'abolition du capital...
Nous ne devons pas fétichiser les formes qui ne
sont pas grand-chose si l'objectif, des revendications ne visent les rapports
sociaux dans leur ensemble. C'est
seulement sur ces bases qu'il sera possible de trouver la solidarité effective
des autres travailleurs et l'extension des luttes par-delà les frontières. Il est évident, qu'avec l'apparition
d'une "coordination" nationale voir au-delà, avec des délégués élus
par la base et révocables à tout moment, implique l'exclusion de la
représentativité des organisations syndicales, à contrario cela signifierait
que cette coordination n'a pas rompu de l'esprit syndicaliste ni dans sa forme
ni dans son contenu ! De plus, la
révocabilité des délégués n'est pas non plus une garantie, si ceux-ci ne sont
mandatés dans des fonctions claires et précises par l'ensemble de la base.
Plus grave encore, que la coordination remplace
les syndicats pour obtenir satisfaction sur les revendications corporatistes,
de grille, de hiérarchisation, de pénibilité, d'âge, de sexe, etc. tous les paramètres habituels qui cherchent
à briser l'unité de classe.
« Pour nous, aujourd’hui la
défaite d’une grève anti-syndicale est préférable à n’importe quelle victoire
impartie aux syndicats. Celle-ci barre la route aux luttes révolutionnaires,
celle-là jalonne et consent aux travailleurs une expérience propre. » G.Munis
Aujourd’hui les syndicats font accepter, les revendications
du “maintien de l'entreprise“ par
le sacrifice “du maintien de l’emploi“, habile tour de passe-passe, qui
signifie le licenciement de certains travailleurs et le maintien d’autres,
qu'ils s'empresseront de déclarer comme étant des “emplois sauvés». Ou encore
des pertes de salaire et des aggravations de l'exploitation, par des heures non
payées. Accepter
ce chantage entraîne toujours la défaite, non seulement pour les ouvriers
concernés, mais pour l’ensemble de la classe ouvrière : c'est
ce qui s'est passé chez les Conti, Bosch, Axa, Michelin et actuellement à la
Redoute ou encore dans l'agro-alimentaire en Bretagne ou les travailleurs dont
l'emploi fut soi-disant “sauvé“, ont refusé de se solidariser de ceux
qui étaient licenciés ! Les méthodes du
capitalismes et des syndicats étant, on ne peut plus clairs, d'abord
régionaliser les licenciements pour éviter l’annexion à d’autres secteurs en
luttes, ensuite licencier un certain nombre d'effectifs pour diviser les
ouvriers entre ceux qui perdent leur emploi de ceux qui les conservent, pendant
que les syndicats négocient en coulisses la vente à la baisse ou à la réforme du
bétail humain… !
Les prolétaires n'ont pas à revendiquer que quelques miettes de
plus au système marchand, mais ils doivent rejeter toute grille, quelle qu'elle
soit, et toute hiérarchie des salaires. Notre lutte doit avoir lieu dans la
perspective de nous approprier toutes les richesses que nous produisons en tant
que prolétaires et de renverser le cycle économique pour satisfaire la
consommation et la distribution en fonction des besoins
humains et non du profit.
Droite, gauche, syndicats ne cessent pas de nous parler de plans
de restructuration pour sauver l'économie capitaliste nationale et
internationale, ou des risques de paralysie de celle-ci à cause d'une grève
prolongée. Nous n'avons pas de patrie, le capitalisme n'en a pas non plus quand
il spécule ou délocalise, affame et tue dans les cinq continents de la planète,
puisqu'il nous considère comme de simples objets qui possèdent une force de
travail pour produire, comme une masse qui doit accepter éternellement de se plier à.
la logique de l’exploitation. Nos luttes
démontrent que le prolétariat est la classe qui produit la richesse sociale
dans le monde entier, à l'Est comme à
l'ouest, et qu'elle est capable de changer sa condition misérable d'exploitée
si elle entreprend une lutte décisive pour la révolution sociale.
Q : Vous n'appelez pas la classe à revendiquer ?
Je
pense que vous avez mal lu, reportez-vous à la brochure "Pour un
second manifeste communiste“
Contrairement à certain, nous refusons l’immobilisme des groupes
des gauches communistes incapable d'une intervention de classe, certainement dû
à des expériences qui ne furent pas toujours à leurs avantages. Il
est vrai que d'écrire au sujet de l'histoire est beaucoup plus confortable que
de s'impliquer dans le cours de l'histoire. Le communisme est un mouvement, c’est
la moindre des choses pour un communiste, que de s'impliquer dans ce mouvement.
Pour nous, il est indispensable qu'un vaste mouvement
prolétarien axe toutes ses attaques contre l'accumulation du capital, ce qui
renforcera et stimulera chaque fois plus son unité et son action. Telle doit
être la base d'une réelle solidarité de classe. Pas un seul licenciement ! Pas
un seul chômeur ! Augmentation du salaire réel, diminution massive des heures
de travail ! Réduction drastique de l'intensité de ce même travail (aliéné au
sein du capital).
Lorsque nous appelons à la diminution massive du
temps de travail et la “répartition du travail“ entre tous (les travailleurs et les chômeurs) sans diminution de salaire, ce n'est
pas une revendication de plus, c'est un ultimatum de classe qui ne s'adresse
pas uniquement à la bourgeoisie nationale, mais au système capitaliste tout en
entier.
Ce n'est pas le partage du travail tel qu'il est formulé par
les trotskistes de “Lutte Ouvrière“, qui n'est rien d'autre qu’un aménagement
de la misère entre prolétaires, en laissant les mains libres au capital
d'imposer ses exigences. Ce n'est pas aux travailleurs de partager leurs emplois,
ni de parrainer ni d'aménager leurs esclavages, nous ne voulons pas pointer le matin à l’usine et l’après-midi à pôle emploi, il ne
s’agit pas là d’un élément de langage !
Pour nous “ la diminution massive du temps de travail et
la “répartition du travail“ entre tous (les
travailleurs et les chômeurs) sans
diminution de salaire“ c’est une injonction faite au capital... non parce qu'on se complaît dans l'esclavage, mais parce qu'on est solidaire de nos frères de
classe, tant que les classes ne seront pas
abolies par notre force.
Lorsque nous appelons à la distribution
gratuite, aux couches sociales les plus défavorisées et sans distinction
de frontière, des vivres et des produits de consommation stockés comme
“excédents de production“. Encore une fois nous sommes loin des pleurnicheries
des associations caritatives, des gestionnaires de la misère sociale et autre
distributeurs de vie en perfusion !
La nécessité de libérer toute l'humanité du joug du capital se
trouve dans l'objectif final seul capable de nous assurer un monde sans
exploitation, sans classes et sans Etat. Cet objectif doit toujours être mis en
avant en créant et en alimentant les multiples formes d'organisation et de
lutte capables de forger un vaste mouvement révolutionnaire.
C'est par des mots d'ordre unificateurs qui dépassent la
revendication que les prolétaires visent les rapports sociaux dans leur
ensemble. C’est en attaquant de plein fouet
l'accumulation du capital dans la perspective de son abolition par la prise du
pouvoir politique du prolétariat. Et c'est
justement ces mesures qui restent étouffées par les entraves syndicales, en les
dévoyant constamment sur la hiérarchisation, la division salariale. Au-delà de ce champ d’action, le prolétariat ne peut proposer de positif
que le communisme.
1.
Pour un
second manifeste communiste. F.O.R
2.
Bruno Mattei, Rebelle, rebelle! : révoltes et mythes du mineur, 1830-1946, Ed Champ Vallon
4.
Les syndicats contre la révolution
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