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30/05/2020

DE TOUS LES VIRUS LE CAPITAL EST LE PLUS LÉTAL !



Depuis 3 bons mois maintenant, après qu’il soit apparu en Chine, le Coronavirus, dont l’apparition et la propagation sont favorisées par le mode de production et  de distribution marchand capitaliste au niveau mondial, a placé une grande partie de la population terrestre en « détention à domicile », sans surveillance électronique cependant. C’est, en règle générale, une prison plus confortable que celle des cellules ou des cachots des centres carcéraux, mais une prison tout de même. Et encore, pour certains, un nombre très important trop facilement oublié et ignoré, le domicile se réduit à une surface de 10 m2, voire à une seule pièce, où cohabitent suffisamment de personnes entassées pour rendre la distance obligatoire de prévention complètement illusoire. Il y a aussi ceux qui survivent dans la rue, assis ou couchés sur des bouts de carton. La nourriture pour tous ceux qui travaillaient au noir, qu’ils soient autochtones ou étrangers, avec ou sans papiers, c’est du pain rassis et de l’eau s’ils n’ont pas la chance d’être aidés par des associations caritatives ou par la solidarité directe de ceux qui vivent à proximité. Ne parlons pas des grandes concentrations de misère et de pauvreté dans les pays les moins développés, en Amérique latine, en Asie, au Proche Orient, en Afrique, où n’existent même pas les conditions minimales d’hygiène. Cela, bien sûr, est le moindre des soucis de la classe dirigeante, qui, après avoir réduit en général les budgets de la santé publique, où elle existe, pendant des années, ose affirmer maintenant que la santé passe avant l’économie. Ils nous prennent  pour quoi, au juste ?
Comme dans le cas de la grippe dite espagnole à la fin de la première guerre mondiale, en 1918, (qui soit dit en passant a fait entre 50 et 100 millions de morts dans le monde), la gravité du virus a été niée au début. À l’époque, face à l’évidence de sa propagation exponentielle et mortelle, la Triple Entente et la Triple Alliance se sont mutuellement accusées d’être à l’origine de la maladie qui s’est propagée de façon fulgurante dans les conditions désastreuses et misérables créées par la boucherie guerrière. Alors, seule la presse espagnole, pays neutre, avait pu parler librement de l’épidémie, d’où le nom de grippe espagnole. Aujourd’hui, pratiquement un siècle plus tard, ce sont deux des plus grandes puissances mondiales (les États-Unis et la Chine) qui se sont réciproquement accusées d’être à l’origine de ce Covid-19. La concurrence capitaliste se manifeste toujours sur tous les fronts !
Cette fois-ci, une fois la gravité reconnue, la plupart des pays se sont mis à émuler la ville de Wuhan, en Chine : interdiction de sortir, sauf pour aller se ravitailler dans les supermarchés, pour aller promener le chien sans s’éloigner du domicile, et pour se rendre à la pharmacie ou à la banque, un point c’est tout. Gare aux contrôles policiers et aux amendes désorbitées, et, selon les pays (la Russie et la Chine entre autres) gare aux lourdes peines de prisons ! Par contre, outre les caissières, les livreurs, les éboueurs, les routiers, les personnels sanitaires, les femmes de ménage (pardon, les techniciennes de surface !) , les travailleurs du secteur agroalimentaire etc., d’autres condamnés à la prison à domicile ont non seulement eu le droit de sortir mais ont même eu l’obligation de le faire pour aller… travailler, pour aller faire tourner la machine à profit qui en avait déjà pris un bon coup dans les dents avant même la pandémie qui sera bien sûr accusée de tous nos maux. La production doit reprendre au plus vite, même si en chemin des vies humaines sont sacrifiées, la classe dirigeante capitaliste trouvera facilement des remplaçants dans les longues listes du chômage endémique, cette grande armée de réserve dont elle se sert à merveille. Mais encore une fois, nos gouvernants, toutes tendances confondues, osent nous dire « la santé avant tout ! »
Il est impressionnant de constater la vitesse à laquelle « notre » système mondial d’exploitation a réussi à nous faire faire ce qu’il a voulu et quand il a voulu et de plus bien trop tard. Quelque part, ça fait froid dans le dos ! D’autant que malgré ces mesures, à la date du 14 mai 2020, il y avait déjà plus de 300 000 morts dans le monde (chiffres officiels à prendre avec des pincettes) ! Et cela parce que la Chine a tardé à reconnaître ce qui se passait à Wuhan, réprimant durement et faisant même disparaître ceux qui voulaient le rendre mondialement public ; parce que la plupart des pays ont préféré ne pas arrêter leurs activités productives et marchandes ; parce que dans la plupart des pays les moyens pour faire face à la pandémie ont fait lourdement défaut : manque de tests, manque de masques, manque de lits, manque de personnel soignant travaillant souvent sans les protections suffisantes… Le journal Le Monde supplément du week-end du 9- 10 mai a même révélé que les autorités françaises « compétentes » ont fait détruire des millions de masques chirurgicaux à partir de l’année 2011 et ce jusqu’en mars 2020, en pleine pandémie !
Nous pouvons donc affirmer, sans risque de nous tromper, que le système mondial capitaliste qui est le nôtre, basé sur la recherche constante du profit, est responsable de  la mort de la plupart des terriens touchés par la maladie, indépendamment de l’origine même de la pandémie.
Bien sûr, le capitalisme est encore loin des 19 millions de morts de la première guerre mondiale et des 70 millions de la seconde boucherie à la même échelle ! Et il est indéniable qu’il battrait tous ses records s’il en déchaînait une troisième. [Si nous laissons faire, nous n’aurons peut-être même plus l’occasion de le constater. Comme l’avait dit Einstein, après la troisième guerre mondiale, la suivante aurait probablement lieu avec des arcs et des flèches !] Rien de comparable non plus avec les 25 000 personnes qui meurent de faim tous les jours dans le monde, soit plus de 9 millions par an. Ni avec le fait que la malnutrition provoque la mort de 3,1 millions d’enfants de moins de 5 ans, chaque année. Ni avec les 2 millions de décès par an liés au travail, selon l’estimation faite par l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Ni même avec les accidents de la circulation qui provoquent 1,35 million de morts par an dans le monde. Ni avec. la liste est loin d’être exhaustive !


« Notre » civilisation mondialisée, qui n’a rien de civilisée, est celle de la mort à grande échelle ! De plus, s’il est vrai que tout le monde peut être touché, la mort est assez sélective. Les quartiers les plus pauvres des grandes agglomérations en savent quelque chose, de même que nombre de personnes âgées parquées dans des mouroirs, pudiquement appelés maisons de retraite. Celles-ci peuvent trépasser, elles ne servent définitivement plus à rien au grand Dieu Capital ! Par exemple, en Espagne, probablement ailleurs également, lorsque les hôpitaux furent débordés à l’apogée de la pandémie, les plus de 80 ans n’avaient aucune chance d’être hospitalisés. Leur mort devenait annoncée et imminente !
La réponse à cette pandémie a cependant produit des choses positives :

. Sur les routes et les autoroutes, dans les villes et les grandes villes, la circulation a presque disparu. Le ciel a été déserté par les avions et certaines usines ont dû interrompre momentanément leur activité, dans l’attente de reprendre de plus belle. Résultat, « notre » civilisation polluante a vu ses méfaits réduits environ de moitié… en deux trois mois seulement !

. Le confinement, dans sa phase la plus stricte, a clairement montré que nombre d’industries et de secteurs n’étaient pas nécessaires, voire superflus, à la vie de l’espèce humaine. Ceux qui y travaillent ne le font que parce qu’ils doivent vendre leur force/capacité de travail pour vivre et ceux qui les dirigent ou/et en sont propriétaires les font fonctionner tant qu’ils en tirent profit.

. Les travailleurs des secteurs clés ont nettement montré que sans eux rien ne peut fonctionner. Ceux-là mêmes qui touchent en général les salaires les plus bas, qui se trouvent en bas de l’échelle sociale, femmes de ménage, caissières, aides-soignantes, livreurs, magasiniers, éboueurs, routiers, infirmier(e)s… se sont retrouvés aux avant- postes, souvent sans être munis des protections nécessaires et sans, pour la  plupart,  avoir pu réaliser le test du Covid-19 et ce, dans des conditions de travail presque toujours dangereuses et pitoyables.

. En général, il y a eu une grande solidarité entre familles, surtout par rapport aux personnes âgées qui, souvent, n’ont pas eu à faire elles-mêmes leurs courses, prises en charges par des voisins.

. Face à l’obligation d’aller travailler, malgré les dangers évidents de contagion (la preuve, après le turbin, il faut obligatoirement se confiner), dans des secteurs comme l’agroalimentaire et le nettoyage, le taux d’absentéisme aurait atteint les 40% !

Que tous ces travailleurs, y compris ceux des transports publics, y réfléchissent bien.
Et si après la fin du confinement, ils s’arrêtaient tous pour exiger une réduction massive des heures de travail, de meilleures conditions de celui-ci et une augmentation considérable de leur salaire réel ? S’ils exigeaient des contrats à durée indéterminée  pour tous ceux qui ont été recrutés juste pour faire face aux urgences ? Et si au lieu de protester pour les gênes que cela pourrait leur occasionner, tous les autres travailleurs, ceux de tous les autres secteurs, se solidarisaient et exigeaient la même chose ? S’il était exigé que toutes les marchandises/hommes laissées pour compte, jetées dans les poubelles du chômage, récupèrent un poste de travail, ce qui permettrait de réduire encore plus la journée de travail ?

Que l’économie capitaliste puisse ou non le supporter ne peut être le problème des  parias de la terre.

Après tout, sans les travailleurs, RIEN NE PEUT FONCTIONNER ! Si au lieu d’applaudir sur les balcons les « héros » exploités des services sanitaires, nous exigions d’entrée tout cela ? 

Si nous montrions que nous ne voulons pas que tout reprenne comme avant Si nous visions résolument l’union grandissante de tous les exploités, celle de la classe des prolétaires, afin de créer le rapport de force nécessaire au renversement de l’ordre établi, partout dans le monde ?

Quelque part, dans l’Idéologie Allemande (1845-46), Marx et Engels affirment que
« Les individus ne forment une classe que pour autant qu’ils doivent mener une lutte commune contre une autre classe ; pour le reste, ils se retrouvent ennemis dans la concurrence ».

Il semble évident que si tout reprend comme avant la pandémie, les mêmes conditions auront les mêmes effets et favoriseront forcément l’éclosion de nouvelles pandémies, probablement plus mortifères que celle que nous venons de subir. Pour que les choses  ne reprennent pas comme avant, nous devons refuser la logique du capitalisme qui nous veut « ennemis dans la concurrence », nous devons montrer, qu’au contraire, nous sommes solidaires les uns envers les autres, que nous ne demandons ni n’exigeons rien en fonction des possibilités du capital et de ses profits, dont nous n’avons que faire, mais en fonction des possibilités de la société débarrassée du capital, donc en fonction des besoins de l’être humain et de l’humanité.

En mouvement, à travers nos luttes, nos intérêts posent inexorablement la nécessité d’une société sans classes et donc sans État, d’une société n’ayant pas pour but le profit mais la satisfaction des nécessités du genre humain qui ne porteront plus dommage à la nature dont nous faisons partie et dont nous dépendons.

Il est aberrant que pendant que les uns travaillent 8, voire 12 heures par jour, pour un salaire généralement dérisoire, d’autres se retrouvent au chômage, sans ne rien percevoir, ou à peine, lorsqu’ils sont en fin de droit. D’un pays à l’autre, il y a bien sûr des nuances, mais sur l’essentiel, c’est strictement la même chose. L’alternative donnée à la majorité de la population est celle de dépérir en trimant ou de dépérir en chômant. De nos jours, même les études et les diplômes universitaires ne sont pas une garantie pour échapper à ces alternatives. Le prolétariat n’existe plus, soi-disant, mais la prolétarisation, elle, va bon train. Comment se fait-il ?

Aristote (384-322 av. J.-C.), avait affirmé dans « La Politique » que « si chaque outil pouvait exécuter sans sommation ou bien de lui-même sa fonction propre […], si, par exemple, les navettes des tisserands tissaient d’elles-mêmes, le chef d’atelier n’aurait plus besoin d’aide, ni le maître d’esclaves ». Or, l’histoire de l’humanité, qui est faite de sueur, de boue et de sang, a largement accompli ces prévisions du philosophe grec. La société capitaliste mondiale qui en est l’aboutissement dispose de moyens qu’elle ne peut même pas utiliser tellement elle rendrait vain le travail humain dont elle a pourtant besoin pour créer de la plus-value et poursuivre son accumulation infernale. Ajoutons à cela qu’une grande part de ce qu’elle fait produire à ses esclaves contemporains n’a aucun intérêt réel voire est nocif pour eux et leur environnement. Ne parlons pas de la façon de les produire ! Bref, l’humanité débarrassée du capital pourrait produire moins et des produits de meilleure qualité dans des conditions respectueuses de l’environnement pour satisfaire les besoins de l’ensemble des habitants sur la croûte terrestre.

Le droit à la paresse devrait être de règle, mais, faute de révolution sociale mondiale menée par les esclaves salariés, la sueur, la boue et le sang persistent et signent alors même que le capitalisme est bien loin d’assurer son sacro-saint droit au travail pour tous, qui n’est autre que le droit que nous avons soi-disant tous de vendre notre force/capacité de travail pour survivre.

Plusieurs pandémies, 2 guerres mondiales, des conflits guerriers incessants sont le lot du système social qui nous domine et nous écrase. Les « progrès » scientifiques et techniques, pratiquement tous dus à l’industrie mortifère de l’armée et de la guerre, dans la logique de ce système, nous aliènent, nous bêtifient, nous rendent dépendants au risque de devenir nous-mêmes des robots, sans volonté propre donc.

De plus, au fil du temps, le capitalisme a parfait ses moyens pour contrôler ses sujets. George Orwell, s’il avait encore été parmi nous, aurait pu constater que son excellent roman, 1984, est aujourd’hui en grande partie dépassé. Le pire, c’est que petit à petit, toutes ces mesures coercitives sont intégrées et finalement acceptées par l’ensemble des populations, comme par exemple les caméras dans les rues des grandes villes. Et maintenant, suite à la pandémie du coronavirus, même notre température peut être contrôlée par les autorités à travers notre téléphone portable qui leur indique en prime exactement où nous nous trouvons et tous nos déplacements.


Dans un texte de 1978, « Coups d’éclairs sur l’État », G. Munis, un illustre inconnu, comme malheureusement tant d’autres d’ailleurs, écrivait :

« Les potentats du XXe siècle, qu’ils soient bourgeois ou hauts bureaucrates, sont enterrés seuls, mais avant ils ont sucé sous forme de plus-value santé et vies humaines à l’échelle mondiale et tué des millions et des millions de personnes dans des guerres. Et s’ils ne mangent plus de chair humaine, ils la dévorent sous forme de travail salarié, ils vomissent les investissements comme leurs semblables vomissaient la nourriture dans les banquets romains, puis ils dévorent à nouveau des muscles et de la moelle sous l’aspect de bénéfices, de croissance industrielle et de pouvoir. Les formes et les proportions ont beaucoup changé ; pas le contenu. En ce sens, l’État continue de se « perfectionner », mais il est impossible d’imaginer qu’il puisse atteindre une phase encore plus oppressive. Cependant, une chose me paraît certaine : si on le laisse atteindre la « perfection », l’humanité ne relèvera plus la tête pendant des  siècles. »

S’il a pu se perfectionner, et s’il continue de le faire, c’est fondamentalement parce que toutes les révolutions qui ont prétendu lui porter atteinte, voire le détruire, ont échoué ; c’est surtout parce que le mensonge le plus énorme et déconcertant de l’histoire de l’humanité s’est imposé jusqu’à nos jours. En effet, le communisme n’a jamais existé, il n’a donc jamais échoué, comme aiment à nous le répéter les politiciens de tous bords. Non messieurs, en « URSS », en Chine, à Cuba, dans les pays de l’Est, c’est le capitalisme d’État qui a régi ou régit encore. Ce sont les partis « communistes », succursales de Moscou, qui ont sauvé l’ordre capitaliste mondial partout. Des politiciens bien bourgeois comme Churchill (Grèce après la répression d’une insurrection ouvrière à Salonique à la fin de la II guerre mondiale) ou Georges Pompidou (Mai 68 en France) l’ont même publiquement reconnu. 
Après la chute du mur de Berlin, l’effet nocif du virus du mensonge qui nous a été massivement inoculé s’est estompé même s’il perdure encore ! Comme d’ailleurs perdure, plus fortement de nos jours, le mythe de la démocratie qui se présente comme  le seul système possible et bon, alors que Liberté, Égalité, Fraternité signifie en fait Infanterie, Cavalerie, Artillerie (Marx, 18 Brumaire de Louis Bonaparte).

Plus que jamais, l’humanité n’a que deux alternatives.Ou vers l’abîme avec cette civilisation capitaliste en déclin, ou vers la cime à travers le mouvement indépendant  des esclaves modernes abolissant esclavage salarié et classes sociales par la révolution mondiale!

De tous les virus, le capital est bien le plus létal !

Comme le dit si bien une inscription sur les murs en France, « Pas de retour à la normale, parce que la normalité est le problème ! »

Et, comme l’a dit Arthur Rimbaud, « Changer la vie ! » … Ou dépérir et périr, ajouterais-je.
                                                                                                                          

                                                                                                                     14 /05/ 2020 -  Eulogio

03/01/2020

LA FABRIQUE DES VIEILLARDS

                                         

PLUS LONGTEMPS TU BOSSERAS, PLUS TÔT TU TRÉPASSERAS.


Pour les syndicats , il ne s'agit pas de condamner l'abjection de cet ignoble projet de la réforme des retraites, ni de dénoncer les moyens envisagés, qui cherche à s'imposer par des méthodes qui hier encore auraient été qualifiées de" fascistes", par la gauche de la bobosphère, En effet , comment peut-on qualifier une mesure pseudo sociale spécifiquement ciblée sur la vieillesse des esclaves salariés de plus en plus exploités, principalement ceux et celles du secteur privé.

               PLUS LONGTEMPS TU BOSSERAS, PLUS TÔT TU TRÉPASSERAS.

Si l'espérance de vie est avérée, soustraire cet allongement de vie par le prolongement à un labeur harassant est indubitablement un projet "barbare". Là où l'humanité devrait se réjouir d'avoir gagné sur la longévité de notre espèce, rien de mieux que de condamner les plus âgés de la population aux travaux forcés, tout cela afin de restreindre les versements des pensions de retraite. Voilà les fondements sociaux et moraux de ceux qui président à la tête de tous les états.
Après avoir passé plus des trois-quarts de notre existence à travailler dans l'indignité la plus totale pour subvenir péniblement à nos besoins, cette société ne nous reconnaît qu'un droit " celui de mourir dans la dignité"… et ce le plus tôt possible. Cet âgisme d'état qui se mondialise est ni plus ni moins qu'une forme programmée d'un géronticide d'état. Plus longtemps, tu bosseras, plus tôt, tu trépasseras... 

LE CORPORATISME EST UN POISON POUR L'ENSEMBLE DE LA CLASSE OUVRIÈRE
Nombre de travailleurs et travailleuses ont été trompés par l’idéologie individualiste corporatiste engendré par le capitalisme et ses syndicats. L'appel des corporatistes à une solidarité de classe pour créer un rapport de force, est toute autant abject que le projet contesté pour sauvegarder leurs cupides privilèges "corporatistes". Si la classe ouvrière, celle des bastions industriels, des "Ford" des "Renault" des "Castorama" etc…  et ceux des moyennes entreprises du privé, en plus de tous ceux et celles qui galèrent dans les " petits boulots de merde pour survivre au jour le jour", ne se sont pas joints à vos turpitudes syndicales, c'est bien parce qu'ils ne se sont pas reconnus dans vos revendications de "corporateux" syndiqués. Sachant que d'une manière ou d'une autre, "les partenaires sociaux", spécialistes des magouilles en coulisse, trouverons bien un consensus afin de vous faire regagner cette niche qui semble si bien vous convenir.
Nos propos ne sont pas ceux de l'insolence, ils répondent aux arguments fallacieusement avancés, d'une "lutte soi-disant pour l'avenir de nos enfants" ….. Non ce n'est certainement pas en perpétuant nos conditions d'esclaves que l'on prépare l'avenir de nos enfants ! Nous devons nous unir au-delà de toutes les frontières, et non pas nous  diviser, quel que soit notre âge, nos conditions de survie, dans des organisations autonomes, en désignant nos délégué-e-s, contrôlés et révocables à tout moment, par l'ensemble des participants du mouvement, au-delà et contre les syndicats et des partis politiques bourgeois qui appellent à la négociation avec l’ordre existant. Nous ne sommes pas là pour auto-gérer notre exploitation, ni pour la conserver, mais pour l'abattre partout, reste à prendre le chemin qu'il convient celui de la révolution sociale. Alors revendiquer peut être, lutter sûrement, mais pour ne plus avoir à le faire !

02/05/2018

CONSCIENCE RÉVOLUTIONNAIRE ET CLASSE POUR SOI



(CONSCIENCE RÉVOLUTIONNAIRE ET CLASSE POUR SOI)

Extrait d'Alarme N°13 - Juillet-Septembre 1981

Parmi tous les groupes qui, ça et là, se disent révolutionnaires, aucun thème n'est aussi ressassé que celui de la conscience.
Les écrits qui traitent ce sujet sont rares et insatisfaisants mais à peine peut on lire une publication prolétarisante qui ne 1'invoque pas et renvoient toujours le fait révolutionnaire lui même au moment de son apparition au sein du prolétariat (en français :"prise de conscience", presque comme la prise d'un élixir). Croyant élever le niveau, certaines de ces publications ont recours à la substitution dialectique de la classe ouvrière en soi, PAR LA CLASSE POUR SOI. Ils en arrivent au même résultat, et en plus réduisent à un seul facteur, classe pour soi et conscience révolutionnaire, ce qui précisément dénote un important défaut de conception dialectique.

Non moins dans ce domaine de la pensée dialectique que dans d'autre; confusion et pauvreté proviennent directement de 40 ans d'inactivité du prolétariat international, ce qui pour sa part a permis la croissance capitaliste de l'après guerre. Cela étant, ces groupes (trotskystes et bordiguistes, conseillistes, ces solitaires à la messianique réserve du genre Révolution Internationale, sans oublier les gens mous et ignorants du spectaculaire Strip-tease situationniste) prennent les effets pour les causes et la cause réelle de l'effet, ils l'ignorent du tout au tout. Dans la crainte d'abandonner le terrain matérialiste, ils se réfugient dans un matérialisme pire que vulgaire, grossier l'inactivité du prolétariat en tant que classe révolutionnaire est selon eux, nécessairement due à la croissance capitaliste. Ils confondent cette dernière avec le développement du système, et donc ils imputent les défaites du prolétariat, antérieures à la dernière guerre, à l'immaturité des conditions objectives pour la révolution communiste. Ainsi la splendide activité du prolétariat entre les deux guerres apparaît comme une impatience écervelée de sa part ou des révolutionnaires dans son sein, et en tout cas, elle perd toute signification. Dans cet ordre d'élucubrations, il y a des groupes qui fixent l'arrêt de la période révolutionnaire antérieure à 1920-22 avec la défaite de la révolution allemande. Autant dire qu'il n'y a pas eu d'offensive prolétarienne en dehors de Russie et d1 Allemagne. D'une manière ou d'une autre, ils s'inventent une commode base matérielle pour s'expliquer la défaite de la révolution entre les deux guerres et l'absence de mouvement insurrectionnel mondial depuis la dernière.

Ne s'expliquant pas l'aspect subjectif de l'expérience antérieure, en particulier de 1914 à 1937,ce matérialisme abandonne la dialectique s'empêchant ainsi de voir les objectivations négatives de cette expérience ,accumulées durant des décennies.par conséquent, il ne peut que mal préparer la nouvelle subjectivité nécessaire pour se défaire de ces objectivations et mettre à contribution les facteurs économiques, culturels ,psychiques et scientifiques donnés, accumulés et réitérés par l' histoire.

[(1) Le livre de Max Weber,"Marxisme et Conscience de classe" Ed 10-18 Paris 1975) est un exemple récent de cette vacuité. Plus de 400 pages superficielles sans entrer dans le cœur du sujet annoncé par le titre, ni définir seulement ce qu'il faut entendre par conscience de classe. L'auteur la confine au Parti, et le Parti, il en voit la préfiguration dans sa "Ligue Communiste" aujourd'hui NPA qui ne perd pas une occasion de s'agenouiller devant le Stalinisme. Si l'on signale que Weber voyait dans le programme commun français (PC-PS) un signe de concession stalino-socialisante au prolétariat, il devient évident que la qualité de sa conscience n'a jamais été révolutionnaire]

Ce trompant ainsi dans les prémisses, on se trompe nécessairement et plus gravement, dans les conséquences .En effet, les idées touchant aux chemins tortueux et aux situations qui auraient permit à l'illustre conscience de se glisser dans les cerveaux des prolétaires, lorsqu'elles ne sont pas évolutionnistes, sont crédules, les unes triviales, les autres cocasses. Elles se cantonnent toujours à un mécanisme simpliste, sinon obtus, mais cela se sous entend, elles s'abritent derrière la dialectique et quelques textes de Marx en guise de scapulaire. Voyons de plus près.
Parmi les crédules, il y a deux catégories : les crédules de la crise de surproduction, et ceux de la baisse définitive du taux de profit du capital. Selon les premiers, les conditions objectives de la révolution ne sont pas présentes tant qu'il y a croissance capitaliste, et la classe elle même ne pense pas à elle tant qu'elle est en présence du plein emploi. Par conséquent, les adeptes d'une telle vision dédaignent s'adresser à la classe, vivent en cercle d'intimes, distillant leur propre "pureté", en attendant leur heure. Leur heure sera celle de la crise de surproduction, le chômage è une échelle gigantesque, les faillites des plus solides compagnies capitalistes et la baisse du salaire des ouvriers qui n'auront pas encore perdu leur emploi. Alors le cercle d'intimes sortira sur la place publique, exhibant la conscience en chair et en os, et le prolétariat irrédentiste la fera sienne. Ce n'est pas caricatural ; ainsi se représentera fameuse "prise de conscience" les crédules à la sauce "Révolution internationale" .La même idée est partagée, mis à part la différence dans l'attitude quotidienne, par les différentes chapelles Trotskistes. Pire, cette idée est partagée également par le stalinisme, dans la mesure où une grande extension du chômage en Occident lui permettrait de se présenter comme "Sauveur Socialiste réclamant la nationalisation généralisée.

Se disant scientifique, l'autre variété de crédules assure sans sourciller que l'acquisition d'une conscience par le prolétariat, et donc la possibilité révolutionnaire / elles même, arriveront  lorsque la baisse tendancielle du taux de profil capitaliste sera descendue.au plus bas. En vertu de leur matérialisme grossier, ses théoriciens (avec d'autres bordiguistes) devraient trouver un motif économique supérieur qui empêche la continuation du système capitaliste.il est indéniable que lorsque ce moment arrivera, s'il arrive, n'ayant plus la moindre affaire à réaliser, le capitalisme s'effondrera. Mais dans ce cas, il s'effondrera, s'éteignant comme une flamme qui aurait consommé tout l'oxygène disponible. Loin d'être alors liquidé révolutionnairement par le passage à un type supérieur de société, avec lui et au premier rang, les conditions objectives de la révolution ainsi que le prolétariat comme classe révolutionnaire se consumeraient également. Cela suffit pour voir clairement, sans entrer dans d'autres considérations, que cette catégorie de crédules tombes dans un délire encore plus grand que les premiers, car si leur projet se réalisait, la préoccupation impérieuse ne serait pas la révolution communiste mais la simple survie des individus, même en tant qu'esclaves ou nouveaux serfs de la glèbe.

Il n'y a aujourd'hui aucune tendance qui se représente évolutivement le passage du capitalisme au communisme. Les organisations staliniennes et "socialistes" parlent certes, de ce passage pacifique et  légal, mais elles le font en sachant qu'il s'agit pour elles d'arriver au capitalisme d'Etat. En tant que vision sociale, le réformisme n'existe plus. Aussi, parler d'une sociale démocratisation du mouvement ouvrier embrouille tout concept, empêche d'avoir une notion exacte de la période historique présente et condamne le travail révolutionnaire immédiat et futur. Pour comble, cela authentifie la démagogie démocratico- bourgeoise du stalinisme. Dans ce sens, nous assistons au contraire à une stalinisation de ce qui fut le réformisme ainsi que des institutions même du capitalisme occidental .Cependant, il y a un  relent évolutionniste dans ces notions touchant à la formation de la conscience révolutionnaire du prolétariat et à la formation de la classe pour soi. Même si cela ne va pas plus loin, cela diminue l'action combative de ses adeptes. Or l'action est par elle même conscience et créatrice d'une plus grande conscience.

Il y a également deux courants principaux de cet évolutionnisme l'un d'entre eux croit pouvoir susciter la conscience dans la masse des salariés petit à petit, grâce à des pétitions de caractère immédiat c'est à dire par de simples améliorations à l'intérieur du capitalisme. Les liants à un radicalisme progressif, la conscience du prolétariat passerait, disent-ils, de la neutralité démocratico syndicale à la neutralité révolutionnaire, de la défensive face au système capitaliste à l'offensive contre lui, de classe ouvrière à classe gouvernante. De là se déduisent le travail fractionnel dans les syndicats, le front unique avec le stalinisme et l'ex réformisme, l'utilisation des parlements ainsi que les consignes du type: gouvernement des dirigeants de ces organisations (faussement appelés gouvernement ouvrier), contrôle ouvrier de la production, nationalisation de l'industrie, et d'autres du même style. En outre, cet évolutionnisme tactique aussi fait reposer ses espérances sur la crise de surproduction. Sans elle, il n'entrevoit pas de révolution possible, ni donc d'application fructueuse de son      tactisisme. Dans le meilleur des cas —la majorité des autres cas étant bien pire -cet évolutionnisme suit la trac des bolchéviques de 1917, comme le fit à son époque LE PROGRAMME DE TRANSITION de la IV" Internationale naissante.
Retard énorme, car depuis lors, la nature des grandes organisations auparavant ouvrières, l'expérience de la lutte de classes mondiale et les possibilités immédiates de la révolution communiste ont profondément changé, alors même que le capitalisme, pour sa part, s'est consolida dans sa forme étatique, sans équivoque sur sa réactionnaire et décadente nocivité. C'est pour cela que ces tendances en question se trouvent aujourd'hui à droite de leur modèle Trotskyste, et encore plus à droite quant à l'exigence d'une activité révolutionnaire.

Un autre évolutionnisme non confessé est inspiré par la phrase, aujourd'hui ancienne, d'Otto Rühle :"La révolution n'est pas une affaire de parti", aberrante déduction de la célèbre phrase :"L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux mêmes"'. Il s'agit, cela s'entend, de la tendance appelée conseilliste. Son simplisme théorique a connu ces dernières années un regain par réaction au poids accablant de la contre-révolution stalinienne russe, à son oeuvre néfaste en Europe et en Asie entre les deux guerres et jusqu'à présent. La contre révolution apparaît comme étant l'oeuvre d'un parti; la révolution, par conséquent, est contemplée comme nécessairement anti-parti. Et la conscience révolutionnaire apparaît alors comme une acquisition lente et progressive de la classe au sein du capitalisme, et même au sein des conseils ouvriers eux mêmes une fois qu'ils ont surgi. Voulant éviter cette difficulté, les conseillistes appellent à leur secours l'économisme de la crise de surproduction, associé à un faux spontanéisme. Les actions spontanées de la classe ouvrière se débattant contre les effets catastrophiques de la crise, précipiteraient la formation de la conscience et avec elle, la révolution. Ainsi ils accumulent erreur sur erreur, car la seule chose qui est vraiment spontanée, c'est ce qui est crée par le mouvement historique quant aux conditions sociales et aux modalités concrètes de la lutte. Ni la classe ouvrière ni les révolutionnaires n'ont les moyens de choisir les unes les autres. Réussir leur interprétation et parvenir à les utiliser, c'est en cela que consiste le râle des révolutionnaires et avec eux, de leur classe. Les soit disant actions .spontanées de la niasse ouvrière partent toujours d'une initiative, pour aussi inconnue qu'elle soit. Dans le cas contraire, elles ne pourraient se produire. Ce sont donc des factions volitives sur un terrain très propice, généralement méconnu. Sans ce dernier, impossible de les provoquer.

Se refuser à créer un parti qui s'efforce d'interpréter justement la spontanéité donnée par le devenir c'est réduire la volition, l'impulsion révolutionnaire du prolétariat, au minimum, quand on ne la dessèche pas.
L'émancipation du prolétariat par le prolétariat lui même, présuppose sa constitution en parti et cela s'avère impossible sans une telle constitution. Cependant cela ne peut être une unité massive et fermée, mais nécessairement composée, ouverte à la rose des vents révolutionnaires. Dans le cas contraire, il ne s'agirait pas du prolétariat constitué en parti, mais d'un parti constitué en prolétariat, c'est à dire d'une d'une usurpation. La composition de ce prolétariat érigé en parti passera ,passe déjà par sa condition actuelle de classe exploitée, depuis l' indifférence à tourte action jusqu'à l'action et la connaissance révolutionnaires accessibles, en passant par toutes les gradations imaginables .L' exaltation due à la victoire ouvrière réduira au minimum le poids mort des gens passifs et enflammera ,par contre, l'accablante majorité et suscitera surtout des capacités et opinions révolutionnaires insoupçonnables «susceptibles de transformer en autant de nouveaux centres de regroupements, gardant l'unité révolutionnaire générale. Sans entrer ici dans une plus ample analyse, l'accomplissement de la révolution jusqu'au communisme, dépendra pour une bonne part de cette exaltation, tout en sachant qu'il est chimérique de parler de garanties. Un type d'organisation sociale post-révolutionnaire qui ne se méfie pas, au début surtout, de dangers mortels, est inimaginable dans la mesure ou quelque fraction de la classe prétendrait, pour n'importe quelle raison, détourner le travail social vers des applications qui conserveraient ou étendraient, au lieu de les écraser, les différences économiques du capitalisme. Une nouvelle catégorie d'exploiteurs réapparaîtrait en elle.

Plus ou moins accusé, l'évolutionnisme par rapport à la formation de la conscience n'a pas été une exception si rare dans l'histoire du mouvement révolutionnaire. C'est un fait aujourd'hui plus répandu et plus grave qu'à une autre époque, à cause de la terrible confusion introduite dans la théorie par la fallacieuse publicité de la contre révolution stalinienne, de ses répercussions dans la classe ouvrière et dans la pensée même de partis ou groupes opposés à elle. Deux théoriciens qui en leur temps prêtèrent à la contre révolution stalinienne de signalés services dans leurs pays respectifs, influencent toujours des hommes qui, s'ils se passaient de leur patronage, amélioreraient sans doute quelque peu leurs conceptions.il s'agit de Lukacs et de Gramsci, qui ne dépassent pas 1'économiste et tombent tête baissée dans l'évolutionnisme. Ceux là même qui parlent aujourd'hui de la conscience révolutionnaire (du prolétariat) à la troisième personne et de la leur (la conscience de chaque groupe théorisant) à la première personne sont dans l'erreur à ce sujet.
Très différent est le cas, par leur position de militants, de Gorter, Rühle, Pannekoek et la gauche germano-hollandaise en général dans leurs conceptions sur la formation de la conscience révolutionnaire et sur l'édification de la société communiste nécessiteraient, pour être réalisées, un temps indéfini de cumulation progressive. Ils supposent la liberté et la culture croissantes au sein du capitalisme, à l'opposé de ce qui existe effectivement. C'est pour cela que leur influence actuelle dans ce domaine est dissolvante.

L'accumulation et la centralisation élargies du capital sont un facteur multiplicatif de la dépendance matérielle et culturelle du prolétariat. Par conséquent, il n'y a pas de place pour un quiconque gradualisme dans la formation de la conscience. Elle ne peut pas apparaitre non plus brusquement comme conscience révolutionnaire nette dans la totalité de la classe ni même dans la majorité de ses membres. Cependant, la plus grande sottise, infantilisme matérialiste comique, est de parler d'une formation scientifique de la conscience .Toute la théorie prolétarienne se réduirait à cela si une telle possibilité existait et sans défaite possible, la victoire serait mathématiquement garantie à l'instant historique X où  la conscience atteindrait son objet formateur. Mais il ne s'agirait pas alors d'une société humaine, mais d'un assemblage inorganique, ou tout au plus d'une termitière.

Notre communisme est scientifique parceque les facteurs économiques, culturels, et même psychiques de sa propre production dans le devenir humain ne tombent pas du ciel. Ils proviennent de la société présente et des exigences de chacun, dont la satisfaction permet de mettre ce qui a été antérieurement acquis au service de chacun. Dit d'une autre façon, ces facteurs proviennent de l'antagonisme entre l'organisation industrielle et le travail salarié, qui accentue l'esclavage de l'homme, alors que cette organisation permettrait la pleine liberté en faisant sauter les serrures capitalistes. Mais l'antagonisme n'aura jamais un dénouement mécanique favorable au prolétariat, ni même inévitable dans le temps. Cela fait soixante ans passés que la possibilité existe et que l'antagonisme fondamental s'aggrave. La conscience révolutionnaire, pendant une si longue durée, n'a pas suivi une progression ascendante, ni peu s'en faut. L'antagonisme était moins intense 40 ou 60 ans auparavant, moment ou la conscience du prolétariat mondial ET SES PRA­TIQUES eurent une claire expression. Depuis lors, l'antagonisme qui permet et requiert la révolution communiste, s'est accentué à un degré extrême, les symptômes de putréfaction du système se multiplient, alors que la conscience et les pratiques du prolétariat ont atteint leur point le plus bas depuis 1848.
Que la conscience de classe connaisse des hauts et des bas est un fait établi ; cela est relié aux avatars de la lutte. Mais le déclin dont nous sommes les témoins depuis la révolution espagnole jusqu'à nos jours n'a de précédant ni dans la durée ni dans la gravité des dommages causé si c'est que la plus démoralisante des défaites n'est pas celle infligée de front, mais celle infligée par la félonie d'alliés supposés. Et un coup d'œil sur les événements depuis 1914 suffit pour se convaincre que le prolétariat n'a été vaincu dans aucun pays par la bourgeoisie, son séculaire ennemi bien identifié, mais par les organisations politiques et syndicales appelés socialiste, anarchistes ou communistes. Précisons: à ces dernières, clairement stalinistes, est échu le rôle principal pour la besogne à partir de 1923.assumèrent ainsi le rôle de la vieille réaction, mais avec des caractéristiques nouvelles, non bourgeoises, mais capitalistes d'Etat et susceptibles par là même de s'opposer à la bourgeoisie et à ses monopole jusqu'à les absorber, de gré ou de force, mais exacerbant les traits au capitalisme en général. Dans la foulée, la falsification des concepts révolutionnaires a été si loin que le capitalisme étatique est présenté et pensé comme économie socialiste par presque tout le monde. 

Comme résultat de ce procès négatif, en Europe occidentale, le prolétariat a été la proie du capitalisme, à travers ses représentants politiques et syndicaux de la contre révolution russe...alors qu'en Europe orientale il se voyait imposer la dure dictature de cette dernière. Partout, la perversion des idées en est arrivée au point d'attribuer aux mouvements nationalistes un caractère totalement opposé à ce qu'ils sont, car depuis le pire jusqu'au moins mauvais, ils ne sont qu'une anachronique et réactionnaire survivance du passé, le jouet vénal des grandes puissances.
D'autre part, aucune tendance ne se détache ,qui ait mis sans hésitation le doigt sut la plaie et qui ait compris que la possibilité de révolution restait présente, sans nécessiter de crise mercantile ni de grande croissance capitaliste .A l' objectivation réactionnaire des anciennes organisations révolutionnaires s'est ainsi juxtaposée la carence de subjectivité révolutionnaire valide des groupes et tendances plus sains .Résultat :le prolétariat mondial, enfermé dans la criminelle rivalité inter impérialiste, est resté inerte, laissant libre jeu à tous ses ennemis, à la vieille et à la nouvelle réaction en collaboration- rivalité . Cette longue absence de combativité révolutionnaire est ce qui permet à certains interprètes de parler, ou d'intégration du prolétariat -contresens stupide- ou bien de la prospérité comme cause directe, et suffisante de la passivité du prolétariat.

Il est incontestable que la conscience de la classe historiquement révolutionnaire est en dessous du niveau acquis entre les deux guerres, en dépit des signes de nouvelles révoltes surgissant ici et là. Et ce n'est pas seulement la sienne mais aussi, accentuant cet état, celle des groupes révolutionnaires, soit donc de ceux qu'il faut tant bien que mal considérer comme le secteur le plus alerte de la classe .Répétition de concepts morts ,pauvreté et confusion l'absence de vision globale du passé et donc aussi de l'avenir immédiat, sont du lot général de ces groupes autres, aux prétentions plus vides que consistantes, pseudos innovateurs de vieilleries oubliées, sont en vérité plus hors qu'au sein de la classe révolutionnaire. Les uns et les autres croient, sans exception connue, que la passivité du prolétariat réside dans le "pleine emploi", ou dans ce qu'ils appellent, s'accommodant de la terminologie dominante, "société d'abondance". Ceci est un vice économiste, un atavisme qui les conduit, qu'ils le veuillent ou non, à se situer comme sujets de l'histoire d'une nature différente de celle du prolétariat. Selon eux, en effet, la classe ne peut acquérir une conscience révolutionnaire que forcée par une nécessité matérielle directe, lorsque le capital en crise de surproduction jette dans la misère 30, 60, 100 millions ou plus d'ouvriers. Il y a des groupes qui arrivent au point de croire indispensable la troisième Guerre mondiale pour que la révolution voit le jour Par contre, tous ces groupes ont acquis leur degré particulier de conscience révolutionnaire — ne parlons pas de leur validité réelle - en marge de la nécessité matérielle, par connaissance intellective, et même en marge de leur propre expérience .La classe ouvrière et eux mêmes apparaissent, par conséquent, comme des déterminations et des sujets différents du devenir humain.

C'est là leur défaut principal, générateur d'autres défauts et ce qui quel que soit leur importance numérique et leur propre vouloir, en fait des sectes, chacune enkystée dans quatre idées prostituées quand elles ne sont pas fausses et surtout, dans leurs risibles jactances. Prétendant rendre compte de tout un passé mal ou partiellement compris, ces possesseurs de conscience se représentent comme essence du présent et du futur, et presque clairement comme point de départ l'An 01 - d'une nouvelle ère. Ces juges modernes taxent d'idéologie tout ce qui sort de leur propre idéation de l'activité révolutionnaire .Et ainsi, entre la Terre Promise de la "classe pour soi", et l'épouvantail "idéologie", utilisé comme "vade rétro satanas", la faiblesse et l'incongruence théoriques des uns et des autres atteignent une limite au delà de laquelle on ne voit rien, ils ne se rendent pas compte qu'ils sont, par leurs erreurs, soit les produits indirects, soit les victimes de la corruption des notions révolutionnaires qui a régné durant plusieurs décennies  
Une référence élémentaire s'impose ici. Entre ce que Marx appelait idéologie et ce que désignent avec le même mot les groupes mentionnés, il n'y a aucun rapport.

Les idéologies étaient pour Marx des inventions plus que des idées non déduites de la réalité sociale concrète dans son devenir continuel, mais inventées comme des doctrines salvatrices pour le prolétariat et pour l'humanité. Marx adoptait le comportement de l'homme de sciences qui étudiait le matériau de sa discipline, y compris ses intuitions propres pour pouvoir énoncer les idées à son sujet. Il voyait clairement que les idées révolutionnaires ne pouvaient être une passion «lu cerveau, mais le cerveau de la passion. Pour les inventeurs d'idées, il s'agissait, au contraire, d'une pure passion cérébrale, dé crédo rédempteurs non basés sur la réalité matérielle de la société. Dans ce sens là, les idéologies ont cessés  d'exister .Il est même absurde de parler d'une idéologie bourgeoise ou stalinienne sans parler de la social-démocratie. Il s'agit d'escroqueries intentionnelles et plus qu'évidentes bien qu'elle; soi encore imposées au plus grand nombre. En revanche, ceux qui utilisent actuellement le terme idéologie, l'emploient en refusant de spécifier, une fois l'étude des conditions données, les tâches révolutionnaires concrètes de la classe et donc les leurs .Ils se limitent à arborer des panacées: révolution sociale, ou abolition du travail salarié, quand ce n'est pas du travail tout cours. Ils adoptent donc des positions plus ou moins marginales, hors de la réalité présente et quotidiennement vécue. Qu'ils le veuillent ou non, peu ou prou, ils s'inscrivent dans ce que Marx appelait idéologies,

A un meilleur niveau politique du prolétariat entre les deux guerres correspondait une qualité théorique des révolutionnaires supérieure à 1'actuelle, sans parler ici des aspects concomitants. En même temps, niveau politique et qualité théorique se situaient sur un terrain de classe généralement saine et optimiste, encore peu foulée au pied par la perversion versée à flots, surtout depuis la révolution espagnole jusqu'à nos jours, par le stalinisme et ses alliés. Il y a une interaction très évidente entre les 3 facteurs (à savoir, niveau politique de la classe, qualité théorique du secteur révolutionnaire, et sain optimisme dans son domaine), mais il est impossible d'accorder à l'un d'entre eux la suprématie pour l'apparition ou la réapparition de conscience révolutionnaire au sain de la classe ouvrière. Il est certain que la montée de l'un des trois facteurs retombera favorablement sur les deux autres. La validité de la théorie est décisive à la longue, de même qu'elle 1' est dans l'immédiat pour la formation d'organisations capables .Nonobstant, même la meilleur d'entre elles ne réussira jamais à introduire au sein de la classe, la conscience révolutionnaire. Dans ce sens, l'école du prolétariat, ne sera jamais la réflexion théorique, ni l'expérience accumulée et bien interprétée, mais le résultat de sas propres réalisations en pleine lutte. L'existence précède la conscience; le fait révolutionnaire, sa propre conscience pour l'écrasante majorité des protagonistes. Ce que la classe ouvrière dans son ensemble ou un de ses secteurs pense des luttes en jeu reste très en deçà de ce que la lutte elle même réalise ou pourrait réaliser. Le contenu latent dépasse le contenu apparent. C'est seulement lorsque le premier prend corps, que la conscience révolutionnaire émerge du fait lui même, conscience concrète, non théorisée par la classe, mais conversion de la théorie révolutionnaire en réalisation, ou nouvelle condensation de l'expérience en théorie. C'est ce qui est arrivé invariablement depuis 1848 et la Commune de Paris jusqu'à la révolution espagnole.il est donc impossible de tracer un plan, même très approximatif, du développement de la conscience révolutionnaire. C'est le nombre d'ouvriers conscients qui peut et doit augmenté au sein de la classe, et cela est une des taches principales des révolutionnaires organisés. La conscience de 1'ensemble de la classe se fraiera un chemin seulement dans la mesure où les avatars de la lutte, qui ne cesseront de se présenter, peuvent l'amener à dépasser dans les faits les notions que le capitalisme lui inculque, et les chaines des organisations politiques et syndicales lui imposent.

Dans une telle situation, la conception révolutionnaire, exprimée par des minorités de la classe, jouera un rôle catalyseur très important. Non grâce à un quelconque développement progressif de la conscience dans la classe, mais au contraire grâce à son aptitude à favoriser ces situations brusques, et à exacerber leurs concrétisations révolutionnaires. De toutes façons, pour aussi loin qu'elle soit allée, cette conscience n'en restera pas moins partielle, vague pour la majorité et susceptible d'être adultérée, manipulée et mime anéantie .Croire qu'avec l'acte révolutionnaire suprême la classe pour soi et sa conscience révolutionnaire seraient pleinement réalisées, et du pur infantilisme, pour ne pas dire une espérance idéaliste "La classe pour soi" est bien plus une allégorie militante que la représentation d'une situation future. La bourgeoisie réalisa la révolution*pour soi et c'est pour soi qu'elle organisa la société entière. Impossible d'être une classe pour soi sans opprimer les autres classes. Notre révolution est un acte de la classe ouvrière dans son ensemble, mais pas strictement pour soi, car étant à elle seule la classe révolutionnaire et communiste exclusive, en niant les autres classes, elle se nie elle mime. Elle devra donc paralyser ses  ennemis, mais elle ne peut ni n'a besoin de les exploiter.il n'y a donc de "pour soi" que le moment fugace de l'explosion révolutionnaire à partir duquel la classe ouvrière commence à se dissoudre dans le tout social, à moins de retomber dans la condition de classe exploitée, pour " le soi des autres".

Par contre, la conscience révolutionnaire, au sens exact, ne commence à prendre corps qu'avec l'attaque du capital et la constitution du prolétariat en classe dirigeante. Elle est déterminée, avec l'acte révolutionnaire, aussi et surtout par le processus subséquent de transformation de la société à l'échelle mondiale, jusqu'à l'élimination de tous les vestiges de classes. Le premier acte sera toujours, plus qu'une volition générale de la classe, un fait consommé dans l'état de la lutte, à partir duquel la conscience révolutionnaire s'affirmera en profondeur, en extension et en qualité, en mime temps que dans la pratique, la société communiste elle même. La plénitude de la conscience ne peut provenir que de sa propre incarnation dans la structure de la nouvelle civilisation et dans la mentalité de chaque personne. C'est la découverte enfin possible de l'homme par l'homme lui mime.

Ceci est posé quant à la conscience révolutionnaire généralisée à proprement parler, dont l'existence, si on la supposait possible dans la société actuelle, ferait de la transformation communiste dans tous les continents, un naïf jeu d'enfant. Quand à l'autre, la conscience limitée st indispensable pour donner la mort au capitalisme, elle dépend aujourd'hui  dans une large mesure, des révolutionnaires en général et particulièrement de l'influence des ouvriers révolutionnaires sur la majorité de la classe. Sans cela, l'acte le plus subversif de cette dernière se retournera en fin de compte en son contraire, comme on l'a vu en tant d'occasions, la dernière en Pologne. C'est la conjonction de l'élan subversif de la classe et de la subversion théorique et pratique de son secteur révolutionnaire qui sera déterminante. La théorie comprend le passé et le futur immédiat liés par notre action présente.

C'est donc la conscience des révolutionnaires qui tout d'abord doit se situer à la hauteur des possibilités offertes par l'histoire à l'ensemble de la classe. Ces possibilités sont si grandioses, si illimitées malgré des impressions superficielles qu'elles poussent toujours à la révolution .Les révolutionnaires ont été et sont encore en arrière des possibilités. Ils demandent aux conditions historiques qu'elles leur livrent une situation révolutionnaire quand en réalité, ils ont tout entre leurs mains pour la susciter...excepté leur propre subjectivité. C'est pour cela que les appareils politico-syndicaux soit disant ouvriers, aujourd’hui 'hui piliers du capitalisme, s'imposent encore bien qu'ils aient  perdu toute influence véritable dans la mentalité des travailleurs.

Détruire l'emprise de ces appareils doit être la première des batailles pour laisser libre cours à la révolution. Il faut aller tout droit à la classe ouvrière et l'inciter contre ces appareils sans demi-mesure et sans vocifération faussement radicale, mais avec des propositions de lutte articulées en vue de leur destruction, condition parallèle à la destruction du capitalisme. La conscience révolutionnaire ne se cache pas ésotériquement; elle dit sa vérité profane et profanante, et sa vigueur passionnée élimine sa stridence.

L'idée de révolution communiste, même spécifiée comme abolition du travail salarié, n'en est pas moins unie notion légère, même si on la suppose comme acquise par la majorité du prolétariat, espoir absurde dans le monde actuel. Car l'abolition du salariat comme objectif direct une fois le pouvoir du capital arraché, est loin d'être un acte unique, comme l'abolition des lois actuelles ou bien le démantèlement de la machine étatique. L'abolition du salariat se décompose ou se subdivise en une série de mesures dont la mise en pratique aboutira, comme unité, à son abolition. Les principales mesures, les plus décisives, se déduisent de la situation actuelle de la classe, de ses possibilités maximales vis à vis d'un capitalisme décadent, sans aucun droit à  l'existence. La conscience d'une organisation révolutionnaire, quelque soit sa taille, ne peut apparaître que par la formulation et la défense de ces mesures, propositions de lutte au prolétariat. Sont condamnés à la vocifération inopérante, ou ce qui est pire, au charlatanisme politique, ceux qui se refusent à la faire.

Sans entrer dans des détails ici superflus, que l'on se reporte, dans  "POUR UN SECOND MANIFESTE COMMUNISTE", au dernier chapitre "les taches de notre époque", que par confusion, ignorance ou autre raison obscure, certains taxent de programme de transition.il convient ici de préciser quelques notions élémentaires  mais totalement oubliées. L'ancien programme minimum du mouvement ouvrier avait comme projet sa réalisation dans le cadre du capitalisme, dans l'attente de réaliser le programme maximum. Le PROGRAMME DE TRANSITION, fondement de la IV0 Internationale, prétendait fondre en un seul programme minimum et programme maximum, en passant par les nationalisations, erreur dont l'origine se retrouve chez Marx et Engels, et sans les implications réactionnaires révélées depuis.

Enfin, les taches de notre époque jalonnent sans discontinuité l'avènement du prolétariat en classe dominante et sa propre disparition, ainsi que de toutes les autres classes, dans la société communiste. L'impulsion combattive du prolétariat proviendra de revendications qui le mettent en situation ensuite de ne plus avoir à réclamer, parcequ'il disposera de tout.il faut rendre palpable l'immédiateté de cette possibilité pour que la conscience de classe s'insurge pour la révolution et du même coup fasse sauter en mille morceaux les appareils politico syndicaux qui l'étrangle .En somme, là motivation matérielle de la liquidation du capitalisme est donnée par la déclinante contradiction existant entre le capitalisme et la liberté du genre humain. Cette dernière commence par la liberté du prolétariat et va de la consommation nutritive jusqu'au domaine culturel dans ces plus multiples et plus spirituelles facettes. Rions nous de ceux qui espèrent la crise de surproduction, la baisse catastrophique du taux de profit, la troisième guerre mondiale, ou on ne sait quel saint esprit fécondeur de consciences,

Bien propagé, semblable programme aura de grandes répercussions dans l'immédiat et de plus grandes encore à long terme. Mais dans la situation corrompue actuelle, il est loin de suffire pour ouvrir le canal torrentiel nécessaire. La 1ère Internationale (Association internationale des Travailleurs), à peine fondée, s'agrandit vertigineusement parcequ'elle présentait des idées limpides à un prolétariat sans influences malsaines, à un prolétariat vierge. L'Internationale communiste trouvait encore un milieu ouvrier peu pollué par le réformisme, celui de la social-démocratie de l'entre deux guerres, ennemi beaucoup moins nuisible que celui d'aujourd'hui. Mais à l'heure actuelle, les révolutionnaires se heurtent à des difficultés beaucoup plus grandes, conséquence de l'aboutissement négatif de la période antérieure qui a installé des organisations et des gens qui continuent à se proclamer communistes ou socialistes dans la structure économico-policière du système capitaliste. Tant par leurs intérêts puissamment constitués à l'échelle mondiale que par leur but réactionnaire, ces partis et syndicats sont les précurseurs du capitalisme étatique là ou ils n'ont pas encore le pouvoir suprême. Et ce qui est pire, ils faussent sur tous les terrains la compréhension des travailleurs et prostituent la notion même de communisme. L'ancien réformisme était démocratico-bourgeois et collaborationniste; eux, ils induisent en réalité à livrer totalement sans défense la classe ouvrière à l'état  capitaliste et sous leur ordre. Le reste, "euro communisme" ,"pluralisme", "parlementarisme" etc...,est hypocrisie tactique, fiction encroûteuse mise à nue lorsqu'apparaît une initiative révolutionnaire de la classe, Donc connaître et savoir expliquer le pourquoi, le comment, et le quand de si importants changements relatifs à la situation du mouvement ouvrier entre les deux guerres, sera non moins déterminant que le programme de lutte pour l'avenir immédiat. Une connaissance critique des principaux avatars historiques depuis 1914 se fait indispensable. Là commence, pour les noyaux d'esprits révolutionnaires, la Conscience qui leur permettra, au sein de la classe, d'être un ferment de subversion communiste.

Nonobstant, même le meilleur de ces groupes, pour autant d'ouvriers qui s'y soient individuellement incorporés, ne réussira à éveiller la conscience dans la majorité du prolétariat à travers la simple divulgation d'idées. D'innombrables entraves de la société actuelle et qui ne disparaîtront qu'avec elle, l'en empêche. Mais tout conflit avec le capital, mène s'il commence pour de simples améliorations salariales, est susceptible d'aboutir à une lutte qui dépasse de loin les revendications initiales. La même chose peut se produire dans une région, une branche industrielle ou un pays entier. Ce qui est latent tendra toujours à se manifester en écrasant ce qui est apparent: c'est la vérité face à la fiction, l'avenir tournant le dos au passé. Si lors d'une telle situation!, les actuels faussaires politico syndicaux continuent de dominer, tout reviendra en arrière. Au contraire, si au moins une minorité s' affronte à eux, en les mettant au pied du mur et en formulant   révolutionnairement la lutte en marche, la conscience de classe aura fait un pas en avant propitiatoire d'actions plus grandes, pour aussi locales qu'elles soient. La combativité de la classe jaillit irrésistible, explosive, dans des moments déterminés de son propre tréfonds historique .Elle se cristallise par des faits qui ne sont pensés par la classe qu'après, coup et qui leur donnent une base et de l'énergie pour d'ultérieures attaques.

Les pratiques évoluent ainsi comme la conscience, par bonds; c'est au secteur délibérément révolutionnaire de la classe qu'incombe la tache d'assurer la continuité dans ce discontinu. Pour la majorité de la classe, la victoire décisive sera une réalisation avant d'être une intention consommée. Ce n'est pas pour rien que c'est  classe révolutionnaire, forgée par l'histoire en dépit de l'oppression et du dirigisme intellectuel qui accompagnant sa vie quotidienne .Par là même, bien plus qu'il y a 150 ans, une responsabilité en fin de compte déterminante, repose sur les noyaux révolutionnaires ouvriers .Il dépend de ces derniers que la révolution aille de l'avait ou refasse naufrage.

Depuis Babeuf et Marx, jusqu'à nous, la conscience révolutionnaire est le rayon de lumière crée par le choc entre l'exploitation et les exploités, c'est la subjectivité humaine en rébellion contre une objectivité qui pervertit et nie cette même subjectivité sans laquelle l'homme n'est pas un homme mais un objet. Ou notre subjectivité harmonise le monde à ses exigences et il n'y a pas d'autre issue- ou elle se soumet, servile, à la nauséabonde objectivité existante. Le fait objectif engendre la parole-opération subjective- qui le nomme et le rend compréhensible; sans notre parole, la possibilité de révolution s'évanouira comme si elle n'avait jamais été présente. Et perdant son secteur le plus subjectivement révolutionnaire, la classe ouvrière raterait le coup qui en aurait fini à jamais avec l'amenuisement de l'homme exploité et la prostitution des autres hommes, exploiteurs, eux.

Extrait d'Alarme N°13 - Juillet-Septembre 1981